SLOCOMBE Romain

France

24 avril 2006.
 

Né en 1953 à Paris, Romain Slocombe s’est passionné, dès l’enfance, pour la culture du Japon qui devient une de ses principales sources d’inspiration. D’abord peintre et dessinateur, il passe à la photographie en 1992, et expose ses portraits de Japonaises et ses images de Tokyo et du Japon dans de nombreuses galeries, en France comme à l’étranger (New York, Londres, Stockholm, Tokyo, Sendai, Bologne, etc.). Il intègre ensuite la vidéo à son travail, à partir de 1995, avec deux documentaires personnels tournés au Japon (Un monde flottant et Tokyo Love), et plus tard des courts-métrages (co-réalisés avec Pierre Tasso), primés dans de nombreux festivals. Le film Peur(s) du noir sortira au cinéma en 2006. Il s’agit d’un projet fou qui rassemble 11 créateurs de premier plan, auteurs de Bande-dessinée, graphistes, illustrateurs, dont Romain Slocombe. Pour la première fois, ces auteurs franchissent le pas du dessin au mouvement de l’animation pour conter en noir et blanc leurs peurs primales. Romain Slocombe a brillé dans de nombreux domaines avant de s’attaquer au roman noir et au policier. Les quatre mouvements de La Crucifixion en jaune (Série noire) illustrent son art remarquable de la fiction. Regrets d’hiver est le dernier volume de cette tétralogie.


Bibliographie :

Résumé de Regrets d’hiver :

Regrets d’hiver est le quatrième et dernier épisode de la tétralogie “ La Crucifixion en jaune ”, qui a pour héros Gilbert Woodbrooke, photographe anglais marié à une Japonaise de Londres et fétichiste des jeunes filles japonaises en uniforme (il a pour cette raison, à Tôkyô, une petite amie hôtesse de l’air, Akiko).
À chaque épisode, Gilbert Woodbrooke, arrivant au Japon avec l’espoir de retrouver son hôtesse de l’air, rencontre un aspect inquiétant de la société japonaise (la mafia d’extrême droite dans Un été japonais, la secte Aum dans Brume de printemps, l’alliance entre CIA et médecins criminels japonais de la Seconde Guerre mondiale dans Averse d’automne), et s’enferre dans des situations de plus en plus inextricables et dangereuses, dont les premières victimes sont ses propres amis japonais.
En maître du récit, Slocombe parvient, dans cet opus final, à réunir tous les protagonistes majeurs des trois précédents, mais, jouant sur la progression des saisons, clôt sa tétralogie sur un mode glacial. La Crucifixion en jaune, composée comme une symphonie de Vivaldi ou de Beethoven, reprend, dans ce quatrième mouvement, sur fond désolé d’un hiver rigoureux, la destinée de l’insouciant Woodbrooke. Gilbert est obligé, maintenant, de faire face aux dégâts qu’il a provoqués au cours de ses trois voyages précédents : les jeunes filles qu’il a séduites, celles qu’il a trahies, les yakusas qu’il a cru semer, sa femme qu’il a trompée au-delà du possible, tous font les comptes. Comble de l’horreur, la boîte de Pandore, involontairement ouverte dans Averse d’automne et qui révèle les crimes de guerre commis contre la Chine par le Japon pendant la seconde Guerre Mondiale, ne s’est pas refermée. Le vieux milliardaire Miyamoto témoigne de la folie meurtrière qui s’est emparée de l’armée japonaise en 1937. Le Massacre de Nankin, épisode que les révisionnistes japonais tentent en vain de dissimuler, y est décrit dans toute sa monstrueuse horreur. Bien plus, il sert de toile de fond à tout le roman, comme si, pour expier jusqu’au bout les conséquences désastreuses de sa légèreté, Woodbrooke devait aussi assumer a posteriori le rôle de témoin des crimes indélébiles qui souillent l’histoire d’un pays qu’il vénère entre tous.