COJEAN Annick

France

19 avril 2024.

Grand reporter au Monde et présidente du jury de l’Association du prix Albert Londres, dont elle a été lauréate en 1996 pour une série de reportages, Annick Cojean est également membre du jury du prix Joseph Kessel. Engagée pour la cause féministe, elle est notamment l’autrice des Proies (Grasset, 2012), et avec Gisèle Halimi d’Une farouche liberté (Grasset, 2020). Tous ses livres ont été d’immenses succès, traduits à l’étranger, et sont disponibles au Livre de poche. Dans Nous y étions (Grasset, 2024), Annick Cojean retrace avec 18 vétérans, tous disparus aujourd’hui, le D-day heure par heure.

 

Née en 1957 à Brest, diplômée de Sciences Po, Annick Cojean intègre la rédaction du quotidien Le Monde en 1981. Entre 1986 et 1991, elle collabore à deux émissions de France Inter, "Ecran Total" et "Zappinge". Elle devient grand reporter au Monde en 1993. En 2007-2008, elle co-présente l’émission hebdomadaire "Internationales" sur TV5Monde. À partir de 2007, elle dirige et présente les collections documentaires "Empreintes" (jusqu’en 2013) puis "Duels" (depuis janvier 2014) diffusées sur France 5. Depuis 2010, elle préside le jury de l’Association du prix Albert Londres, dont elle a été lauréate en 1996 pour une série de reportages, Les mémoires de la Shoah, publiés dans Le Monde à l’occasion du cinquantenaire de la libération des camps d’extermination. Elle fait partie du comité de soutien de l’ONG Reporters d’Espoirs. En 2012, elle reçoit le Grand Prix de la presse (en presse écrite) de l’Association de la presse étrangère. En 2017, elle signe avec Manon Loizeau Silent War, un film bouleversant qui a remporté le Grand Prix de l’organisation mondiale contre la torture.

En 2018, elle livre une série d’entretiens Je ne serais pas arrivée là si… . Quelques mots anodins qui posent une question vertigineuse : "Qu’est-ce qui m’a faite, défaite, marquée, bouleversée et sculptée ?" Un petit bout de phrase lancé à 27 femmes magnifiques qui ont accepté de la poursuivre.


Bibliographie

Filmographie

Préfaces

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais
Témoignage

Nous y étions : 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day

Grasset - 2024

« Au printemps 1994, alors que se préparait la célébration du 50e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, j’ai voulu essayer de rencontrer, au fil de mes reportages pour Le Monde, quelques vétérans du fameux 6 juin 1944. Je ne savais pas encore ce que je ferais de ces entretiens, mais je voulais les voir, les entendre, leur exprimer aussi ma gratitude. C’est étrange pour une journaliste d’avouer un tel sentiment, mais mon histoire y était pour beaucoup. Bien que Bretons d’origine, mes grands-parents, ma mère, ma tante, mes oncles avaient émigré à Caen. C’est là que le 6 juin 1944 les avait surpris, heureux, soulagés, excités, puis effrayés par la violence de l’opération et le bombardement de la ville (et de leur maison), et bientôt sur le chemin de l’exode.
Lorsque j’ai commencé à voir des vétérans américains, ils m’ont stupéfiée. Leurs souvenirs étaient d’une précision inouïe, leur envie de témoigner intense. Mes connaissances étaient balbutiantes, alors au restaurant, pour figurer les obstacles dressés par Rommel sur les plages normandes, ils prenaient des fourchettes et des couteaux, des stylos et des bouchons, et je les voyais, fascinée, me raconter Omaha la sanglante ou la prise héroïque de la pointe du Hoc.
Après toutes ces rencontres, j’ai proposé au directeur du Monde de raconter le 6 juin 1944, heure par heure, avec les différents acteurs de ce jour historique : les combattants des différentes armées, américaine, canadienne, anglaise, allemande. L’aumônier grande gueule du Commando Kieffer. Un résistant du maquis normand. Le plus jeune correspondant de guerre du D-Day, Charles Lynch, qui m’a bouleversée en racontant comment il avait sauté dans la mer, sous la mitraille, en tenant au-dessus de sa tête, sa machine à écrire et sa cage de pigeons voyageurs. Le speaker de la BBC qui avait la tâche, au petit matin, d’annoncer au monde entier l’opération Overlord...
Le journal m’a donné 18 pages, et je n’ai plus pensé qu’à ça. Reconstituer cette journée et donner corps au récit de ces hommes qui, pour la plupart, n’avaient à l’époque qu’une vingtaine d’années et ont vécu en terre normande les heures les plus folles, les plus tragiques de leur vie.
18 interlocuteurs, tous disparus aujourd’hui, 18 récits à la première personne pour revivre le Jour le plus long. »

A.C.