Les illuminations de Madame Nerval

(Charles Najman, ADR, La Sept ARTE, 2000, 90’)

24 juin 2013.
 

Omniprésent en Haïti, le vaudou fascine ou inquiète. Pour beaucoup, il évoque toujours un obscur culte satanique importé d’Afrique. Loin de ces préjugés et de ces clichés, ce film est le portrait de Mme Nerval : une célèbre Mambo (nom créole que l’on donne en Haïti aux prêtesses du vaudou).Dans son hounfort, un temple familial où se perpétue la tradition de ses ancêtres, Mme Nerval vénère les dieux de la "Guinée”, l’Afrique mythique des origines, rêvée, réinventée par les initiés du vaudou haïtien. Ce petit temple, toujours ouvert, ne correspond pas à l’image attendue d’un sanctuaire protégé. Il faut y voir l’ultime victoire d’un culte de résistance qui se pratique aujourd’hui au grand jour. On vient la voir de très loin pour bénéficier de ses traitements contre les maladies, les mauvais esprits ou la folie.
On vient lui demander des conseils ou des recettes pour trouver un amant, reconquérir une femme, réaliser un mariage, sortir d’un malheur ou encore réussir en affaires. Pour les démunis de l’île la plus pauvre des Amériques, le vaudou est, en effet, bien plus qu’une croyance ancestrale ou une conception magique du monde. C’est aussi une façon d’exister et de survivre au quotidien face à un destin qui s’acharne à les condamner.
Depuis son initiation, il y’a 40 ans, Mme Nerval, agée de 75 ans, a formé plus de 345 initiés. Ce sont des femmes pour la plupart. Elles vont et viennent sans cesse dans le temple et constituent les membres d’une véritable confrérie dont elle est la mère. Ce film portera un regard étranger et complice sur la réalité concrète de ce temple familial du vaudou et la force d’une croyance inébranlable. Au-delà de ces rituels "mystiques” et de ces pratiques thérapeutiques, se dessinera la situation économique et sociale d’Haïti.