QIU Xiaolong

Chine

10 avril 2014.
 

C’est cloué au lit par une bronchite, pendant son adolescence à Shanghai, que l’écrivain chinois Qiu Xiaolong découvre la littérature et la poésie américaine ; une passion qui ne le quittera plus pendant toute sa vie. À partir des années 1960, sa famille connait des jours difficiles en Chine : son père, accusé d’être un capitaliste, est victime de la Garde Rouge. Qiu Xiaolong est lui même périodiquement interdit d’école, mais ce sont les évènements tragiques de la place Tian’anmen en 1989 qui le poussent à quitter définitivement la Chine. Il se dirige alors vers les États-Unis, où il entreprend naturellement des études de littérature anglo-américaine, rédige un thèse sur le poète T.S. Eliot, et rédige ses premiers poèmes en Anglais.

Interdit de séjour en Chine suite à ses prises de position politiques, Qiu Xiaolong commence à enseigner à la Washington University de St-Louis et entame sa carrière littéraire en inventant son personnage phare : l’inspecteur général Chen. En près de dix romans, ce policier chinois s’impose comme un témoin des bouleversements économiques et sociaux de la Chine des années 1990. Les courants fourbes du lac Tai confronte ainsi le lecteur aux dégâts environnementaux causés par l’industrialisation massive et brusque de la côte orientale chinoise. Paru en 2012, Cyber China confronte l’inspecteur Chen au monde des Web-dissidents, de plus en plus présents en Chine aujourd’hui. Membre important du parti communiste chinois, le héros s’attaque néanmoins à la nomenklatura corrompue de Pékin, dans des enquêtes toujours bien ficelées.

Il conte dans Dragon bleu, tigre blanc (2014) la dernière enquête de son personnage fétiche ; démis de ses fonctions, l’inspecteur Chen comprend qu’il est l’objet d’un mystérieux complot et doit faire profil bas pour sauver sa peau. Pour ce nouveau polar politique, l’auteur s’est inspiré du scandale de Bo Xilai, figure politique chinoise condamnée à la prison à vie en 2013 pour corruption et détournement de fonds, et de sa femme condamnée pour meutre : "Si la Chine ne change pas, d’autres Bo surgiront".

Malgré sa situation d’exilé, Qiu Xiaolong ne sombre pas dans de l’amertume vis à vis de la Chine. En grand gourmet, il aime ponctuer ses romans de pauses gastronomiques. Avec beaucoup de pittoresque, il parvient à mêler des scènes de la vie quotidienne, de ses petits tracas, des problèmes de transport ou de logement, à des problématiques profondes. L’inspecteur Chen est ainsi le parfait témoin pour comprendre les grands enjeux politiques et sociaux qui agitent l’Empire du Milieu.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Dragon bleu, tigre blanc

La nouvelle est tombée sans crier gare : sous couvert d’une promotion ronflante, l’inspecteur principal Chen est démis de ses fonctions ! À peine le temps de digérer la nouvelle qu’il échappe de peu à une machination visant à le surprendre en compagnie de prostituées.
Quelqu’un cherche décidément à neutraliser le plus incorruptible des flics de Shanghai. Comprenant que sa vie est en danger, Chen prétexte la rénovation du tombeau de son père à Suzhou pour s’éloigner et tenter d’agir à distance.
Avec l’aide de Yu, Peikin, Vieux Chasseur et d’une jeune maîtresse rencontrée à Suzhou, il cherche à savoir qui lui en veut. Les suspects ont tous pour point commun d’être préoccupés par la mort brutale d’un Américain survenue quelque temps plus tôt. Alors que les témoins disparaissent les uns après les autres, Lai, le pre- mier secrétaire du Parti à Shanghai, poursuit son ascension en réhabilitant les chants rouges de l’époque maoïste.

Dans cette enquête aux ramifications complexes, Qiu Xiaolong campe son personnage fétiche en héros inquiet et nostalgique et choisit une trame qui fait écho au récent scandale qui secoua la Chine : la chute du puissant Bo Xilai, condamné pour corruption, et de son épouse accusée d’avoir empoisonné un homme d’affaires britannique.

Revue de presse :