Texte de Raphaël Confiant

24 juin 2006.
 

Etonnants Voyageurs... Etonnantes rencontres

J’ai longtemps rêvé de rencontrer Per-Jakez Hélias. Son Cheval d’orgueil m’avait embarqué pour d’insolites traversées des dunes et des forêts de la terre bretonne avec, comme en écho, cette langue menacée dans sa chair même tout comme la mienne, le créole. D’avoir d’abord rédigé son chef-d’œuvre en breton m’émouvait, moi qui m’efforçais depuis une décennie d’impulser une littérature en créole. Grâce au café littéraire d’Etonnants Voyageurs, j’ai eu la chance de dialoguer avec Per-Jakez Hélias devant un public chaleureux. Sa modestie me frappa droit au cœur. Et puis d’autres rencontres quasi miraculeuses se succédèrent au fil des années : Jorge Amado, le Brésilien, Derek Walcott, le Saint-Lucien, Prix Nobel de littérature en 1992, Alvaro Mutis, le Colombien avec son éternelle casquette malouine. Là réside toute l’alchimie du festival littéraire de Saint-Malo : on ne se contente pas d’y vendre des livres comme dans les foires ; on y rencontre des écrivains et on partage le goût des lettres et du cidre sous les remparts impressionnants de cette ancienne cité de corsaires. Grâce à Etonnants Voyageurs, il m’a été donné, quatre années durant, de faire d’étonnantes rencontres.

Raphaël Confiant