DAOUD Kamel

Algérie

Le peintre dévorant la femme (Stock, 2018)

Chroniqueur engagé, journaliste et écrivain talentueux, Kamel Daoud est une figure publique algérienne dont la plume suscite de nombreuses réactions parmi ses lecteurs : son discours sur l’Islam dérange car il en condamne les travers de façon cinglante, sans détour. Il se fait notamment connaître avec son premier roman, Meursault, contre-enquête récompensé, entre autres, par le Prix des 5 continents de la francophonie et le Prix Goncourt du premier roman 2015. Fruit d’une nuit passée seul au musée Picasso de Paris, son dernier livre est une ode à l’oeuvre du peintre cubiste, et plus particulièrement sa dimension érotique. Une immersion fascinante dans le monde de l’artiste, qui questionne notre rapport au corps et au désir.

« La langue française n’est pas une langue mais une vaste baie ouverte pour moi. Je l’oublie car je la parle et j’y écris ce que je vis et rêve. Ce n’est pas une langue mais une étrange conversation que j’écoute dans ma tête. » (APF)

Né en 1970 à Mostaganem, il fait des études de littérature puis à partir de 1994, rédige des chroniques pour le Quotidien d’Oran, le premier journal francophone algérien. Il joue un rôle important dans le combat contre le pouvoir en place dans les années 2000. Ses écrits littéraires ouvrent les portes de mondes imaginaires sombres et loufoques. En 2002, La Fable du Nain explore le thème de l’aliénation et de la folie : un narrateur, après un séjour mystérieux dans "une grotte" qui s’apparente à un centre hospitalier, se bat contre une personnalité diabolique, le "Nain", qui tente de s’emparer de lui. Dans Ô Pharaon, publié en 2005, il invente l’histoire d’un maire imaginaire qui a amassé une fortune considérable grâce à de multiples combines. L’écrivain a été lauréat du prix Mohammed Dib en 2008 pour L’Arabe et le vaste pays de ô.

Dans Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), il rend hommage à Albert Camus en répondant à l’une de ses œuvres majeures, L’Étranger, et fait de la figure de l’Arabe son personnage principal, figure à laquelle seule une fiction peut donner un nom, un visage, une histoire et lui rendre sa légitime complexité. Un moyen d’équilibrer le procès de Meursault, et donc d’interroger l’Histoire, en interrogeant les héritages, les mythes, la foi comme constituants de l’identité d’un peuple ou d’un individu, et de défendre la liberté d’imaginer et de questionner.

Cible de critiques virulentes et de menaces pendant la polémique sur la nuit de Cologne, Kamel Daoud se retire du journalisme en 2016 pour mieux se consacrer à la littérature. Ses positions sur l’Islam dérangent et son jugées blasphématoires en Algérie comme en Occident. On l’accuse d’alimenter l’islamophobie ambiante et d’adopter un point de vue emprunt de "paternalisme colonial » concernant la sexualité musulmane qu’il qualifie de "pathologique". (Le Monde)

Son style cinglant et original se met au service d’une réflection sur l’actualité et l’Histoire et des conclusions qui en ont été tirées. Cette rhéthorique de la remise en question est au centre de Mes Indépendances, un recueil de chroniques publiées dans la presse algérienne et internationale entre 2010 et 2016.


Bibliographie

  • Le peintre dévorant la femme (Stock, 2018)
  • Zabor ou Les Psaumes (Actes Sud, 2017)
  • Mes Indépendances (Actes Sud, 2017)
  • Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014)
  • Le Minotaure 504 (Sabine Wespieser, mai 2011)
  • L’Arabe et le vaste pays de ô (Barzakh, Alger 2008)
  • Ô Pharaon (Dar El Gharb, 2005)
  • La Fable du Nain (Dar El Gharb, 2002)
  • Raïna raïkoum (recueil de chroniques publiées dans le Quotidien d’Oran, Dar El Gharb, 2002)
Le peintre dévorant la femme

Le peintre dévorant la femme

Stock - 2018

Invité à passer une nuit dans le musée Picasso à Paris, un octobre au ciel mauvais pour le Méditerranéen que je suis. Une nuit, seul, en enfant gâté mais en témoin d’une confrontation possible, désirée, concoctée. J’appréhendais l’ennui cependant, ou l’impuissance.
Pour comprendre Picasso, il faut être un enfant du vers, pas du verset. Venir de cette culture-là, sous la pierre de ce palais du sel, dans ce musée, pas d’une autre. Pourtant la nuit fut pleine de révélations : sur le meurtre qui peut être au coeur de l’amour, sur ce cannibalisme passionné auquel l’orgasme sursoit, sur les miens face à l’image et le temps, sur l’attentat absolu, sur Picasso et son désespoir érotique. »

BibliOdyssées. 50 histoires de livres sauvés

BibliOdyssées. 50 histoires de livres sauvés

Imprimerie Nationale Editions - 2019

De tous temps et dans le monde entier, au gré des conflits, des passions ou parfois de simples hasards, des livres et les textes qu’ils enferment, parfois même des bibliothèques entières, ont été dispersés, malmenés ou censurés. Quand ces livres survivent aux périls et à l’oubli, c’est grâce au courage et à la passion des hommes. D’autres ouvrages, tout aussi chèrement préservés, deviennent de véritables talismans, jusque dans l’exil.

Voici rassemblés les récits de ces destins, parmi les plus emblématiques.

Ce recueil de cinquante « bibliodyssées » rend hommage à ces livres, à leurs auteurs comme à leurs protecteurs, et préfigure ce qui pourrait constituer la première « anthologie de livres sauvés ».

Avec des textes de Kamel Daoud (Textures ou Comment coucher avec un livre) et Raphaël Jerusalmy (L’Âne et le Rapace). Notices de Joseph Belletante et Bernadette Moglia.


Mes Indépendances

Mes Indépendances

Actes Sud - 2017

Journaliste depuis une vingtaine d’années, Kamel Daoud a tenu pendant quinze ans dans Le Quotidien d’Oran la chronique la plus lue d’Algérie, tout en collaborant à divers médias en ligne et en écrivant occasionnellement pour la presse étrangère. Concernant la période 2010-2016, il a ainsi signé près de deux mille textes – d’abord destinés au public algérien puis, sa notoriété grandissant, de plus en plus lus dans le monde entier –, dont cent quatre-vingt-deux ont été retenus pour ce recueil. Ce rythme effréné donne son souffle et son esthétique à l’ensemble.
Qu’il brocarde l’islam politique ou la déliquescence du régime algérien, qu’il embrasse l’espoir suscité par les révolutions arabes ou qu’il défende la cause des femmes, c’est d’une plume originale, imagée, percutante et engagée. Car Kamel Daoud a érigé la chronique en exercice de style, en art de tendre un miroir à ses contemporains tout en s’interrogeant jour après jour, avec ou malgré l’actualité, sur l’homme, les dieux et les libertés.

Des printemps arabes aux attentats de Paris, des élections présidentielles algériennes à la crise des réfugiés, cette sélection de chroniques de Kamel Daoud publiées ces six dernières années donne à entendre une voix libre, puissante et provocante dont l’audience ne cesse de s’étendre dans le monde.


Revue de presse

  • "Qu’on soit d’accord ou pas avec lui, on reconnaît sa franchise, son style et son côté décomplexé. Ses écrits sur les non-dits des supporters de la cause palestinienne ou sur les agressions sexuelles en Allemagne, ici publiés, avaient d’ailleurs suscité de très houleux débats. Et c’est bien là le rôle du chroniqueur." (Jeune Afrique)
  • "Le journaliste et écrivain algérien revient aujourd’hui avec un recueil de ses chroniques, la plupart parues dans Le Quotidien d’Oran. On y retrouve les « obsessions » de l’auteur : l’islamisme, le régime fossilisé de l’Algérie, l’identité, la langue, les relations avec la France. On y retrouve aussi l’écriture du lauréat du Goncourt du premier roman en 2015 pour son livre Meursault, contre-enquête : vive et douloureuse." (Le Monde)

Zabor ou les Psaumes

Zabor ou les Psaumes

Actes Sud - 2017

Orphelin de mère, indésirable chez son père remarié, élevé par une tante célibataire et un grand-père mutique, Zabor n’avait rien d’un enfant comme les autres. Il a grandi à l’écart de son village aux portes du désert, dormant le jour, errant la nuit, solitaire trouvant refuge dans la compagnie des quelques romans d’une bibliothèque poussiéreuse qui ont offert un sens à son existence. Très tôt en effet, il s’est découvert un don : s’il écrit, il repousse la mort ; celui ou celle qu’il enferme dans des phrases de ses cahiers gagne du temps de vie.

Ce soir, c’est un demi-frère haï qui vient frapper à sa porte : leur père est mourant et seul Zabor est en mesure, peut-être, de retarder la fatale échéance. Mais a-t-il des raisons de prolonger les jours d’un homme qui n’a pas su l’aimer ?

Fable, parabole, confession vertigineuse, le deuxième roman de Kamel Daoud célèbre l’insolente nécessité de la ficion en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer. Telle une Shéhérazade ultime et parfaite, Zabor échappe au vide en sauvant ses semblables par la puissance suprême de l’écriture, par l’iconoclaste vérité de l’imaginaire.


La Préface du nègre. Le Minotaure 504 et autres nouvelles

La Préface du nègre. Le Minotaure 504 et autres nouvelles

Actes Sud (Babel) - 2015

Avant d’écrire Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), son premier roman, Kamel Daoud a publié des nouvelles. Ce recueil qui donne à voir l’Algérie contemporaine dans son absurdité et sa violence a reçu le prix Mohammed-Dib et a été finaliste du prix Wepler et du Goncourt de la nouvelle en 2011.


Meursault, contre-enquête

Meursault, contre-enquête

Actes Sud - 2014

Cet homme qui soliloque dans un bar, nuit après nuit, c’est le frère de l’Arabe tué par Meursault dans le fameux roman de Camus, L’Étranger. Soixante-dix
ans après les faits, rage et frustration inentamées, il rend un nom au mort et donne chair à cette figure niée de la littérature : l’Arabe. Un roman profond sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel.

Il est le frère de “l’Arabe” tué par un certain Meursault dont le crime est relaté dans un célèbre roman du xxe siècle. Soixante-dix ans après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop ensoleillée.
Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un Dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
Hommage en forme de contrepoint rendu à L’Étranger d’Albert Camus, Meursault, contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent.


Le Minotaure 504

Sabine Wespieser Editeur - 2011

« Nous avons été tellement écrasés que le jour où nous nous sommes levés, notre échine est restée courbée. Peut-être aussi que nous sommes allés si loin dans l’héroïsme en combattant les envahisseurs que nous sommes tombés dans l’ennui et la banalité. Peut-être aussi que nous sommes convaincus que tous les héros sont morts et que ceux qui ont survécu n’ont pu y arriver que parce qu’ils se sont cachés ou ont trahi. Je ne sais pas, mais je sais tout le reste : aucun Algérien ne peut en admirer un autre sans se sentir le dindon d’une farce. Oui, mais voilà : laquelle ? » Extrait d’une des quatre nouvelles (Gibrîl au kérosène) qui constituent ce recueil, et qui chacune claque comme un uppercut, ce constat donne le ton du livre de Kamel Daoud. Né en Algérie, appartenant à la génération des fils de combattants (il est né en 1970), l’écrivain pose ici avec force la question de l’identité : la sienne et celle de ses compatriotes – qu’est-ce qu’être algérien aujourd’hui ? – mais aussi celle, d’actualité, de son pays. Dans la nouvelle-titre, Le Minotaure 504, il prête sa voix, dans un hallucinant soliloque, à « un taxieur qui déconseille aux gens d’aller sur Alger ». Gibrîl, le militaire fou d’aviation, héros du deuxième récit, attend, depuis des heures, que quelqu’un, à l’immense foire internationale où il a décidé de l’exposer, s’intéresse à l’avion qu’il a quasiment construit de ses mains. L’Ami d’Athènes (titre du récit suivant), lui, oublieux de la foule spectatrice des Jeux olympiques, est porté dans l’élan de sa course par les murmures des générations passées. Dans La Préface du nègre, celui qui est payé pour retranscrire les pensées d’un autre ne parvient à écrire que sa propre expérience d’enfant perdu de l’indépendance… Prophètes abandonnés, les personnages de Kamel Daoud poursuivent malgré tout leur quête. Dans ce pays qui leur échappe, leur cheminement erratique sonne comme autant de promesses de révolte.

Nouvelles voix

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Une vidéo réalisée par Cap7Média.

Le sens des mots

Avec Kamel Daoud, Abdelaziz Baraka Sakin, Henriette Walter, Nicolas Bokov - Saint-Malo 2017

Avec Kamel Daoud, Abdelaziz Baraka Sakin, Henriette Walter, Nicolas Bokov
Animé par Willy Persello

« Gardien du sens des mots » telle était la mission assignée aux écrivains par Vaclav Havel, qui vivait sous une dictature communiste où le sens de chaque mot se trouvait systématiquement perverti. Gardien du sens des mots : cela vaut partout et en tout temps, mais particulièrement aujourd’hui. Car les mots peuvent mentir, tromper, être les instruments de prises de pouvoir, exclure, parfois tuer – ou libérer. Il y va de la liberté de penser, condition d’exercice de la démocratie. Avec Henriette Walter, Kamel Daoud, Nicolas Bokov et Abdelaziz Baraka Sakin. Suivi de la projection de George Orwell (1903-1950), portrait particulièrement réussi de cet écrivain hors du commun. Témoin de son époque, passionnément engagé pendant la guerre d’Espagne, puis contre les totalitarismes, révolté humaniste, il est l’inventeur du concept de « Big Brother ».


Le combat pour la vérité

Avec Russel Banks, Kamel Daoud, Julien Bisson, Bernard Genies - Saint-Malo 2017

La presse, dans l’imaginaire américain, occupe une place particulière, de gardienne de la démocratie : combien de films, de séries TV, de romans, mettant en scène ce combat ? New York Times, New Yorker, Washington Post mènent aujourd’hui un combat sans relâche contre les « faits alternatifs » de l’administration Trump. En compagnie des deux Américains Russell Banks, qui publie Voyager aux éditions Actes Sud, de tous les combats pour la démocratie aux États-Unis et Kamel Daoud qui a tenu une rubrique dans Le Quotidien d’Alger, Bernard Genies (L’Obs) et Julien Bisson (Le 1).
Animé par Hubert Artus


La place du religieux

Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Phillippe Val, Boualem Sansal, Parker Bilal. - Saint-Malo 2015

Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Phillippe Val, Boualem Sansal, Parker Bilal. Débat animé par Yann Nicol


Journalistes, écrivains, au défi du monde

Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Serge July et Axel Salvatori-Sinz - Saint-Malo 2015


Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Serge July et Axel Salvatori-Sinz, une rencontre animée par Pierre Haski


Rencontre avec les lauréats du Prix des Cinq Continents de la Francophonie

Avec Kamel Daoud, Hubert Haddad, Ananda Devi et Wilfried N’Sondé. Rencontre animée par Sophie Ekoué - Saint-Malo 2015

Avec Kamel Daoud, Hubert Haddad, Ananda Devi et Wilfried N’Sondé. Rencontre animée par Sophie Ekoué


L’Histoire au miroir de la fiction

Avec Kamel Daoud, Daniel Arsand, Salim Bachi - Saint-Malo 2015


Avec Kamel Daoud, Daniel Arsand, Salim Bachi, une rencontre animée par Emmanuelle Dancourt


Algérie, comme une blessure...

Algérie, comme une blessure...

Saint-Malo 2011

Avec Tito TOPIN, Malika MOKEDDEM, Kamel DAOUD, Yahia BELASKRI. Un débat animé par Yves Chemla.


Le souci des gens

Saint-Malo 2011

Avec Lieve JORIS, Maylis DE KERANGAL, Kamel DAOUD, Khaled AL KHAMISSI,
animé par Baptiste Liger


Tunis, Le Caire, Lybie : le monde qui vient

Avec : Tahar BEKRI, Olivier WEBER, Kamel DAOUD, Khaled AL KHAMISSI, Abdelwahab MEDDEB, Lina BEN MHENNI, Jean-Pierre PERRIN - Saint-Malo 2011

Avec : Avec : Tahar BEKRI, Olivier WEBER, Kamel DAOUD, Khaled AL KHAMISSI, Abdelwahab MEDDEB, Lina BEN MHENNI, Jean-Pierre PERRIN
Animé par Yves CHEMLA