KOURKOV Andreï

Ukraine

Les abeilles grises (Liana Levi, 2022)

© Julien Falsimagne

Cette année, le célèbre écrivain ukrainien Andreï Kourkov nous fait l’honneur d’être notre invité. Dans son univers, on croise des veuves qui empaillent leurs maris, un pingouin dépressif, des politiciens véreux, un chat qui ressuscite trois fois ou encore un somnambule aux pulsions meurtrières… À la manière de Nikolaï Gogol, ses romans mêlent satire sociale et drôlerie pétillante. Après son récit des évènements en Ukraine dans le Journal de Maïdan, l’auteur retrace le conflit armé entre soldats ukrainiens et séparatistes pro-russes dans la région du Donbass dans Les abeilles grises. Si ces affrontements font écho aux évènements tragiques actuels, l’auteur prend le parti de raconter la vie, sans jamais se départir de son humour désarmant ; celle de civils sous le joug de Moscou, celle de deux ennemis poussés à coopérer en temps de guerre. Les abeilles que leur apiculteur tente de déplacer en lieu sûr sont un symbole d’espoir, une preuve d’humanité, qui rend le récit infiniment poétique.

Né en Russie en 1961 dans une famille communiste, Andreï Kourkov vit depuis son plus jeune âge à Kiev. À 10 ans, il commence une collection de cactus et, en apprenant leurs noms latins, se passionne pour les langues étrangères (il en parle aujourd’hui plus de neuf). Durant son service militaire, il est enrôlé comme gardien de prison à Odessa. C’est là, au cours de longues heures de garde, qu’il écrit ses premiers récits, des contes pour enfants. Son premier roman paraît en 1991 à Kiev, deux semaines avant la chute de l’Union Soviétique. Pour publier cet ouvrage, il emprunte de l’argent, achète lui-même le papier, contrôle l’impression et assure la diffusion des 75000 exemplaires... Deux ans plus tard, il réussit à publier deux romans dans l’Ukraine nouvellement indépendante. La même année, en 1993, Le Monde de Bickford est sélectionné pour le Booker Prize du meilleur roman russe. Il publie ensuite plusieurs ouvrages dans lesquels il continue sa description du monde postsoviétique, de ses mafias, de ses aberrations grotesques. C’est son roman Le Pingouin, paru en France en 2000 chez Liana Levi et traduit dans plus de trente langues, qui le fait connaître dans le monde entier. Engagé dans la « révolution orange », en 2004 en Ukraine, son livre Le Dernier Amour du président, lui vaut les foudres de Poutine.

Avec Laitier de nuit (Liana Lévi, 2010), Andreï Kourkov confirme son talent de conteur, brossant un tableau à la fois sombre et farfelu d’une Ukraine corrompue et déboussolée. Un portrait de l’Ukraine qu’il continue en 2012 avec Le jardinier d’Otchakov qui nous plonge dans le passé soviétique du pays avec un personnage qui franchit le temps et l’espace grâce à un ancien uniforme de milicien.
Écrivain engagé, il nous parle, à sa manière, des événements qui ont secoué la place Maïdan à Kiev, entre novembre 2013 et avril 2014 dans son Journal de Maïdan. Chaque jour ou presque, il a consigné des anecdotes, des scènes observées de chaque côté des barricades, des impressions, des réflexions personnelles. À partir de ces notes griffonnées sur le vif, il livre un regard à la fois politique et intime, décalé et émouvant, sur les récents évènements en Ukraine.
En 2015, on retrouve la folie et l’imagination rocambolesque de l’écrivain dans Le concert posthume de Jimi Hendrix, où se croisent des personnages décalés dans la ville de Lviv en Ukraine.

Avec Vilnius, Paris, Londres, c’est sa vision de l’Europe actuelle que nous transmet Andreï Kourkov. On y fait la rencontre de trois couples de jeunes lituaniens qui, lorsque la Lituanie rejoint l’espace Schengen en 2007, se montrent prêts à saisir les changements insufflés par l’entrée de leur pays dans l’espace européen. Ingrida et Klaudijus tente leur chance à Londres. Barbora et Andrius à Paris. Et Renata et Vitas restent dans leur petite ferme à Anykšcia, dans l’est du pays. C’est sur un ton tragi-comique que les aventures simultanées des personnages nous plongent dans l’histoire des migrations internes de l’Europe. La prose émouvante d’Andreï Kourkov, teintée d’onirisme et animée par le regard tendre qu’il porte sur la Lituanie, permet de s’interroger sur l’Europe et son identité. Il apparaît que quand l’homme rêve, c’est bien souvent à propos de choses qu’il ne connaît et ne comprend pas.


Bibliographie

  • Les abeilles grises (Liana Levi, 2022)
  • Vilnius, Paris, Londres (Liana Levi, 2018)
  • Le concert posthume de Jimi Hendrix (Liana Levi, 2015)
  • Journal de Maïdan (Liana Levi, 2014)
  • Le jardinier d’Otchakov (Liana Levi, 2012)
  • Surprises de Noël (Liana Levi, 2010)
  • Laitier de nuit (Liana Levi, 2010)
  • Le dernier amour du président (Liana Levi, 2005)
  • Truite à la Slave (Liana Levi, 2005)
  • Les pingouins n’ont jamais froid (Liana Levi, 2004)
  • L’Ami du défunt (Liana Levi, 2002)
  • Le Caméléon (Liana Levi, 2001)
  • Le Pingouin (Liana Levi, 2000)
  • La chanson préférée d’un cosmopolite (1994)
  • Le Monde de Bickford (1991)
Les abeilles grises

Les abeilles grises

Liana Levi - 2022

Dans un petit village abandonné de la « zone grise », coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’« apithérapie ». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert…

Traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne.

Vilnius, Paris, Londres

Vilnius, Paris, Londres

Liana Lévi - 2018

C’est la fin des gardes-frontière et des contrôles de passeports, un immense espoir pour un pays minuscule : le 21 décembre 2007, à minuit, la Lituanie intègre enfin l’espace Schengen. Comme beaucoup de leurs compatriotes, trois couples se lancent dans la grande aventure européenne. Ingrida et Klaudijus tenteront leur chance à Londres. Barbora et Andrius à Paris. Et si Renata et Vitas restent dans leur petite ferme à Anykšciai, eux aussi espèrent voir souffler jusqu’à l’Est le vent du changement. Mais l’Europe peut-elle tenir ses promesses de liberté et d’union ? Estampillés étrangers, bousculés par des habitudes et des langues nouvelles, ces jeunes Lituaniens verront l’eldorado s’éloigner de jour en jour. Kukutis, un vieux sage qui traverse l’Europe à pied, le sait bien, lui : « Peu importe la ville où l’on veut atterrir, c’est le voyage lui-même qui est la vie. »

Dans ce roman tour à tour drôle, tendre et mélancolique, Kourkov donne un visage à tous les désenchantés du rêve européen.

Traduit du russe par Paul Lequesne


  • “Chroniqueur subtil depuis vingt ans du chaos post-soviétique, André Kourkov jette sur ses personnages, comme dans ses précédents ouvrages, un regard teinté d’ironie, de tendresse et d’absurde.” Les Echos
  • “Ici, il quitte l’Ukraine pour la Lituanie et l’immense espoir qu’avait suscité l’ouverture de l’espace Schengen parmi une jeunesse avide de découverte. Un roman tout en délicatesse qui montre l’envers de cette émigration si polémique.” La Semaine

Journal de Maïdan

Journal de Maïdan

Liana Levi - 2014

Depuis novembre dernier, Andreï Kourkov a mis entre parenthèses son dernier projet de roman. Chaque jour ou presque, il a quitté le petit studio où il travaille pour se rendre à cinq cents mètres, sur le Maïdan, la place centrale de Kiev occupée par les révolutionnaires. Chaque jour ou presque, il a consigné des anecdotes, des scènes observées de chaque côté des barricades, des impressions, des réflexions personnelles. À partir de ces notes griffonnées sur le vif, il établit le présent journal où il livre un regard à la fois politique et intime, décalé et émouvant, sur les récents évènements en Ukraine.
Journal du Maïdan débute le 21 novembre 2013 et se terminera le 24 avril 2014. Nous le publierons quelques jours avant les élections présidentielles ukrainiennes le 25 mai.


Le jardinier d’Otchakov

Liana Lévi - 2012

Igor Vozny, trentenaire, chômeur et célibataire, vit avec sa mère à Irpen, dans la banlieue de Kiev. Igor est un homme simple et sans ambition ; la retraite de sa mère suffit à les faire vivre et il préfère écluser quelques bouteilles avec son copain Kolian plutôt que de chercher du travail. Une vie paisible… Jusqu’au jour où se présente une sorte de vagabond, un certain Stepan Sadovnikov, qui propose de se charger des travaux de jardinage en échange d’un lit dans la remise. Ce dernier porte à l’épaule un tatouage à demi éffacé qui lui vient de son père, un homme dont il ignore tout. Intrigué, Igor propose à Stepan de le déchiffrer. Le message les mène jusqu’à la petite ville d’Otchakov, sur la mer Noire, dans la maison occupée autrefois par un malfaiteur. Ils y découvriront un véritable trésor : des liasses de roubles de l’époque soviétique, des pierres précieuses ainsi qu’un uniforme complet de milicien. Stepan s’attribue les diamants et laisse à Igor l’argent et le costume. De retour à Kiev, Igor endosse l’uniforme. Celui-ci permet de remonter le temps, et plus précisément de retourner à Otchakov, en 1957, au moment ou Khrouchtchev amorce la “déstalinisation”. Alors qu’Igor multiplie les allers-retours dans le monde parallèle d’Otchakov, Kolian vend ses talents de hacker à des femmes jalouses et des hommes d’affaires véreux. Stephan, quant à lui, dénoue son passé mystérieux et celui de son père, un dissident excentrique et philosophe. Superposant astucieusement rois histoires parallèles, Le jardinier d’Otchakov tient le lecteur en haleine jusqu’au terme d’un étonnant voyage dans le temps et l’espace où chacun des personnages trouvera une place inattendue. Plus qu’une dénonciation brutale du totalitarisme, Kourkov dresse le portrait tendre et amusé de gens ordinaire ou de dissidents fous à lier. Tous porteurs d’une certaine idée de la liberté.


Le Laitier de nuit

Liana Levi - 2010

spip_logo“Il est impossible de suivre les histoires, une vie n’y suffirait pas. Mais au moins sait-on une chose : par quoi tout à commencé.” Ce point de départ, c’est le meurtre d’un estimable pharmacien en plein centre de Kiev. A partir de là, Andreï Kourkov s’attache aux tribulations d’une petite dizaine de personnages, tour à tour grotesques et attachants - un agent de sécurité somnambule, un vigile amoureux, un douanier mal à l’aise, un chat qui ressuscite avec obstination, un psychiatre persuadé que le monde devrait être gouverné par ses confrères plutôt que par les fous, un député soucieux de rester éternellement jeune, une jeune femme qui se rend tous les matins dans un étrange centre de collecte pour donner son lait… Autant d’énigmes et de faits singuliers qui d’abord s’entrecroisent pour peu à peu tisser la trame, pas seulement d’un roman, mais bel et bien d’un pays tout entier. Ce récit à plusieurs voix qui, de prime abord, peut sembler n’être qu’un savoureux divertissement, une peinture ironique de l’Ukraine postsoviétique, acquiert par la force des symboles qu’il manipule, une singulière épaisseur philosophique.

Revue de presse :

  • « Trafics, corruption, arrangements douteux : Kourkov enchaine tout cela à la vitesse d’une rasade de gnôle à l’ortie (l’étrange breuvage qui requinque les protagonistes de ce grand roman absurde). On en redemande ! » L’Express
  • « Un conteur à l’imagination fertile et au sens de l’humour inoxydable. » La Croix
  • « Du député affairiste fomentant un très original complot lacté aux fêtes paysannes dans un village reculé de l’Ukraine, c’est le tableau de tout un pays qu’on nous peint ici, avec un plaisir communicatif. » Le Figaro
  • " Qu’elle joie de lire de grinçant, le cocasse, le maître de la fable absurde, Andreî Kourkov ! " La Vie
  • " (...) Ce roman où l’auteur du "Pingouin" est au meilleur de son inspiration surréaliste." La Tribune
  • "Les séquences se recoupent et l’action ne traîne pas. A la satire politique, au plaisir de l’extravagance se mêle une réflexion plus profonde." LivresHebdo
  • « Un ton léger, fantasque… Un sacré roman ! » France Inter
  • « Très drôle et terrifiant aussi. » France Culture
  • « Une fable très structurée et politiquement incroyablement violente. » France 3
  • Écouter la chronique « Le livre du jour » sur France Info

Le dernier amour du président

Liana Levi - 2005

Président de la République d’Ukraine ? Rien ne prédispose Sergueï Bounine à occuper ce poste. Son imprévisible ascension, dénuée de coups bas et d’ambition personnelle, se fait presque malgré lui. De la fenêtre de sa salle de bains, son point d’observation préféré, il se remémore le passé : les années de jeunesse à la sauce communiste, un frère jumeau pas si fou que ça, une mère préoccupée d’arrangements avec le système, le vieux David Isaakovitch amoureux de sa cabane sur une île au milieu du Dniepr... Et maintenant, il lui faut affronter le post-communisme, la greffe d’un nouveau cœur et tous ceux qui rêvent de l’empoisonner... Un roman prémonitoire.


Le caméléon

Liana Lévi - 2001

Le pingouin

Liana Lévi - 2000

Les désenchantés

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Andreï KOURKOV, Alaa EL ASWANY, Alexandre LENOT, David DIOP - Saint-Malo 2019

Avec Andreï KOURKOV, Alaa EL ASWANY, Alexandre LENOT, David DIOP
Animé par Maëtte CHANTREL et Michel ABESCAT


Vous avez dit absurde ?

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Andreï KOURKOV, Karan MAHAJAN, Dmitri LIPSKEROV - Saint-Malo 2010

Mieux vaut en rire

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : Aleksandar HEMON, Andreï KOURKOV, Alain MABANCKOU, Javier TOMEO - Saint-Malo 2005

Ces polars qui viennent du froid

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec Elena ARSENEVA, Andreï KOURKOV, Gueorgui VAINER - Saint-Malo 2001

Avec Elena ARSENEVA, Andreï KOURKOV, Gueorgui VAINER

L’Europe est un roman

Avec Andreï KOURKOV, Michel QUINT, Itamar ORLEV, Jean-Marc TURINE - Saint-Malo 2019

Avec Andreï KOURKOV, Michel QUINT, Itamar ORLEV, Jean-Marc TURINE
Animé par Jean-Antoine LOISEAU


Grand entretien avec Andreï Kourkov

Saint-Malo 2019

Avec Andreï Kourkov
Animé par Yann NICOL


La culture, langue commune de l’Europe ?

Avec L. GAUDÉ, A. KOURKOV, C. SCHNEIDER, F. MELANDRI - Saint-Malo 2019

Avec L. GAUDÉ, A. KOURKOV, C. SCHNEIDER, F. MELANDRI
Animé par Xavier DE BONTRIDE


France Inter : Cosmopolitaine par Paula Jacques

Saint-Malo 2014

Avec Andreï Kourkov et Velibor Colic.


Journal de Maïdan - Andreï Kourkov

Saint-Malo 2014

Avec Andreï Kourkov.
Animé par Elise Lepine.


Au cœur de l’Histoire en train de se faire

Saint-Malo 2014

Avec : Velibor Colic, Khaled Al Khamissi, Andreï Kourkov, Amine Boukhris, Charif Kiwan, Olivier Weber
Animé par : Yann Nicol


Quand les animaux s'en mêlent

Quand les animaux s’en mêlent

Saint-Malo 2010

Avec Ilya BOYASHOV et Andreï KOURKOV. Un débat animé par Géraldine Delauney.

Subvertir par le rire

Saint-Malo 2010
Avec Olivier MAULIN, Andreï KOURKOV, Velibor COLIC, Karan MAHAJAN. Une rencontre animée par Martine Laval.