EVERETT Percival

Etats-Unis

Montée aux enfers (Actes Sud, 2012)

Biographie

Percival Everett © D.R.

Diplômé de littérature et de philosophie, musicien de jazz et directeur du département de lettres de la Southern California University, Percival Everett est l’auteur d’une œuvre éclectique prenant pour cible une société moderne déboussolée, véritable satire faisant l’état de notre condition de vivants.

Dans un style brillant et corrosif, la fiction de Percival Everrett illustre une Amérique encore prisonnière de son passé, immense, raciste, et percluse de contradictions. Une écriture simple et habile qui met en scène un univers fantastique et décalé, truffé de références sociologiques et philosophiques, et qui se décline en polars, westerns, ou encore réécriture de mythes anciens.

Lauréat de nombreux prix dont le Literature Award de l’Académie américaine des Arts et des Lettres, cet écrivain prolifique est acclamé par la critique aux Etats Unis alors que le public français ne connaît encore que le quart de cette œuvre polymorphe.
Ainsi découvert sur le tard dans l’hexagone, Everrett y est publié pour la première fois en 2004 avec son roman Effacement. Une réflexion surprenante et politiquement incorrecte sur la lutte d’un écrivain noir en proie aux clichés que l’on afflige aux auteurs « de couleur » dans le monde de l’édition.
A ensuite suivi Désert Américain (2006), un roman farfelu et jubilatoire où un homme raté rate même sa mort. Résurrection et débandade totale, le récit est une farce gigantesque dans laquelle l’auteur joue avec le grotesque et l’absurde pour dépeindre une société américaine qui apparaît plus perfide et coincée que jamais.
Puis, il y a eu Blessés (2007), un western dont les héros ont l’audace d’être noirs et homosexuels, Glyphe (2008), l’autobiographie d’un bébé au QI trop élevé puis, Le supplice de l’eau (2009), véritable charge contre la nation qui a élu Bush, qu’il surnomme à l’occasion : la « nation de fieffés connards ». Et enfin, Pas Sydney Poirier (2011) un roman initiatique racontant les turpitudes d’un Noir dans une Amérique raciste et de mauvaise foi.
Le romancier publie en 2012 son septième livre traduit en français, Montée aux enfers : les aventures d’un shérif adjoint qui doit enquêter sur un meurtre dont il est le principal suspect. Percival Everett joue de nouveau avec les genres et les codes de la narration pour composer ici une fiction authentique qui réinvente le polar.


Bibliographie :

  • Montée aux enfers (Actes Sud, coll Actes Noirs, 2012)
  • Pas Sidney Poitier (Actes Sud, 2011)
  • Le Supplice de l’eau (Actes Sud, 2009)
  • Glyphe (Actes Sud,2008)
  • Blessés (Actes Sud, 2007)
  • Désert Américain (Actes Sud, 2006)
  • L’Effacement (Actes Sud, 2004)

Présentation de Montée aux enfers

À Plata, Nouveau-Mexique, Ogden Walker, shérif adjoint du comté, est chargé d’enquêter sur un meurtre dont il apparaît rapidement comme le principal suspect. Problème : c’est lui qui nous raconte l’histoire. Faut-il croire sa version des faits ? Dans un roman qu’aurait pu écrire Walter Mosley s’il avait lu Derrida, Percival Everett invente le polar suspect.

Montée aux enfers

Actes Sud - 2012

À Plata, Nouveau-Mexique, Ogden Walker, shérif adjoint du comté, est chargé d’enquêter sur un meurtre dont il apparaît rapidement comme le principal suspect. Problème : c’est lui qui nous raconte l’histoire. Faut-il croire sa version des faits ? Dans un roman qu’aurait pu écrire Walter Mosley s’il avait lu Derrida, Percival Everett invente le polar suspect.


Pas Sidney Poitier

Actes Sud - 2011

Venu au monde au terme d’une ahurissante grossesse de vingt-quatre mois, un enfant répondant au patronyme de Poitier se voit affublé par une mère aussi rebelle qu’excentrique de l’impossible prénom de Pas Sidney, lequel semble n’avoir d’autre vertu, le temps passant, que de condamner son fils à rejouer dans la “vraie vie” certains des rôles interprétés par l’acteur principal du célèbre film des années 1960, Devine qui vient dîner ?... En contrepartie de ce menaçant destin, sa mère, à sa mort, lègue également à l’enfant une colossale fortune issue des dividendes d’actions jadis acquises par elle dans une jeune entreprise du nom de CNN, fondée par son vieil ami, Ted Turner. Flanqué d’une Jane Fonda en tenue d’aérobic, l’extravagant roi des médias prend en charge la formation de l’orphelin, qui s’initie à la gestion de son patrimoine tout en se découvrant pourvu de surnaturels dons d’hypnose… et d’une embarrassante capacité de séduction. Victime de la concupiscence érotique de son environnement féminin immédiat, en butte à la brutalité raciste des forces de police comme à l’hostilité de ses camarades d’université, tétanisé par les fantasques conseils d’un très déconcertant professeur de “philosophie du non-sens” du nom de Percival Everett, et maintes fois sauvé du désastre par son capital en dollars, Pas Sidney Poitier progresse dans l’existence comme dans un champ de mines, au fil d’un roman d’initiation aussi drolatique que grinçant, dans une Amérique contemporaine confrontée au pesant héritage de la question raciale.


Le Supplice de l’eau

Actes Sud - 2009

Après l’atroce assassinat de Lane, sa fille unique, âgée de onze ans, Ismaël Kidder enlève un quidam qu’il a décidé de tenir pour coupable du crime. Dans le sous-sol de sa coquette maison de romancier à succès où il le séquestre à l’insu de tous, il soumet l’homme à la torture… A travers ce portrait sans concession d’un individu fou de douleur passant du statut de victime à celui de bourreau, Percival Everett, qui écrivit ce roman en réponse aux exactions commises, au nom du salut des Etats-Unis d’Amérique, dans le camp de Guantánamo ou la prison d’Abou Ghraib, dresse un audacieux parallèle entre un supplice infligé à l’échelle individuelle et la pratique de la torture en temps de guerre. Dès lors, Ismaël Kidder semble incarner, dans son délire d’ange exterminateur dissertant sur les fondamentaux de la philosophie antique, cet homme tristement universel en qui peuvent cohabiter, pour se conforter l’une l’autre, raison et barbarie, deux ressorts douloureusement cruciaux de l’histoire contemporaine.


Glyphe

Actes Sud - 2008

Très vite, le prodigieux QI et la vulnérabilité du bébé Ralph ont fait de lui l’objet de toutes les convoitises : celle du docteur Steimmel, une psychiatre en mal de reconnaissance, qui veut lui disséquer le cerveau. Celle des services secrets du Pentagone qui voient en l’enfant un précieux atout stratégique. Celle, enfin, des tenants de la religion désireux de vérifier sur lui l’efficacité de leurs rituels d’exorcisme… Brutalement arraché à son père, un universitaire aussi ambitieux que frustré, et à sa mère, une artiste peintre qui doute de son talent, Ralph, qui refuse de parler mais maîtrise avec brio le langage écrit, relate les enlèvements dont il est successivement victime sans cesser de rédiger des notes sophistiquées inspirées des nombreuses lectures que lui a procurées sa mère adorée dont l’amour inconditionnel et désintéressé fait figure d’unique repère au milieu de l’hystérie générale. Les réflexions intentionnellement pédantes du bébé mutique constituent l’un des points forts de ce récit jubilatoire où Percival Everett détourne les conventions du discours savant au profit d’une savoureuse composition romanesque en convoquant tour à tour le traité de physique, la controverse sémiotique ou l’essai philosophique. Parodie de structures et de genres, satire des milieux universitaires au fil de démonstrations délirantes et de dialogues improbables entre Socrate et James Baldwin ou Wittgenstein et Nietzsche, ce roman irrévérencieux se plaît à malmener nombre d’icônes du postmodernisme, dont Roland Barthes, qui y apparaît en “protagoniste invité” sous les traits d’un clown burlesque aux propos abscons… Dans ce récit mené tambour battant où l’érudition rencontre l’absurde comme son envers obligé, Percival Everett, à travers les tribulations de son bébé héros, propose une réjouissante peinture des névroses dont se nourrit l’aventure humaine. Né en 1956, Percival Everett, diplômé de littérature et de philosophie, enseigne à la California Southern University. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Trois de ses romans ont déjà été traduits chez Actes Sud.


Blessés

Actes Sud - 2007

Voilà bien des années que John Hunt, qui a maintenant atteint la quarantaine, a choisi de se détourner de la société des hommes en allant vivre dans un ranch où, aux côtés d’un oncle vieillissant, il élève des chevaux. Mais le fragile éden, édifié en intime symbiose avec les rythmes naturels du monde animal par ces deux hommes noirs dans le grand Ouest américain, vient à se fissurer : un jeune homosexuel est retrouvé dans le désert battu à mort, un fermier indien découvre deux de ses bêtes sauvagement assassinées, et l’inscription Nègre rouge en lettres de sang dans la neige... C’est dans ce contexte menaçant que John s’interroge sur ses choix de vie depuis la mort tragique de sa femme, sur la nature de ses sentiments envers les uns et les autres, sur les silences coupables qui couvrent, dans la région, les agissements d’un inquiétant groupe néonazi, sur la fin imminente de l’oncle Gus, frappé par la maladie, sur l’amour, enfin, qu’une jeune femme vient réveiller en lui... Privilégiant une écriture de l’action qui exalte les puissances du non-dit, l’écrivain confère à ses personnages une attachante justesse et, fidèle au chemin d’écriture qu’il s’emploie à frayer au fil de son œuvre, propose, à travers une subtile dénonciation de toutes les haines - raciale, sexuelle - qui meurtrissent l’Amérique contemporaine, une variation chargée d’enseignements sur l’humaine condition, dans toute sa bouleversante vulnérabilité.


Désert Américain

Actes Sud - 2006

Professeur à l’université de Los Angeles, marié et père de famille, et convaincu, à l’heure des funestes bilans de la quarantaine, de n’être qu’un loser, Théodore Larue est en route vers son suicide quand un camion, le heurtant de plein fouet, projette son corps à travers le pare-brise, le laissant fort proprement décapité. Certes dépossédé de l’ultime initiative de son existence, l’ex-candidat au suicide est cependant bien mort, conformément à ses vœux. De diligents services funéraires, soucieux d’en faire un cadavre présentable prêt à devenir l’objet de dignes funérailles, recousent tête et corps à la va-vite, mais voici qu’au beau milieu de la cérémonie Ted se redresse et s’assied dans son cercueil... Face à ce mort encore vivant, une terreur sacrée s’empare de la petite famille de Ted, cernée de toutes parts par le brasier des fantasmes collectifs qu’attisé une hystérie médiatique à son comble. Bien que passablement traumatisé lui aussi, Ted trouve des avantages à sa nouvelle et monstrueuse situation : il se sent plus puissant, plus aimant, plus généreux, les sens et l’esprit bien plus aiguisés que naguère. C’est alors que, quelques jours seulement après son retour au foyer, Ted est enlevé par les sbires de l’inquiétante secte chrétienne dirigée par Big Daddy, qui voit en lui l’incarnation du diable. Si, fort de ses nouveaux pouvoirs, Ted parvient à s’échapper, ce n’est que pour mieux tomber entre les mains des services secrets américains qui l’incarcèrent dans les tréfonds d’un laboratoire du Nouveau-Mexique afin que son étrange cas soit examiné par les plus éminentes autorités scientifiques... Qu’il prenne pour cible les médias, le fanatisme religieux ou les consternantes pratiques des milieux universitaires, Per-cival Everett livre ici une nouvelle satire, aussi grinçante que jouissive, d’une société américaine parfaitement déboussolée. Mais, détournant la réflexion philosophique de ses chemins académiques, l’écrivain fait surtout de "l’incroyable et véridique histoire" de Théodore Larue le support d’une essentielle et troublante méditation sur la condition des vivants.


Effacement

Actes Sud - 2004

Thelonius Monk Allison, romancier noir américain meurtri dans son ego tant le succès n’a cessé de le fuir avec la plus admirable constance, et qui ne parvient pas à se satisfaire de sa brillante carrière universitaire, se voit un jour reprocher de ne pas écrire dans un style “assez black”. Révolté par le succès phénoménal d’un roman consacré à la rude réalité des ghettos et dépourvu à ses yeux de la moindre qualité, il en écrit, sous pseudonyme, une parodie incisive qu’il incite son agent à soumettre à un éditeur, par défi. Le succès est aussi fracassant qu’immédiat. Mais ce jeu schizophrène reste sans effets sur la vie du “vrai” Monk dès lors qu’il s’agit d’affronter l’éprouvante série de tragédies personnelles et de crises familiales en tout genre qui viennent alors crucifier son improbable existence d’artiste… Politiquement des plus incorrects dans son approche de la question de l’identité raciale, ce vertigineux roman, où l’autodérison et l’ironie côtoient sans cesse le lyrisme, est pétri d’une jubilatoire érudition, d’une redoutable connaissance du milieu littéraire – universitaire et médiatique. Et d’une intime fréquentation des passions de l’âme…

L’avenir du roman

Les grands débats à voir et à réécouter
Saint-Malo 2013

Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE


Polars du monde

Les cafés littéraires en vidéo
Avec Nick STONE, Olivier TRUC, Patrick DEWITT et Percival EVERETT - Saint-Malo 2013

Avec : Nick STONE, Olivier TRUC, Patrick DEWITT et Percival EVERETT


L’écrivain et son double

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : Paul AUSTER, Percival EVERETT, Paco Ignacio TAÏBO II - Saint-Malo 2005Saint-Malo 2006