LOIZEAU Manon

France

Silent War avec Annick COJEAN et la collaboration de Souad WHEIDI Réalisé par Manon LOIZEAU (Magnéto Presse / 2017 / 72’)

À 24 ans, Manon Loizeau s’installe à Moscou après avoir fait des stages au Nouvel Observateur et à Libération. Elle envoie alors un CV au bureau du Monde et à celui de la BBC, qui la feront travailler régulièrement. Puis, elle glisse peu à peu de l’écrit vers l’image. « Au départ je voulais faire des sujets plus culturels, sur le théâtre notamment », raconte-t-elle — héritage d’une famille franco-britannique, un père journaliste au Matin de Paris et une mère artiste.

Mais la première guerre en Tchétchénie et la maladie de Boris Eltsine l’orientent vers d’autres thématiques. Son film Grozny, chronique d’une disparition, tourné clandestinement en 2003 sera unaniment salué comme un événement, couronné par de multiples prix (Grand Prix « Reporter sans frontière » 2004, et deux prix au Festival international du grand reportage d’actualité Figra 2004).

En 2010, Manon Loizeau se tourne vers l’Iran de Mahmoud Ahmadinejad. Sa Chronique d’un Iran interdit, présenté à Saint-Malo en 2011 revient sur l’onde choc provoqué par les révolutions arabes. Interdite d’entrée dans le territoire, elle recueille de nombreuses images clandestines, et reconstitue la réalité de ce territoire interdit. En 2012, elle décide de poursuivre son enquête en Syrie, territoire lui aussi interdit aux journalistes. Grâce à la complicité d’opposants au régime de Bachar al Assad, elle s’est rendue à Homs, le centre de la révolte. Dans une atmosphère de terreur, au coeur de manifestations interdites, elle a recueilli les témoignages des victimes de la torture. assisté elle même de la répression et vécu, durant une semaine, le quotidien des déserteurs de l’armée syrienne qui organisent la résistance.

Après Chronique d’une révolution, documentaire composé de témoignages clandestins sur la répression de la révolution verte en Iran et le bouleversant Syrie Interdite, Manon Loizeau est allée en 2013 à la rencontre de la « dame de Rangoun ». Un an après son élection au Parlement birman, la journaliste esquisse un portrait subtil d’Aung San Suu Kyi l’opposante de longue date, assignée à résidence pendant 15 ans. Ensuite c’est au Yémen qu’elle se rend pour dresser le portrait d’autres femmes fortes qui se battent pour la démocratie et leurs droits et continuent ainsi ces « Printemps arabes ».

Vingt ans après sa couverture de la seconde guerre d’indépendance en Tchétchénie, Manon Loizeau revient dans cette petite république caucasienne et musulmane « pacifiée » par la terreur et mise en coupe réglée par le "dictateur" Ramzam Kadyrov, qui s’emploie à éradiquer la mémoire de la guerre comme l’histoire du pays. Le peuple, bléssé et en deuil doit jouer le jeu du pouvoir pour survivre.
La journaliste rend hommage à tous ces Tchétchènes qui ont pris d’énormes risques pour que soit brisé le silence sur une tragédie qui continue bien que la guerre soit finie.

Elle revient cette année pour nous présenter son dernier film Silent War, un documentaire bouleversant qui donne la parole aux victimes d’une guerre dont on ne parle pas, celle où le corps des femmes est devenu territoire de guerre. Un crime organisé, réfléchi car il est fondé sur l’un des tabous les mieux ancrés dans la société traditionnelle syrienne et joue sur le silence des victimes, convaincues de risquer le rejet par leur propre famille, voire une condamnation à mort. Un film exceptionnel qui lui vaut pour la deuxième fois d’être Lauréate du Prix de l’Organisation Mondiale contre la Torture.


Filmographie sélective :

  • Silent War (2017)
  • Tchétchénie, une guerre sans traces (2014)
  • Aung San Suu Kyi, Un rêve Birman (2013)
  • Houla, l’autopsie d’un massacre (2013)
  • Syrie interdite (2011)
  • Chronique d’un Iran interdit (2011)
  • Grozny, chronique d’une disparition (2010)
  • Meurtres en série au pays de Poutine (2009)
  • Carnets de route en Géorgie (2008)
  • La Malédiction de naître fille (2006)
  • Grandir sans camisole (2005)
  • Grozny, chronique d’une disparition (2003)
  • Grandir sous camisole (1997)

Tchétchénie, une guerre sans traces

2014

Manon Loizeau, alors correspondante à Moscou, a découvert la Tchétchénie en 1995, lors de la guerre déclenchée par Boris Eltsine contre ce petit pays du Caucase pour le punir d’avoir proclamé l’indépendance. En 1999, c’est Poutine qui, au prétexte de lutter contre le terrorisme, lançait ses blindés et ses bombes contre les Tchétchènes, ciblant combattants et civils avec une égale férocité. Vingt ans et quelque 150 000 morts plus tard, la réalisatrice retrouve un pays "pacifié" par la terreur qu’inspirent désormais les milices tchétchènes, et non plus l’armée russe. Inféodé à Moscou, le régime du président Ramzan Kadyrov s’emploie méthodiquement à éradiquer la mémoire de la guerre comme l’histoire du pays, et impose un culte de la personnalité digne de l’ère stalinienne.

Disparitions

Généreusement financé par la Russie, le jeune Ramzan Kadyrov (38 ans) a aussi spectaculairement reconstruit son pays ravagé par la guerre. Grozny, capitale rasée par les bombes il y a dix ans, a pris des allures de Dubaï, avec néons, centres commerciaux et mosquées rutilantes. Ses avenues neuves portent les noms des principaux bourreaux de la population, Poutine en tête. Mais chaque jour, des gens continuent de disparaître, victimes du pouvoir absolu d’un gouvernement qui s’arroge ouvertement le droit de torturer et de tuer. De rares voix dissidentes prennent pourtant le risque de dénoncer cette terreur d’État : une femme harcelée par le pouvoir, qui raconte comment, peu à peu, son clan est décimé dans le silence ; le Comité des mères de Tchétchénie, fondé lors de la première guerre, qui en vingt ans de combat n’a retrouvé que deux personnes vivantes sur les 18 000 portées disparues ; un couple de vieux paysans dont les deux filles, enlevées un soir à Grozny par des miliciens, n’ont jamais reparu ; le Comité contre la torture, enfin, un collectif de jeunes juristes russes qui enquête sans peur sur les disparitions et les conditions de détention, et dénonce "une petite Corée du Nord" au sein de la Fédération de Russie… Dans ce "tunnel sans lumière" décrit par Madina, présidente du Comité des mères, Manon Loizeau a pu aller à leur rencontre en se cachant et en rusant, et même suivre le procès d’un politicien respecté, Rouslan Koutaiev, accusé sans aucune vraisemblance de détention d’héroïne et jugé par un tribunal aux ordres. En réalité, sa "faute", sanctionnée par quatre années de prison, avait consisté à braver l’interdiction de commémorer le 70e anniversaire de la déportation des Tchétchènes par Staline. Un témoignage poignant, exceptionnel, sur la tragédie d’un peuple que le monde a oublié.

(Source : Arte)

Silent War

Silent War

de Manon LOIZEAU et Annick COJEAN avec la collaboration de Souad WHEIDI Réalisé par Manon LOIZEAU (Magnéto Presse / 2017 / 72’) -

C’est une plainte. Une plainte étouffée, mais assourdissante. Un cri silencieux dont les soubresauts déchirent les murs des prisons, des sous-sols, des anti chambres de la mort. C’est le cri des femmes syriennes violées depuis six ans, des geôles de Bachar al Assad à celles de Daech. Un crime contre l’humain ignoré de tous. Un crime organisé, réfléchi car il est fondé sur l’un des tabous les mieux ancrés dans la société traditionnelle syrienne et il joue sur le silence des victimes, convaincues de risquer le rejet par leur propre famille, voire une condamnation à mort. Comment en Syrie le corps de la femme est devenu territoire de guerre. C’est la question que soulève ce film en donnant la parole à des femmes jusque là emmurées dans la honte et le silence. Des témoignages rares, exceptionnels, bouleversants.
Grand Prix de l’organisation mondiale contre la torture.


Tchétchénie, une guerre sans traces

Tchétchénie, une guerre sans traces

De Manon Loizeau (Magneto Presse / Arte France / 2014 / 83’) -

Vingt ans après la première guerre de Tchétchénie, Manon Loizeau explore un pays terrorisé, dont le président Kadyrov et ses milices veulent éradiquer jusqu’à la mémoire. Un témoignage exceptionnel, porté par de fragiles voix dissidentes.
Généreusement financé par la Russie, le jeune Ramzan Kadyrov (38 ans) a aussi spectaculairement reconstruit son pays ravagé par la guerre. Grozny, capitale rasée par les bombes il y a dix ans, a pris des allures de Dubaï. Mais chaque jour, des gens continuent de disparaître, victimes du pouvoir absolu d’un gouvernement qui s’arroge ouvertement le droit de torturer et de tuer. De rares voix dissidentes prennent pourtant le risque de dénoncer cette terreur d’État.


Houla, l'autopsie d'un massacre

Houla, l’autopsie d’un massacre

Manon LOIZEAU -

À Houla, une ville syrienne au nord ouest de Homs, des miliciens du régime Al Assad ont massacré à l’arme blanche plus de 100 personnes. Pour tenter de raconter ce qu’il s’est passé, Manon Loizeau a recueilli des témoignages directs par Skype et suivi le travail d’expertise de l’O.N.G Human Rights Watch, le recoupage des informations, les vérifications à travers des images satellites… Une longue enquête minutieuse, l’autopsie d’une tuerie à huis clos et un document bouleversant sur la guerre civile qui fait rage en Syrie depuis mars 2011.


Aung San Suu Kyi, un rêve birman

Aung San Suu Kyi, un rêve birman

Manon LOIZEAU (Cinétévé/2013/56’) -

Après un demi-siècle de dictature militaire, la Birmanie ose enfin rêver de liberté. La député Aung San Suu Kyi, celle que les Birmans appellent « Mère Suu », incarne désormais l’espoir de tout un peuple. Portrait exclusif d’une icône birmane, signé par la grande reporter Manon Loizeau.


Au nom d'Anna

Au nom d’Anna

Manon Loizeau (Capa Productions, 2007, 29’) -
Anna Politkovskaïa
D.R.

La voix d’Anna Politkovskaïa s’est tue il y a un an. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Au nom d’Anna est un véritable carnet de route sur les traces de ceux qu’elles connaissait, qu’elle défendait, de ceux qui poursuivent son combat.

Aung San Suu Kyi, un rêve birman (janvier)

Cinétévé - 2013

Dans une Birmanie où le gouvernement semble multiplier les signes d’ouverture, le film retrace le parcours d’Aung San Suu Kyi, figure légendaire de la résistance birmane, et l’incroyable ferveur qu’elle suscite auprès d’un peuple engagé sur le long chemin de la démocratie. Les élections libres du printemps dernier ont permis à la LND, le parti de la Dame de Rangoun, de remporter une quarantaine de sièges au parlement. Au-delà de la figure emblématique incarnée par cette femme d’exception, le film permet de découvrir dans son sillage une poignée de jeunes élus combatifs et décidés à faire changer les choses.


Yémen, le cri des femmes

Amip - 2013

Issues de toutes les générations et de toutes les classes sociales, elles se battent, depuis plus de deux ans, pour la démocratie et les droits des femmes. Manon Loizeau les a rencontrées à Sanaa. Chronique d’une double révolution en marche.

Une foule compacte parcourt les rues de Sanaa, la capitale yéménite. Des milliers de femmes drapées dans leur niqab noir et, fait inattendu, la tête souvent recouverte d’une casquette colorée scandent inlassablement : « […] Femmes du Yémen, révoltez-vous ! Sœurs de la révolte, nous lutterons jusqu’au bout, nous n’acceptons plus ni l’humiliation ni la tyrannie ! » Des manifestations semblables se répètent depuis les beaux jours du « printemps arabe », depuis que les Yéménites ont repris le flambeau des Tunisiennes et des Égyptiennes. Avec autant de force et infiniment plus de courage. Nées dans un pays pauvre et très fermé, privées des droits les plus élémentaires de parole et de liberté, illettrées pour la plupart, mariées souvent dès l’enfance, elles ont osé quitter leur foyer dans le sillage de l’activiste Tawakkul Karman, pour réclamer justice et égalité. Au fil du temps, et malgré la violente répression exercée par le gouvernement, dans les premiers mois du soulèvement, elles se sont imposées jusqu’à devenir les protagonistes de l’insurrection dans leur pays. Deux ans et demi après le début de leur combat, les femmes yéménites ont déjà obtenu quelques victoires et fait évoluer les mentalités, mais elles n’ont pas encore gagné la guerre. Face à la montée en influence des islamistes, et à la présence de membres de l’ancien régime dans les comités de dialogue national, elles redoublent de vigilance et de fermeté.

(source : France 5)


Syrie interdite

France Télévision - 2011

Manon Loizeau a filmé clandestinement le conflit en Syrie. La caméra filme une école, dans le Nord du Liban. C’est l’heure de la récréation, les enfants s’ébattent et se chicanent. On croit les voir jouer aux gendarmes et aux voleurs. Mais ce qu’ils reproduisent, c’est ce qu’ils ont vu dans les rues de leur pays, la Syrie, avant de le fuir : l’affrontement entre manifestants et miliciens du régime. C’est par cette très éloquente séquence que Manon Loizeau a choisi d’ouvrir Syrie interdite, son reportage sur la situation en Syrie – un premier bilan de l’Onu fait état d’au moins quatre mille morts depuis le début de la répression –, réalisé clandestinement et diffusé ce jeudi 1er décembre à 20h35 dans Envoyé spécial. Rompue à la couverture des conflits – elle s’est notamment fait connaître par son travail en Tchétchénie –, la journaliste évoque ce qui fut « le tournage le plus difficile de sa vie ». Rencontre en salle de montage, où nous avons pu voir une partie de son travail.

Rencontre avec les réalisatrices Manon Loizeau et Annick Cojean

Avec Manon Loizeau, Annick Cojean - Saint-Malo 2017

Avec Manon Loizeau, Annick Cojean
Animé par Alain Mingam


Rebelles

Avec Manon Loizeau, Karim Madani et Sylvie Laurent. Rencontre animée par Christelle Capo-Chichi - Saint-Malo 2015

Avec Manon Loizeau, Karim Madani et Sylvie Laurent. Rencontre animée par Christelle Capo-Chichi


Mensonges

Avec Alaa El Aswany, Elise Fontenaille-N’Diaye, Jean-Christophe Rufin, Manon Loizeau, Mehran Tamadon et Olivier Weber. - Saint-Malo 2015

Avec Alaa El Aswany, Elise Fontenaille-N’Diaye, Jean-Christophe Rufin, Manon Loizeau, Mehran Tamadon et Olivier Weber. Débat animé par Pierre Haski


Syrie, Afghanistan, Chine - Dire le monde à l’heure d’Internet

Avec Manon Loizeau, Samar Yazbek, Anne Nivat et Qui Xialong - Saint-Malo 2012

Avec Manon Loizeau, Samar Yazbek, Anne Nivat et Qui Xialong


"Chroniques d'un Iran interdit" : Rencontre avec Manon Loizeau

"Chroniques d’un Iran interdit" : Rencontre avec Manon Loizeau

Saint-Malo 2011

"Au moment des révoltes arabes, la jeunesse iranienne a dit :" C’est pas possible, on a commencé, on ne peut pas ne pas redescendre dans la rue." Manon Loizeau}}}


Un débat animé par Patrice Blanc-Francard


Iran La bataille des mots

Iran La bataille des mots

Saint-Malo 2011

Avec Manon Loizeau et Gilles Padovani. Un débat animé par Yves Chemla.