DEREY Jean-Claude

France

Papoua (éditions Alphée, Monaco, 2010)

Biographie

Avec Papoua, Jean-Claude Derey nous offre une aventure humaine haletante, et nous plonge au cœur de la Papouasie cannibale, avec ce thème original de l’impact des missions chrétiennes en terres lointaines, assurées d’être porteuses de vérités et qui se fracassent contre les traditions millénaires de tribus à l’écart des influences de la civilisation.

Très tôt, Jean-Claude Derey sillonne le monde "en profondeur" comme il le souligne lui-même et multiplie les expériences : un temps journaliste pigiste, cinéaste, expert en ressources humaines auprès d’organisations internationales …. S’il continue d’arpenter le globe sillonnant les pistes improbables avec aventures à la clé (Bornéo, la Papouasie, la Patagonie, l’Amazonie, la Mongolie etc.), il se consacre désormais à l’écriture.
Il a, à ce jour, publié une vingtaine de romans, tous en prise avec le réel, riches d’une solide documentation et d’enquêtes fouillées sur le terrain. En Afrique, sur les clandestins (Les Requins ne mangent pas les nègres, Phébus, 1997), la condition des enfants orphelins, victimes des guerres civiles et des génocides (Toubab or no toubas, Rivages Noir, 2001) ; ou les enfants soldats, après une enquête dans le golfe de Guinée (Les Anges Cannibales, éditions du Rocher, 2003) ; mais aussi en France, avec un travail de fond sur une erreur judiciaire, Mis et Thiennot (Les enfants du brouillard, Phébus, 2002).
Le Quart d’heure colonial, paru en 2009 aux éditions Alphée, a été nommé dans la liste du prix Renaudot. Il traite de la colonisation française en Côte d’Ivoire en 1914 à travers le regard de deux frères africains, au quotidien, sans parti pris, puis sur le front de la Marne.

Son nouveau roman, Papoua, nous plonge donc au cœur de la Papouasie si méconnue. Confronté au massacre d’un des siens, "Monseigneur", malgré l’âge, décide partir à l’assaut des Fouyoughé, une tribu cannibale, au-delà des monts Hagen, sur la Chaîne des Etoiles, qu’il a fui vingt-cinq ans plus tôt, évitant de justesse d’être cannibalisé. Un roman plein de malice et riche en rebondissements qui raconte le choc frontal du missionnaire qui tente, avec sa croix, d’imposer un nouvel ordre du monde spirituel, et d’un chamane gardien des valeurs traditionnelles, parfaitement en harmonie dans un univers physique dur et hostile. On découvre une société avec ses propres valeurs bien ancrées, sa vie coutumière surprenante, ses rites et ses superstitions croquées sur le vif. Et chacun se retrouve relégué à sa juste place… l’homme en pantalon comme l’homme nu.


Bibliographie :

  • Papoua (éditions Alphée, Monaco, 2010)
  • Le Quart d’heure colonial, (éditions Alphée, Monaco, 2009)

Présentation de Papoua

« Depuis trois mois, nous sommes inquiets. Aucune nouvelle de père Paul, là-haut, dans la chaïne des Étoiles. Aucun message, pas la moindre fusée de détresse. Et puis ce soir, un Papou en étui pénien, nu du sol au plafond, a déboulé dans la cour de la mission, avec père Paul, proprement emballé dans des feuilles de bananiers, bien récuré, vertèbres, omoplates, tibias, dans le désordre, presque complet, sauf le crâne qui là-haut, sert d’oreiller...
Monseigneur contemplait son malheureux neveu, enfin les omoplates, comme s’il peinait à le reconnaître, et qu’il avait encouragé à venir le rejoindre en Papouasie, l’île la plus inhospitalière du monde. »

Malgré une retraite bien méritée, Monseigneur décide de se lancer à l’assaut de cette tribu cannibale, le dernier bastion du Diable, vivant encore à l’âge de pierre, retranchée au-delà de la chaîne des Étoiles. François, un jeune séminariste, le futur premier curé papou, l’accompagne. Ils vont affronter de multiples dangers avant de parvenir chez les Fouyoughé, qui les reluquent comme des gigots à deux pattes.
Monseigneur, à la recherche d’âmes, va se heurter à Gouloupouï, le chamane fouyoughé qui n’est pas le fanatique sanguinaire tant décrié, mais le gardien des traditions dont les pouvoirs stupéfiants ont protégé à ce jour sa tribu des effets pernicieux de la civilisation. Et c’est le choc frontal, brutal entre l’ordre nouveau, le gris-gris sur sa croix et le sorcier. Comment Monseigneur va-t-il supporter les sorts et persécutions du chamane bien décidé à éliminer le vieux missionnaire ?

Présentation : Le quart d’heure colonial

Le quart d’heure colonial est l’instant de folie qui s’empare du Blanc, coincé entre les mamelles du sexe et de l’apéro sous les tropiques. " Moi aussi comme vous, j’étais très chatouilleux sur le droit des Nègres... Et puis j’ai déchanté : arracher le Nègre aux ténèbres est pure utopie. Même si un arbre reste longtemps dans l’eau, il ne devient jamais un croco. Leur âme ? Engluée dans des millénaires de barbarie et d’obscurantisme. De grands enfants. La carotte ou la chicote. On a beau chauler leurs âmes, ils continuent de vous lorgner comme des gigots à deux pattes... Eh oui, mon cher Ferdinand, bientôt vous constaterez la justesse de mes propos... Comment insuffler une étincelle d’humanité dans cette argile ingrate... Si vous saviez le nombres de contremaitres toubabs que j’ai retrouvés en petits tas d’os propres, bien rongés... Le Nègre ? Un faux-jeton ! Ne vit que pour "couiller" la femme blanche ! "
Le Blanc ? Une drôle de race, pense Ulysse, qui se lave avec du sable, se sèche avec l’eau, rit au lieu de pleurer, relègue le Nègre au rang de la blatte. Deux jeunes frères africains, Ulysse et Diallo tentent de survivre, le premier comme boy, à la botte du gouverneur, le second dans les arbres, révolté par les exactions des Blancs, et qui tente d’échapper à l’enrôlement. Un quotidien drolatique et grinçant où les destins tricotés des deux frères révèlent, sans manichéisme, le pouls d’une Afrique victime d’injustices et d’asservissements.
Voilà véritablement le roman sur la colonisation, thème brélant, d’actualité, qui divise l’opinion, et qui a exigé cinq ans de recherches et d’écriture. Une saga flamboyante, menée sur un rythme drôle, vif, jubilatoire, mais sans concession, qui emporte le lecteur de Grand Bassam, préfecture de la Basse-côte en Côte d’Ivoire, au front de la Marne, à la veille de la Première Guerre mondiale. Noirs et Blancs, bons et mauvais, barbotent, tout compte fait, dans la même nasse.

Papoua

Alphée - 2010

" Depuis trois mois, nous sommes inquiets. Aucune nouvelle de père Paul, là-haut, dans la chaîne des Étoiles. Aucun message, pas la moindre fusée de détresse. Et puis ce soir, un Papou en étui pénien, nu du sol au plafond, a déboulé dans la cour de la mission, avec père Paul, proprement emballé dans des feuilles de bananiers, bien récuré, vertèbres, omoplates, tibias, dans le désordre, presque complet, sauf le crâne qui là-haut, sert d’oreiller... Monseigneur contemplait son malheureux neveu, enfin les omoplates, comme s’il peinait à le reconnaître, et qu’il avait encouragé à venir le rejoindre en Papouasie, l’île la plus inhospitalière du monde. " Malgré une retraite bien méritée, Monseigneur décide de se lancer à l’assaut de cette tribu cannibale, le dernier bastion du Diable, vivant encore à l’âge de pierre, retranchée au-delà de la chaîne des Étoiles. François, un jeune séminariste, le futur premier curé papou, l’accompagne. Ils vont affronter de multiples dangers avant de parvenir chez les Fouyoughé, qui les reluquent comme des gigots à deux pattes. Monseigneur, à la recherche d’âmes, va se heurter à Gouloupouï, le chamane fouyoughé qui n’est pas le fanatique sanguinaire tant décrié, mais le gardien des traditions dont les pouvoirs stupéfiants ont protégé à ce jour sa tribu des effets pernicieux de la civilisation. Et c’est le choc frontal, brutal entre l’ordre nouveau, le gris-gris sur sa croix et le sorcier. Comment Mon-seigneur va t il supporter les sorts et persécutions du chamane bien décidé à éliminer le vieux missionnaire ? Un récit haletant, drolatique et riche en rebondissements qui plonge le lecteur dans un monde méconnu, en convulsion, et relègue l’homme blanc ou le Papou à sa juste place, un point d’interrogation...


Les requins ne mangent jamais les négres

Phébus - 1997

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Phébus - 1997

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