LINHART Virginie

France

Le jour où mon père s’est tu (Seuil, 2008)

Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, docteur en sociologie politique, Virginie Linhart est réalisatrice de documentaires politiques, historiques et sociologiques. Fille de Robert Linhart, fondateur de l’Union des Jeunesses Communistes marxistes-leninistes en 1966, plus tard rédacteur en chef du journal J’accuse, l’une des deux parutions de la Gauche Prolétarienne.

Virginie Linhart a réalisé de nombreux documentaires, une œuvre tissant au final un patchwork révélateur de la seconde partie du XXe siècle. De la Seconde Guerre Mondiale et la Shoah, à travers Vichy et les Juifs ou Les Collabos 1940-1944, à l’histoire de la Gauche et de Mai 68 (Mai 68 : dix semaines qui ébranlèrent la France, Histoires de gauche ou 68, mes parents et moi) en passant par l’émancipation féminine (Simone de Beauvoir, on ne naît pas femme…), la figure de De Gaulle (De Gaulle, le retour, 13 mai 1958) etc…

Virginie Linhart a également publié quatre ouvrages, dont le plus récent, Le jour où mon père s’est tu (Seuil, 2008) a obtenu le prix de l’Essai L’Express.


Filmographie :

  • 68, mes parents et moi (52’, 2007)
  • Simone de Beauvoir, On ne naît pas femme... (52’, avec Stéphanie Berterottière et Paule Zajdermann, France 5 / Zadig Productions / Sobifer, 2007)
  • L’énigme polonaise (55’ avec Georges Mink, Arte France – Compagnie des phares et balises, 2005)
  • L’Observateur a 40 ans (52’, Kuiv productions, 2004)
  • Histoires de gauche (2 x 52’ (1e partie : Une troisième voie ? ; 2e partie : La prospérité pour tous ?), Arte France – Kuiv productions, 2003-2004)
  • « Court-circuit » à Sciences Po (52’, Point du Jour international, 2002)
  • Présidentielles 1965-1995. Les surprises de l’Histoire (104’, avec Jean-Noël Jeanneney et Olivier Duhamel, Kuiv productions, 2002)
  • Le travail dans la balance. Histoire des prud’hommes (58’, avec Éric Moutet, Kuiv productions, 1999)
  • De Gaulle, le retour, 13 mai 1958 (52’, avec Patrick Rotman, Kuiv productions, 2005)
  • Opération comédies musicales (26’, Mezzo, 2000)
  • Bartok, un roi sans couronne (26’, Mezzo, 2000)
  • Mai 68 : dix semaines qui ébranlèrent la France (2 x 52’ (1e partie : Rêve général ; 2e partie : La Danse du pouvoir) avec Patrick Rotman, Kuiv productions, 1998)
  • Le Gel du printemps – Prague 1968 (52’, avec Patrick Rotman, Kuiv productions, 1998)
  • Les Collabos. 1940-1944 (60’, avec Patrick Rotman, Kuiv productions, 1997)
  • Vichy et les Juifs (52’, avec Patrick Rotman, Kuiv productions, 1997)

Bibliographie :

  • Le jour où mon père s’est tu (Éditions du Seuil, collection « H.C. – essais », 2008) prix de l’Essai L’Express 2008
  • Enquête aux prud’hommes (Stock, 2000)
  • Volontaires pour l’usine : vies d’établis, 1967-1977 (Éditions du Seuil, 1994)
  • Génération beur, etc. : la France en couleurs, avec Jean-Marc Terrasse (Plon, 1989)

Présentation de Le jour où mon père s’est tu :

- Papa, je voudrais faire une enquête sur les maos, qui faudrait-il interviewer à ton avis ?

Il a grimacé…

– On ne parle plus jamais du maoïsme en France, et toi, qui en étais une des têtes pensantes, tu es devenu silencieux. J’aimerais demander à ceux qui militaient avec toi alors, ce qu’ils pensent de ton silence.

Haussement d’épaule.

– Tu sais papa, moi, quand tu t’es arrêté de parler, j’avais quinze ans. À quinze ans, on a beaucoup de souvenirs. Arrête de penser que parce que tu parais vivre sans mémoire, c’est pareil pour tout le monde !

Il me regarde, il a les larmes aux yeux.

– C’est notre secret ma petite fille…

– C’est quoi notre secret ?

– Que tu saches tout ça, et que moi je ne parle plus.

Je suis la fille de Robert Linhart, fondateur du mouvement prochinois en France et auteur de L’Etabli. Mon père est une des figures les plus marquantes des années 1968. Malheureusement, il en est aussi l’une des figures les plus marquées.

En chemin pour retrouver les anciens compagnons de mon père, j’ai découvert leurs enfants. À travers leurs souvenirs, c’est ma propre enfance qui a ressurgi : tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents révolutionnaires…