CHALANDON Sorj

France

L’enragé (Grasset, 2023)

© JF PAGA

Grand reporter de guerre, il a couvert de nombreux conflits au Liban, au Tchad, ou encore en Irak. Également écrivain, il a reçu en 1988 le Prix Albert-Londres pour ses reportages sur le conflit en Irlande du Nord, dont il fait le décor de deux romans en forme de diptyque, Mon Traître (2008, Prix Joseph Kessel) et Retour à Killybegs (2011) (Grand Prix du roman de l’Académie française). Après Enfant de salaud (Grasset, 2021), roman autobiographique dans lequel il raconte la folie de son père, Sorj Chalandon continue d’écrire avec ses tripes : L’enragé (Grasset) compose une fiction historique édifiante sur un bagne pour mineurs à Belle-Île-en-Mer dans les années 30.

Ancien grand reporter à Libération spécialisé dans la couverture de conflits armés (Liban, Tchad, Somalie, Iran-Irak, guerre du golfe…), Sorj Chalandon reçoit en 1988 le Prix Albert-Londres pour ses grands reportages sur le conflit en Irlande du Nord. En 2005, il entame sa carrière de romancier : dès l’année suivante il reçoit le Prix Médicis pour son second livre, Une promesse, publié chez Grasset.

Dans Mon traître, en 2008, il s’inspire pour la première fois dans son parcours d’écrivain, de ses trente ans de reportages en terres irlandaises. Plus qu’un simple récit historique, le roman raconte une part douloureuse de la vie de l’auteur : celle d’une amitié brisée. Au cœur de ce livre, la trahison de son ami Denis Donaldson, figure emblématique de l’IRA et traître à la cause nationaliste pendant une vingtaine d’années. Le romancier le rebaptise Tyrone Meehan et exprime un questionnement qui le hante : le traître a-t-il seulement trahi la cause irlandaise ? N’a-t-il pas également trahi leur profonde amitié ? Pouvait-il être à la fois traître à la cause et ami sincère ? Ces interrogations resteront sans réponse, Donaldson ayant été exécuté avant que Chalandon ne puisse lui reparler.
Retour à Killybegs (2011) est l’autre versant de la même histoire : cette fois-ci racontée par Meehan, la « trahison » laisse découvrir la vie gâchée du narrateur, sa confusion, ses doutes. Il relate son enrôlement dans l’IRA et son rôle d’agent double pour les Britanniques. Le roman alterne entre ses derniers jours à Killybegs et ses années au sein de l’organisation séparatiste, revient sur les grèves de la faim des prisonniers irlandais et le processus de paix. Sorj Chalandon tourne ainsi la page irlandaise de son existence et referme la blessure. Après avoir suivi son propre chemin d’homme trahi puis la route de son ami traître, il peut enfin entamer un processus de deuil : « Je n’écrirai plus jamais sur l’Irlande. Jamais. Je n’ai plus envie. »

En 2013, il revient par le biais d’une fiction sur la guerre civile qui a déchiré le Liban dans les années 80 avec Le Quatrième Mur, qui remporte le prix Goncourt des lycéens la même année. C’est l’histoire d’une idée folle : celle de monter la pièce Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre civile. Récit fort et poignant, il tire sa beauté de cette recherche d’un instant de grâce, d’un temps suspendu dans le conflit pour que se joue la tragédie qui rassemble notamment des acteurs des camps ennemis.

Si Sorj Chalandon cherche la vérité des faits, des sensations et des décors, c’est avec une extrême précision dans le choix des mots, de la langue et du rythme. Écrire vrai est sa boussole, comme antidote à une enfance dévorée par un père mythomane et violent, le despote de Profession du père (2015).

Dans Le Jour d’avant, publié en 2017, il s’écarte des thèmes autobiographiques pour revenir sur un épisode qui déclencha chez lui une « colère fondatrice » : l’accident de la mine de Liévin, le 27 décembre 1974. 40 ans après, il rend hommage aux 42 mineurs morts ce jour, toujours indigné par les mensonges qui entourèrent leur décès. L’histoire de la famille d’un 43e mineur, qu’il invente pour l’occasion, lui permet de rappeler que cet accident n’était pas dû à la fatalité, mais aux négligences des Charbonnages de France ; que les mineurs ne venaient pas pour se sacrifier, mais pour travailler. Il voulait dire les noms de ces 42 hommes dont « le travail, qui est le lieu de la dignité » est devenu « le lieu de la fosse commune ». Dans son style poignant et direct, il offre aux victimes de la fosse 3B l’hommage national qui leur avait été refusé.

En 2019, avec Une Joie féroce, l’auteur explore les relations unissant quatre femmes atteintes d’un cancer. Sans jamais tomber dans le voyeurisme, c’est avec une écriture à la fois sensible et tumultueuse, qu’il souligne l’urgence de vivre. Un roman solaire qui ne manque pas d’enthousiasme.

Dans son roman Enfant de salaud, finaliste du prix Goncourt, l’auteur entremêle avec subtilité les heures terribles du procès de Klaus Barbie et son enquête personnelle autour de l’histoire de son propre père durant la Seconde Guerre mondiale. De chapitre en chapitre, Chalandon achève le portrait de la figure paternelle, perçue comme menteur et manipulateur compulsif, entamé en 2015, avec Profession du père. Un récit bouleversant qui touche à l’intime et à l’universel avec finesse.

Sorj Chalandon a été le parrain du concours de nouvelles Etonnants Voyageurs 2018, sur le thème « Dire la guerre ».


Bibliographie

  • L’enragé (Grasset, 2023)
  • Notre revanche sera le rire de nos enfants. Reportages Irlande - Libération (1977-2006) (Black-star, 2022)
  • Enfant de salaud (Grasset, 2021)
  • Une Joie féroce (Grasset, 2019)
  • Le Jour d’avant (Grasset, 2017)
  • Profession du père (Grasset, 2015)
  • Le Quatrième Mur (Grasset, 2013) - Prix Goncourt des lycéens 2013
  • Retour à Killybegs (Grasset, 2011) - Grand Prix du roman de l’Académie française 2011, Prix des lecteurs du Festival Rue des Livres 2012.
  • La Légende de nos pères (Grasset, 2009) - Prix Ouest du Printemps du Livre, 2010.
  • Mon traître (Grasset, 2008) - Prix Jean Freustié. Prix Joseph Kessel. Prix Marguerite Puhl-Demange. Prix Simenon. Prix Gabrielle d’Estrées. Prix Lettres Frontière 2008.
  • Une promesse (Grasset, 2006) - Prix Médicis.
  • Le Petit Bonzi (Grasset, 2005) - Prix du premier roman de l’université d’Artois. Prix de l’École normale supérieure de Cachan. Prix du premier roman du Touquet.
L'enragé

L’enragé

Grasset - 2023

« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été « rééduqués  » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans.
 Le soir du 27 août 1934, cinquante-six gamins se sont révoltés et ont fait le mur. Tandis que les fuyards étaient cernés par la mer, les gendarmes offraient une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Alors, les braves gens se sont mis en chasse et ont traqué les fugitifs dans les villages, sur les plages, dans les grottes. Tous ont été capturés.Tous  ? Non  : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manquait à l’appel.
 Je me suis glissé dans sa peau et c’est son histoire que je raconte. Celle d’un enfant battu qui me ressemble. La métamorphose d’un fauve né sans amour, d’un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues.  » S.C.

L’Enragé présenté par Sorj Chalandon


  • « Comme à son habitude, c’est avec ses tripes, d’une écriture à la fois lyrique et tranchante, que l’écrivain décrit la violence, la haine de cet enfant "enragé" dont il connaît intimement la souffrance, thème récurrent de ses romans. » France Info
  • « Sorj Chalandon revient avec le roman L’Enragé (Grasset). Dans la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer, en 1934, cinquante-six jeunes s’évadent. Tous les « colons » sont rattrapés… sauf un. Chalandon a imaginé son destin. S’ensuivent des situations qui sont autant de dilemmes éthiques : si je suis en cavale, dois-je tracer ma route seul ou m’encombrer de celui qui compte sur mon aide ? Puis-je voler de l’argent à quelqu’un qui m’a porté secours ? La violence motivée par un sentiment d’injustice est-elle excusable ? Rares sont les fictions qui interrogent aussi ouvertement la frontière entre le bien et le mal. » Philo Magazine
  • « L’auteur donne vraiment vie à Julien, il devient ce gamin. Sorj Chalandon lui donne une présence, une âme. Mais pas qu’à lui ! On entre au cœur de cette île, au plus près des habitants et du personnel pénitentiaire, avec ce qu’ils ont de plus sombres et de plus sinistres en eux. Pourtant, certains personnages sauront apporter un peu de douceur. Avec un style d’écriture percutant et saisissant, dans une ambiance austère et nauséabonde, Sorj Chalandon nous donne froid dans le dos. » 20 Minutes
Notre revanche sera le rire de nos enfants : Reportages Irlande - Libération (1977-2006)

Notre revanche sera le rire de nos enfants : Reportages Irlande - Libération (1977-2006)

Black-star - 2022

A la fin des années 1960, l’Irlande du Nord s’embrase dans un conflit armé qui durera trois décennies. Sorj Chalandon, envoyé spécial pour le quotidien Libération fut un formidable témoin des "Troubles". Relire ses articles, c’est pénétrer au coeur des évènements, percevoir et comprendre l’un des conflits les plus marquants d’Europe.


Enfant de salaud

Enfant de salaud

Grasset - 2021

Depuis l’enfance, une question torture le narrateur : « Qu’as-tu fait sous l’occupation ? »

Mais il n’a jamais osé la poser à son père.
Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté : « Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! » En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation. Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d’un « Lacombe Lucien » mais il se retrouve face à l’épopée d’un Zelig.

L’aventure rocambolesque d’un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.

En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière. Mais aussi son propre fils, devenu journaliste. Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public. Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges. Ce roman raconte ces guerres en parallèle. L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.


La joie féroce

La joie féroce

Grasset - 2019

Jeanne est une femme formidable. Tout le monde l’aime, Jeanne.
Libraire, on l’apprécie parce qu’elle écoute et parle peu. Elle a peur de déranger la vie. Pudique, transparente, elle fait du bien aux autres sans rien exiger d’eux. A l’image de Matt, son mari, dont elle connaît chaque regard sans qu’il ne se soit jamais préoccupé du sien.
Jeanne bien élevée, polie par l’épreuve, qui demande pardon à tous et salue jusqu’aux réverbères. Jeanne, qui a passé ses jours à s’excuser est brusquement frappée par le mal. « Il y a quelque chose », lui a dit le médecin en découvrant ses examens médicaux. Quelque chose. Pauvre mot. Stupéfaction. Et autour d’elle, tout se fane. Son mari, les autres, sa vie d’avant. En guerre contre ce qui la ronge, elle va prendre les armes. Jamais elle ne s’en serait crue capable. Elle était résignée, la voilà résistante. Jeanne ne murmure plus, ne sourit plus en écoutant les autres. Elle se dresse, gueule, griffe, se bat comme une furie. Elle s’éprend de liberté. Elle découvre l’urgence de vivre, l’insoumission, l’illégalité, le bonheur interdit, une ivresse qu’elle ne soupçonnait pas.
Avec Brigitte la flamboyante, Assia l’écorchée et l’étrange Mélody, trois amies d’affliction, Jeanne la rebelle va détruire le pavillon des cancéreux et élever une joyeuse citadelle.


Revue de presse

D’un livre sur le cancer, l’auteur fait un roman ­solaire et plein de ­panache. Le Monde.

Croustillant dehors, avec son style étincelant, plein de larmes dedans. Et de rires, aussi. Pour son neuvième roman, Sorj Chalandon emprunte la voix d’une femme qui se découvre atteinte d’un cancer et se voit embarquée pour une traversée tempétueuse. ActuaLitté

Roman. D’une plume sensible et fiévreuse, le journaliste Sorj Chalandon explore les liens tissés par quatre femmes unies par le cancer. Jusqu’à la folie.Sans jamais tomber dans le voyeurisme, il continue son exploration de la folie des hommes, de ses peines, ses joies et ses douleurs. Dans la densité des existences, un mot de Chalandon en vaut dix, tant il vise juste.La Croix

L’écrivain journaliste se met dans la peau d’une femme pour raconter l’histoire d’un gynécée en guerre contre le cancer, et en lutte pour la liberté. France Info.


Le Jour d'avant

Le Jour d’avant

Grasset - 2017

« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.


Revue de presse

  • "Sorj Chalandon construit un roman terrible qui, avançant à coups de phrases courtes, sèches comme la poussière, pénétrantes comme des échardes, se transforme en un palpitant suspense judiciaire." (Gilles Heuré, Télérama)
  • "Sorj Chalandon parvient à mêler l’évocation vibrante du monde de la mine, de la fierté ouvrière du Nord, à l’exploration des questions qui hantent son œuvre (...) : le mensonge et la trahison." (Raphaëlle Leyris, Le Monde)

Profession du père

Profession du père

Grasset - 2015

« Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider. 
Je n’avais pas le choix. 
C’était un ordre. 
J’étais fier. 
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. »


Revue de presse :

  • « "Profession du père", le roman bouleversant d’une folie familiale par Sorj Chalandon. »
    France TV info - Culture box
  • « Comment guérir de ses blessures d’enfance ? C’est l’enjeu de ce roman qui mêle petite et grande histoire. »
    Télérama
  • « Artisan en pleine possession de son art, l’auteur tente de répondre à la question posée à l’écolier qu’il fut : « Profession du père. »
    L’Obs
  • « Comme rarement dans ses oeuvres, Sorj Chalandon se met à nu et semble regarder enfin la vérité de son enfance en face. Une vérité pathétique que l’écrivain n’a pu mettre sur le papier qu’après le décès de son paternel. L’histoire est déchirante, douloureuse et le roman est lui sublime. »
    Le Point

Le quatrième mur

Le quatrième mur

Grasset - 2013

L’idée de Sam était folle. Georges l’a suivie. Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l’Antigone d’Anouilh sur un champ de bataille au Liban. 1976. Dans ce pays, des hommes en massacraient d’autres. Georges a décidé que le pays du cèdre serait son théâtre. Il a fait le voyage. Contacté les milices, les combattants, tous ceux qui s’affrontaient. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front. Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Il ne demandait à tous qu’une heure de répit, une seule. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un accroc dans la guerre. Un éclat de poésie et de fusils baissés. Tous ont accepté. C’était impensable.Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d’agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite, d’aller à Beyrouth, de rassembler les acteurs un à un, de les arracher au front et de jouer cette unique représentation. Georges a juré à Sam, son ami, son frère.Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C’était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge. L’idée de Sam était folle. Et Georges l’a suivie.


Revue de presse

  • "Magnifique et désespéré, Le Quatrième Mur est le récit d’une utopie et une ode à la fraternité. Antigone n’y est plus une simple pièce : c’est un bloc de mots jeté dans les flaques de sang." Télérama

Retour à Killybegs

Grasset - 2011

Avec Retour à Killybegs, Sorj Chalandon se glisse dans la peau de Tyrone Meehan, un homme qui a trahi, dont il nous conte l’histoire et dont on entend la voix. On voit comment se déroule, sur trois générations, le fil d’une existence, en Irlande du Nord. L’enfance entre un père violent et une mère qui ploie sous le fardeau des naissances et de la misère. Puis la haine des Anglais, très tôt enseignée par le père, qui, un jour, lassé de tout, disparaît. Commence alors l’engagement du jeune Tyrone Meehan dans l’IRA, jusqu’à ce que le héros qu’il était passe de l’autre côté. Est-ce explicable, est-ce admissible ? Ce texte tout de dignité, de violence et de tendresse, laisse ouverte la voie de l’indulgence.

« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L’IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n’ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j’en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j’enrage. N’écoutez rien de ce qu’ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m’avoir connu. Personne n’a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu’après moi, j’espère le silence. »
Killybegs, le 24 décembre 2006
Tyrone Meehan

Note de l’éditeur :
La genèse d’une trahison qui passe par des luttes, des conflits, pas seulement d’un clan à un autre, mais à l’intérieur même d’une famille, d’une amitié, d’une relation amoureuse.
Un très beau roman, fort et bouleversant.

Revue de presse :

  • « Retour à Killybegs respire la passion et le désespoir d’un homme qui, un jour, n’a pas eu le choix et s’est enfoncé dans la nuit et dans la honte. L’observation du journaliste et le lyrisme du romancier sont réunis dans ce beau livre éperdu d’amour pour un pays blessé et d’empathie pour ses habitants. »
    Telerama

«  Retour à Killybegs est un choc. C’est aussi le meilleur roman de Sorj Chalandon, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai. »
François Busnel, le 14/09/2011, L’Express

  • « De ce déchirement du cœur, de cette douleur indélébile qui l’accompagnera jusqu’à la fin de ses jours, Sorj a tiré une une œuvre littéraire indélébile elle aussi, qui ne rachète rien de la souffrance qui est la sienne mais qui transcende, comme tout objet d’art, les misères de notre condition trop humaine. »
    Interlignes

La Légende de nos pères

Grasset - 2009

Après avoir été journaliste à la Voix du Nord, Marcel Frémaux est devenu biographe familial. " Toute vie mérite d’être racontée ", disent ses publicités, et c’est pour cela que ses clients se confient à lui. Il les écoute, met en forme leurs souvenirs, les rédige puis fait imprimer un livre destiné aux amis ou au cercle familial.
Un matin, Lupuline Beuzaboc se présente au biographe.
Tescelin, le père de Lupuline, ancien cheminot du Nord de la France, était un Résistant, un partisan de l’Armée des ombres. Dédaigneux des hommages, il n’a raconté sa bravoure qu’à sa fille. Alors, pour ses 85 ans, Lupuline veut offrir à son père les mémoires de son combat. Elle veut ramener son passé glorieux en pleine lumière. Le vieil homme est réticent. Embarrassé. En colère même de tout ce tapage. Et puis il accepte.
Marcel Frémaux va s’atteler à cet ouvrage avec passion. Pierre Frémaux, son père, fut un Résistant. Comme le vieux Beuzaboc, un partisan de l’Armée des ombres, silencieux et dédaigneux des hommages. Mais son père n’a jamais rien raconté. Et il est mort, laissant son fils sans empreinte de lui.
En écoutant Beuzaboc, c’est son père que le biographe veut entendre. En retraçant sa route, il espère enfin croiser son chemin. Mais rien ne se passe comme il le pensait. Et plus Beuzaboc raconte, plus le doute s’installe. C’est par une poignée de mains, que le biographe et le vieil homme avaient scellé leur pacte de mémoire. Ensemble, ils franchiront les portes de l’enfer.

  • Lire l’article que nous avions publié à l’occasion de la sortie de La légende de nos pères.

Mon traitre

Grasset - 2008

Mon Traître est l’histoire d’Antoine, luthier parisien qui découvre l’Irlande des violons. Il ne sait rien du Nord. Peu lui importe. Ses héros sont archetiers, grands luthiers de légende. La guerre n’est pas encore passée par lui puis, un jour, elle s’impose. Antoine va devenir Tony, pour les gens de Belfast, parce qu’il les verra vivre et souffrir et se battre. Et qu’ils l’aimeront en retour comme un fils. Et puis il y a Tyrone Meehan. L’Irlande est sa bataille. Il boit, il chante, il vous enlace, il vous prend le bras pour parler en secret. Il est engagé à jamais, sans que jamais rien ne le trahisse. Il est l’insoupçonnable. Tyrone donc, l’ami d’Antoine, son frère, son traître à lui. Tyrone n’est pas Denis (le personnage réel qui a inspiré Tyrone). Leurs regards se ressemblent pourtant. Sorj Chalandon n’est pas Antoine, leur douleur est pourtant la même. Denis Donaldson a été exécuté le 4 avril 2006, alors que Sorj Chalandon écrivait l’histoire de Tyrone Meehan. Il a été tué par une arme de chasse, dans le petit cottage familial qui le cachait. Nous ne savons pas qui tenait le fusil. Personne n’a été accusé ce jour.


Une promesse

Grasset - 2006

Nous sommes en Mayenne, une maison à l’orée d’un village. Dans cette maison, voici Etienne et Fauvette, un vieux couple qui n’a jamais cessé de s’aimer. La maison est silencieuse. Les volets fermés et la porte close. Nuit et jour pourtant, ils sont sept qui en franchissent le seuil. Sept amis, les uns après les autres, du dimanche au lundi, chacun son tour et chacun sa tâche. Il y a le bosco, ancien marin qui tient le bar du village, il y a Madeleine qui, chaque semaine, fleurit la maison, il y a Berthevin qui allume et éteint toutes ses lumières, il y a le professeur qui dit des poèmes à voix haute, il y a Ivan, l’ancien cheminot, ui ouvre les fenêtres, il y a Léo qui traverse le village à vélo, puis Paradis enfin, qui remonte la petite horloge. Au grenier, comme une sentinelle, une lampe ancienne veille au cérémonial. Voici l’histoire d’une promesse. La promesse faite à Etienne et Fauvette. Une promesse d’enfance, tenue par sept amis, pour déjouer le plus grand des périls. Ces hommes ont juré de tromper la mort. Et voici qu’un jour, ils renoncent. Ils cessent leurs visites à la vieille maison. Parce que le temps passe. Parce que la lassitude. Parce qu’au grenier, la veilleuse attend que deux âmes lui cèdent. Voici l’histoire d’une fraternité.


Le Petit Bonzi

Grasset - 2005

Jacques Rougeron a douze ans, l’âge où les mots s’enchaînent pour rien, hurlés sous le préau de l’école ou murmurés à la table du père. Jacques Rougeron regarde jaillir ces mots sans pouvoir en attraper aucun. Jacques Rougeron est bègue. Il est bègue, mais le petit Bonzi, son ami, lui dit qu’une herbe magique existe, qui peut le guérir de son mal. Qu’elle existe chez les Indiens, très loin, mais aussi à Lyon, chez lui, et qu’il n’a qu’à goûter ce qui pousse dans la ville, sur les murs, entre les pavés, sur l’écorce des arbres, au pied de son immeuble, même. En attendant sa guérison, le petit Bonzi lui explique comment être respecté à l’école et aimé à la maison. A l’école, il n’a qu’à dire que son père a brusquement disparu de la maison. A la maison, il n’a qu’à prétendre qu’une épidémie de peste s’est abattue sur l’école... Nous sommes le dimanche 29 novembre 1964. Entre deux bouchées d’herbe, Jacques Rougeron raconte que son père a disparu et que la peste décime ses copains. Il sait que dans cinq jours, ses parents ont rendez-vous avec Manu, l’instituteur. Que tout sera découvert. Cinq jours. Cinq jours hors d’haleine pour devenir grand. Cinq jours avec le petit Bonzi à ses côtés. Le petit Bonzi, son ami, son presque frère, sa part de secret, son ombre. Bonzi, celui qui le regarde maintenant se jeter dans le piège.

Remise du Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs

Les cafés littéraires en vidéo
Avec la lauréate Anais LLOBET, les jeunes jurés et les membres du jury adulte - Saint-Malo 2019

Avec la lauréate Anais LLOBET, les jeunes jurés et les membres du jury adulte Yahia BELASKRI, Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, Sorj CHALANDON, Sylvain COHER, Alain DUGRAND, Lola LAFON, Carole MARTINEZ, Sami TCHAK, Mélani LE BRIS, Michel LE BRIS

Animé par Maëtte CHANTREL


Remise de prix du Concours du Nouvelles

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Fiordilisa FORGHIERI, Adrien RAULINE , Anna HERMOUET, les membres du jury - Saint-Malo 2018

Avec : Fiordilisa FORGHIERI, Adrien RAULINE , Anna HERMOUET, les membres du jury
Animé par Maëtte CHANTREL


Ecrire la colère

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Matthew Neill NULL, Kevin CANTY, Sorj CHALANDON, Gérard MORDILLAT - Saint-Malo 2018

Avec : Matthew Neill NULL, Kevin CANTY, Sorj CHALANDON, Gérard MORDILLAT
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA


Dans la tourmente de l’histoire

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Saint-Malo 2012

Dans un monde en guerre

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Avec Sorj CHALANDON, Boualem SANSAL, Anne VALLAEYS, Scholastique MUKASONGA - Saint-Malo 2008

Pour célébrer les 25 ans de l’accord de paix

Saint-Malo 2023

Autour de trois autrices et auteurs majeurs contemporains, Jan Carson, Louise Kennedy et Neil Hegarty, la question de la paix. Qu’en est-il aujourd’hui, en Irlande, vingt-cinq ans après les accords de Belfast ? Quel regard porter sur trente ans de répression ? Envoyé spécial pour Libération à l’époque, Sorj Chalandon se joint à la discussion.
Une rencontre animée par Cliona Ni Riordain. Interprètes : Hélène Bury, Dominique Chevallier et Guillaume Odin.


Café littéraire : Au nom du père

Avec Sorj Chalandon, Yann Queffelec - Saint-Malo 2016


Avec Sorj Chalandon, Yann Queffelec


France Culture - Carnet Nomade de Colette Fellous : Je vous écris de Saint-Malo

Saint-Malo 2014

Avec Sorj Chalandon, Riad Sattouf, Bernardo Carvalho, Patricia Melo et Jean-Paul Delfino.


Le monde est un théâtre

Saint-Malo 2014

Avec Lyonel Trouillot, Sorj Chalandon et Taha Adnan.
Animé par Alain-Gabriel Monot.


Affinités électives

Saint-Malo 2011

avec : Michel DEON, CHALANDON Sorj, NICOLE Eugène
animé par : Hubert Artus


Scènes de guerre

Saint-Malo 2010
Avec Sorj CHALANDON, Ignacio DEL VALLE, BORRIS. Une rencontre animée par Hubert Artus.

Nouvelles formes de journalisme

Nouvelles formes de journalisme

Saint-Malo 2010

Avec Florence Aubenas (lauréate cette année du prix Kessel pour son récit "Le Quai de Ouitréham"), Patrick Rambaud, le Cubain Amir Valle, Sorj Chalandon, Jacques Ferrandez et Patrick de Saint-Exupéry de la revue XXI. Un débat animé par Olivier Weber.

Nouvelles formes de journalisme
Avec Florence Aubenas, Patrick Rambaud, Amir Valle, Sorj Chalandon, Jacques Ferrandez et Patrick de Saint-Exupéry. Un débat animé par Olivier Weber.

Du journalisme à la littérature

Saint-Malo 2008

Doit-on pardonner ?

Saint-Malo 2008
18.00 Doit-on pardonner ?
Jean HATZFELD, Velibor COLIC, Gilbert GATORE, Sorj CHALANDON