COHN-BENDIT Daniel

France

Sous les crampons la plage (Robert Laffont, 2018)

Il fut “Dany le Rouge”, puis “Cohn-Bendit le vert”, il est aujourd’hui avant tout Daniel Cohn-Bendit l’européen. Ancien député européen, commen­ta­teur acerbe de la poli­tique natio­nale, bon client des médias pour son franc-parler, il continue à s’investir dans la politique europénne avec le groupe de réflexion Spinelli en faveur d’une Europe fédérale. Grand amateur de foot, il publie en 2018 Sous les crampons la plage, à quelques semaines de la coupe du monde et des 50 ans de Mai 68.

Daniel Cohn-Bendit est né le 4 avril 1945 à Montauban. Ses parents avaient fui les nazis dès 1933 et s’étaient réfu­giés en zone libre, puis dans la clan­des­ti­nité jusqu’à la fin de l’Oc­cu­pa­tion. Il gran­dit donc dans le Tarn-et-Garonne, dans l’Eure puis à Paris, avant de rejoindre son père en Alle­magne en 1958. Apatride, il opte défi­ni­ti­ve­ment pour la natio­na­lité alle­mande en 1959. C’est de cette expé­rience intime qu’il tire ses profondes convic­tions eu­ro­péennes.

Il passe son baccalauréat en 1965 au lycée allemand "Odenwaldschule" à Oberhambach, avant de rentrer en France pour entamer des études de sociologie à Nanterre. Lors de Mai 68, il sera le porte-parole et leader de la révolte étudiante. À l’époque, on le surnomme « Dany le rouge ». Agitateur politique redouté, véritable vedette médiatique, il est finalement expulsé du pays vers l’Allemagne. Il devient un symbole, même s’il reconnait avoir été très rapidement « ringardisé ». Plus qu’un leader, Daniel Cohn-Bendit représente aujourd’hui encore « la » figure de Mai 68, avec son œil moqueur, sa langue bien pendue et sa tignasse rousse.

Interdit de territoire jusqu’en 1978, il revient à plusieurs reprises illégalement en France pour rendre visite à ses amis ou à son frère. Mais c’est désormais à Francfort qu’il continue ses activités militantes. Entre 1969 et 1973, il travaille comme éducateur dans une crèche antiautoritaire et autogérée, puis dans la librairie Karl Marx. Il fréquente la « scène sponti »de Francfort (milieu anarchiste), se lie d’amitié avec Joschka Fischer (futur ministre des Affaires étrangères Gerhard Schröder), avec qui il partage un appartement où ils vivent en communauté.

Il milite au sein du groupe Revolutionärer Kampf (Combat révolutionnaire) et contribue aux revues Autonomie, et Pflasterstrand ("Sous les pavés, la plage »), dont il devient rédacteur en chef en 1976, qu’il définit comme le « magazine de référence du milieu anarchiste à Francfort. » Il s’éloigne pourtant progressivement d’une perspective révolutionnaire, avant de commencer une carrière politique quelques années plus tard. Il officialisera publiquement son abandon de la perspective révolutionnaire dans un ouvrage-bilan, Nous l’avons tant aimée, la Révolution.

En 1984, Daniel Cohn-Bendit adhère au parti Die Grünen, le parti vert allemand. Élu conseiller muni­ci­pal à Franc­fort cinq ans plus tard, il accepte le poste honorifique de conseiller municipal des affaires multiculturelles à la mairie de Francfort, sous une coalition rouge-verte, poste qu’il occupera jusqu’en 1997. De 1994 à 2003, il anime aussi régulièrement une émission littéraire, "Literaturclub", diffusée sur la chaîne suisse allemande "Schweizer Fernsehen", ainsi que sur la chaîne allemande "3 SAT".

En juin 1994, Daniel Cohn-Bendit devient membre du Parlement Européen élu sur la liste des Grünen. Il renouvelle ensuite son mandat d’eurodéputé en alternant sa candidature sur des listes françaises ou allemandes. Entre 2002 et 2014, il est co-président du groupe des Verts/ALE au Parlement Européen.
Très investi dans la vie politique européenne, Daniel Cohn-Bendit défend une ligne réfor­ma­trice, beaucoup moins radi­cale que par le passé : il promeut une Europe fédé­rale ouverte sur le monde, l’im­mi­gra­tion et les problé­ma­tiques du déve­lop­pe­ment durable, tout en ayant accepté l’économie de marché. Il se définit lui même en 1999 comme un « libéral-libertaire ».

En 2009, il est à l’origine du rassemblement "Europe Écologie" réunissant des personnalités issues du milieu politique et associatif, qui recueille 16,28% en France, et est réélu au Parlement Européen en tant que tête de liste en Ile-de-France. Il quitte le Parlement européen en 2014, après 20 ans de participation active, et ne se représente pas aux élections européennes. Il n’abandonne pas pour autant son influence, et en septembre 2010, il cofonde le Groupe Spinelli, un groupe de réflexion ayant pour but de renforcer la tendance fédéraliste au Parlement européen.

À l’occasion des 50 ans de Mai 68, son essai Forget 68 est réédité. Il y incite à laisser de côté l’idée de « refaire » mai 68, pour se tourner vers des idées d’avenir. Il participe également au livre Mai 68, le Débat, qui donne la parole à des acteurs et des opposants pour débattre de l’impact qu’ont eu ces événements sur la société française.

Grand amateur de foot (il a été chroniqueur en 2016 avec Guy Roux, sur Europe 1), il signe Sous les crampons, la plage, un essai réjouissant qui revient sur cinquante ans de notre mémoire collective, mêlant son amour du foot offensif, généreux, festif et son amour de la politique.
Il participe également au film de son ami Romain Goupil, La Traversée : en 50 jours de tournage, ils arpentent la France, 50 ans après les changements amenés par Mai 68.


Bibliographie

  • Sous les crampons la plage, avec Patrice Lemoine (Robert Laffont, 2018)
  • Mai 68, le Débat, collectif (Gallimard, 2018)
  • Et si on arrêtait les conneries ?, avec Hervé Algalarrondo (Fayard, 2016)
  • L’Humeur de Dany (Robert Laffont, 2014)
  • Que faire ? (Hachette, 2010 ; réédition, 2010)
  • Pour supprimer les partis politiques !? Réflexions d’un apatride sans parti (Indigène éditions, 2013)
  • Debout l’Europe !, avec Guy Verhofstadt (André Versaille éditeur, 2012)
  • La Gouvernance en révolution(s) (Charles Léopold Mayer, 2012)
  • Forget 68 (Éditions de l’Aube, 2008 ; réédition, 2018)
  • Une envie de politique, avec Lucas Delattre et Guy Herzlich (La Découverte, 1998)
  • Petit dictionnaire de l’euro, avec Olivier Duhamel et Thierry Vissol (Le Seuil, 1998)
  • Nous l’avons tant aimée, la révolution (Barrault Éditions, 1986)
  • Le Grand Bazar (Belfond, 1975)
  • Le Gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme, avec Gabriel Cohn-Bendit (Seuil, 1969)
Sous les crampons... la plage : Histoire de deux passions

Sous les crampons... la plage : Histoire de deux passions

Robert Laffont - 2018

« On aime toute sa vie ce dont on s’est régalé enfant... »
... et ce livre le prouve, où Dany Cohn-Bendit explore avec la verve, l’enthousiasme, l’emportement parfois qu’on lui connaît, sa passion pour le football. Du jeune garçon émerveillé par le Brésil 1958 (celui qui révéla au monde un génie nommé Pelé) à l’homme qui pourfend le foot-business des dernières années tout en défendant contre vents et marées la conception d’un jeu offensif, généreux, libre, on retraverse avec ces souvenirs cinquante ans de notre mémoire collective. Et pas seulement footballistique, tant le foot est le reflet de la société, particulièrement quand il est raconté par Dany, chez qui le virus de la politique ne peut jamais être bien loin.

Forget 68 (nouvelle édition)

Forget 68 (nouvelle édition)

L’Aube - 2018

"J’ai écrit Forget 68 parce que 1968 était un moment extraordinaire pour tous ceux qui l’ont vécu, ça a été un accélérateur de l’histoire, ça a changé beaucoup de choses, mais aujourd’hui on vit dans un autre monde. Recourir toujours à 1968 comme si on pouvait le refaire, repartir comme en 14... Non, oubliez !"

Daniel Cohn-Bendit 


  • "L’ensemble des propos de ce livre est détonant." (Le Figaro)
  • "Dans son livre, cet éternel provocateur dépoussière la mythologie soixante-huitarde." (Le Nouvel Observateur)
  • "Il raconte combien les événements ont fait avancer les mentalités sur la question." (Catherine Robin, Marianne)

Mai 68, le Débat

Mai 68, le Débat

Gallimard - 2018

Mai 68 ? Les "événements" advenus voilà un demi-siècle ? Quelle importance ? On n’en a pas fini avec cet épisode historique. Source de tous les maux de la société selon les uns, révolution culturelle libératrice selon les autres, mai 68, qui fut l’affaire d’une génération, est un de nos grands paradoxes : révolte, voire insurrection à l’échelle de nombreux pays de divers continents, c’est en France quelle trouve l’écho le plus long. Prétendant opéré une véritable Révolution politique, mai fut plus une révolution culturelle : bouleversant les mœurs, l’amour et la famille ; faisant entrer l’individu en majesté dans la sphère politique ; chahutant la hiérarchie et faisant triompher, jusque dans l’organisation industrielle de la production, la notion d’autonomie ; créant des rapports nouveaux à l’information, aux médias et à l’image. 68, un joli mois de mai ?

Pour Saluer… des livres de passion

Les cafés littéraires en vidéo
Avec : Erik ORSENNA, Michel LE BRIS, Dany COHN-BENDIT - Saint-Malo 2018

Avec : Erik ORSENNA, Michel LE BRIS, Dany COHN-BENDIT
Animé par Maëtte CHANTREL et Michel ABESCAT

La Nécessité de l’utopie

Avec Daniel Cohn-Bendit, Raphaël Glucksmann, Romain Goupil et Pierre Haski - Saint-Malo 2018

Rencontre avec Daniel Cohn-Bendit, Raphaël Glucksmann et Romain Goupil.
Animée par Pierre Haski.


La Traversée - Rencontre autour du film

avec Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit - Saint-Malo 2018

Avec Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit
Animé par Hubert Artus