Diplomé d’économie, (DES, Aix-en-Provence), docteur en sociologie (EHESS, Paris), Jean Viard est directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po Paris. Spécialiste du temps social en France, il revient en détail sur l’évolution de notre rapport au temps dans Le triomphe d’une utopie. Vacances, loisirs, voyages : la révolution des temps libres (Ed. de l’Aube). Outre le temps social, ses thèmes de prédilection sont l’espace et la politique. Il s’intéresse donc, entre autres et pèle-mêle, à l’agriculture et la paysannerie, à Marseille, au tourisme, aux comportements politiques, à l’opinion, aux identités territoriales, etc.
Prospectiviste et expert de l’aménagement du territoire, il a présidé des groupes de prospective tourisme au Commissariat au Plan et à la Datar, et réalise toujours des missions de conseil auprès des entreprises et des collectivités territoriales. Il est par ailleurs membre du Conseil d’orientation scientifique d’EuropaCity, du Parc naturel régional de la Narbonnaise, membre du Conseil national du tourisme, du Club de Marseille, du Conseil stratégique de l’agriculture (CSAAD) ...
Jean Viard est également fondateur des éditions de l’Aube, qui a notamment édité Stéphane Hessel ou Gao Xingjian, prix nobel de littérature 2000. Même si cet homme mutlti-tâche le reconnaît volontiers : « Mon travail de chercheur et intellectuel est mon temps de travail « normal », ma maison d’édition, c’est comme un loisir. »
En 2017, il publie un texte d’urgence : Quand la Méditerranée nous submerge. Interrogé par José Lenzini, il y appelle à repenser les identités multiples de la France et faire une place légitime à l’Islam, prônant une ouverture vers la Méditerranée, et condamnant toute forme de repli sur soi.
Il sort l’année suivante un nouvel essai : Chronique française (L’Aube), ou le récit politique du dernier quart de siècle. Un recueil d’environ soixante articles de journaux, préfaces et chroniques publiés par Jean Viard entre 1993 et 2017, agrémentés de textes de synthèse écrits en 2018. Véritable fresque contemporaine, Chronique française tente d’expliquer en creux le succès politique d’Emmanuel Macron : remontant à Mitterand et la chute de l’URSS, Jean Viard tente alors de comprendre les causes de l’implosion actuelle de nos champs politiques traditionnels, hérités du 20e siècle : fin du mythe révolutionnaire, transformation d’une société de lutte des classes en une société de groupes identitaires, territoriaux et religieux, fin de la société industrielle, naissance d’une pensée écologique mondialisée...
Il dresse ensuite un Nouveau portrait de la France ; sous-titré La société des modes de vie, analysant nos modes de vie dans une société en pleine mutation. S’interrogeant sur les services publics, les politiques de logement et l’aménagement des villes, il observe que la mobilité croissante des individus tend à créer une nouvelle fracture sociale : les populations défavorisées seraient davantage enfermées dans une logique de sédentarisation banlieusarde, alors que les cadres multiplient les déplacements et les appartenances. Jean Viard ne délaisse pas les campagnes dans le portrait qu’il effectue de la France actuelle : d’après lui, la France rurale serait peu à peu gagnée par l’urbanisation, processus qui prend de la vitesse avec l’hyperconnexion. En effet, internet transforme les notions d’espace et de proximité et est à l’origine de nombreux bouleversements.
Dans L’Implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ?, Jean Viard cherche le dénominateur commun entre la multitude des implosions politiques qui ont eu lieu au fil des dernières années. Il en dégage un schéma général, dans lequel se retrouvent plusieurs constantes, à savoir le rôle éminemment important de la révolution numérique et écologique. Menant une réflexion approfondie sur le pouvoir démocratique, il nous propose un nouveau modèle politique qui accorderait une place centrale aux milieux populaires. Un essai qui jette la lumière sur les événements récents.
En 2020, avec Le Sacre de la terre, il prend appui sur ses réflexions sociales pour étayer un traité considérant que « le travail de la terre redevient l’avenir de l’homme [depuis] la révolution écologique et numérique ». Cet essai optimiste, puissant de ses approches multiples et d’une vulgarisation à toute épreuve, tente une audacieuse réconciliation entre le monde agricole et notre futur.
Bibliographie (non exhaustive)
- Le Sacre de la terre (L’Aube, 2020)
- L’Implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ? (L’Aube, 2019)
- Nouveau portrait de la France : La société des modes de vie (L’Aube, 2019)
- Le triomphe d’une utopie (L’Aube, 2019)
- Chronique française (L’Aube, 2018)
- Quand la Méditerranée nous submerge (L’Aube, 2017)
- Le moment est venu de penser à l’avenir (L’Aube, 2016)
- Le triomphe d’une utopie (L’Aube, 2015)
- La France dans le monde qui vient (L’Aube, 2013)
- Fragments d’identité française (L’Aube, 2009)
- Éloge de la mobilité. Essai sur le capital temps-libre et la valeur du travail) (L’Aube, 2006)
- Dialogues sur nos origines. Des champs, des provinces et d’ailleurs avec Marc Pottier, (l’Aube, 2005)
- Le Nouvel Âge du politique - Le temps de l’individu-monde (l’Aube, 2004)
- Main basse sur la Provence, avec Daniel van Eeuwen (l’Aube, 2004)
- Le sacre du temps-libre. La société des trente-cinq heures (L’Aube, 2002)
- La France des temps libres et des vacances dir., (l’Aube, 2002)
- L’Archipel paysan, la fin de la république agricole avec Bertrand Hervieu, (l’Aube, 2001)
- Court traité sur les vacances, le voyages et l’hospitalité des lieux (L’Aube, 2000)
- La France qui change : pourquoi les travailleurs votent FN (Seuil, 1997)
- Marseille, une ville impossible (Payot, 1995)
- Penser les vacances (Actes Sud, 1984)