MAKHLOUF Georgia

Liban

Port-au-Prince aller-retour (La Cheminante/L’Orient des Livres, 2019)

© Philippe Matsas

Femme de lettres libanaise vivant entre Paris et Beyrouth, elle quitte jeune fille son pays, un départ brutal qui l’a profondément marqué, et dont elle fait le sujet de son premier roman, Les Absents (Rivages, 2014). La narratrice y parle de la solitude des expatriés et de la capitale française, mais décrit aussi le Liban, son histoire, et la guerre. Un livre universel sur la violence des combats, et le déracinement. Partir pour recommencer, c’est aussi l’idée au cœur de son nouveau livre : dans ce roman choral bouleversant sur la reconstruction identitaire après l’exil, elle évoque l’émigration peu connue de Syro-Libanais vers Haïti dès la fin du XIXe siècle.

« D’une certaine façon, on peut dire que si j’ai vécu libanais, si j’ai été bercée par la mer que j’apercevais de ma fenêtre, j’ai rêvé français. » (L’Orient Littéraire)

Femme de lettres libanaise et membre du comité éditorial de L’Orient Littéraire dont elle est la correspondante en France, Georgia Makhlouf vit aujourd’hui entre Paris et Beyrouth, où elle a fondé Kitabat, la première et seule association pour le développement des ateliers d’écriture au Liban. Jeune fille, elle a du quitter son pays natal pour l’Hexagone, un départ brutal qui l’a profondément marqué et qui se fait en quelque sorte l’objet de son premier roman, paru en 2014.

Cette même année, elle nous livre une anthologie sur l’Orient, qui depuis le XIe siècle, hante l’imaginaire des écrivains et des voyageurs occidentaux. Au delà du pur exotisme, c’est la relation Orient-Occident qui est au coeur de nombreux romans, ambivalente, faite de fascination et de répulsion... Aujourd’hui, même un voyageur averti n’échappe pas à l’émotion : l’Orient se « désorientalise » peut-être, mais sa magie perdure. Exotique ou géopolitique, voyage en compagnie de Lamartine, Nerval, Flaubert, Loti, Edward Saïd, Dominique Eddé, Orhan Pamuk, Amin Maalouf, Farouk Mardam-Bey, Lawrence Durrell, Paul Fournel, Régis Debray, Jean Genet, Juan Goytisolo, Mathias Enard, J-M-G Le Clézio et bien d’autres.


Bibliographie :

  • Le Goût du Liban (Mercure de France, 2021)
  • Le Goût d’Haïti (Mercure de France, 2020)
  • Port-au-Prince aller-retour (La Cheminante/L’Orient des Livres, 2019)
  • Le Goût de la liberté (Mercure de France, 2016)
  • Le goût de l’Orient (Mercure de France, 2014)
  • Les absents (Rivages, 2014)

Traductions

  • Perles en branches : contes populaires du Liban (Actes Sud, 2019)
Port-au-Prince aller-retour

Port-au-Prince aller-retour

L’Orient des livres - 2019

L’émigration vers les Amériques est en marche dès la fin du XIXe siècle. Port-au-Prince Aller-Retour explore celle, peu connue, des Syro-Libanais qui s’établissent en Haïti et raconte l’histoire hors du commun du jeune Vincent-Mansour qui, à vingt ans, quitte son village de la montagne libanaise sous domination ottomane pour aller vers l’inconnu et s’établit à Port-au-Prince.

Le roman s’ouvre sur son second départ pour Haïti, après un mariage au Liban. Vincent a hâte de fonder une famille et de continuer à développer ses affaires à Port-au-Prince. Il est pourtant encore amoureux de l’admirable Louisa, Haïtienne de souche, qui a partagé sa vie pendant les quinze années de son premier séjour.

Georgia Makhlouf dessine la fresque familiale en donnant voix à chacun des protagonistes : Vincent, Louisa, Edma, Joseph, Fatek et Anis, chacun déployant sa version de l’histoire, son vécu, ses sentiments et sa part d’ombre, au coeur de la beauté envoûtante de l’île.

Si Vincent réussit son pari professionnel, la pérennité de tout ce qu’il a construit avec force et rudesse vacille au regard des événements. Il doit concilier ses deux vies, faire face à l’instabilité politique, à l’occupation américaine qui s’annonce et à la montée du sentiment anti-syrien, lui qui n’imagine pas un instant devoir quitter cette île qui est devenue sienne...

Dans ce roman fascinant, exil, identité, intégration et tensions raciales font écho aux questionnements du temps présent.

Les absents

Les absents

Rivages - 2014

Entre Beyrouth et Paris, la narratrice nous livre le récit d’une vie commencée sous les auspices d’une enfance heureuse, brutalement brisée par la guerre et l’exil. Elle le fait à travers les portraits de ceux qu’elle nome les « les absents », personnages qui ont croisé son parcours à différents moments et ont disparu. Leurs noms ont figuré un temps dans un carnet d’adresses, puis ont été biffés ou effacés au gré des circonstances, des brouilles, des disputes, des changements d’itinéraires, des décès. On s’aperçoit au fil des pages que ces portraits entretissés, toujours vivaces et précis, dessinent en négatif l’image volatile de celle qui les brosse, hantée par une absence à soi qui se nourrit des vertiges de la mémoires. Car loin de toute confession anecdotiques, c’est bien du lien ténu entre les êtres, à la fois incarné et immatériel, dont nous parle ce roman qui défie les lois admises de l’autobiographie.


Le goût de l’Orient

Mercure de France - 2014

Depuis longtemps, l’Orient hante l’imaginaire européen. Au XIXe siècle, le « voyage en Orient » constituait un rite de passage pour les écrivains occidentaux. Ils voyageaient simultanément dans l’espace et le temps et l’Orient lointain leur fournissait des clés pour comprendre leur propre monde. Cet Orient des Mille et une nuits aux couleurs chatoyantes, parfums capiteux et musiques envoûtantes ne coïncide pas forcément avec celui des Orientaux. Chez eux, c’est la relation Orient-Occident qui est au cœur de nombreux romans, ambivalente, faite de fascination et de répulsion... Aujourd’hui, même un voyageur averti n’échappe pas à l’émotion : l’Orient se « désorientalise » peut-être, mais sa magie perdure.
Exotique ou géopolitique, voyage en compagnie de Lamartine, Nerval, Flaubert, Loti, Edward Saïd, Dominique Eddé, Orhan Pamuk, Amin Maalouf, Farouk Mardam-Bey, Lawrence Durrell, Paul Fournel, Régis Debray, Jean Genet, Juan Goytisolo, Mathias Énard, J.M.G. Le Clézio et bien d’autres.

Textes choisis et présentés par Georgia Makhlouf

Méditerranée des deux rives

Grands débats en vidéo
Saint-Malo 2014

Avec Paolo Rumiz, François Beaune, Elisabeth Leuvrey, Mathias Énard, Benny Ziffer, Pascal Blanchard, Georgia Makhlouf, Yahia Belaskri et Yves Gonzalez-Quijano
Animé par Yahia Belaskri.

Parti sur les traces d’Hannibal, de Sardaigne en Turquie, Paolo Rumiz redonne vie à ce que fut son rêve méditerranéen, tou- jours actuel, opposé au rêve impérial de Rome. Colette Fellous, née à Tunis, revient continûment à ce qui, en cette Méditerranée, structura son imaginaire, François Beaune a fait un tour de Méditerranée en collectant des histoires et c’est une belle réussite, Mathias Énard, de ses années d’errance autour de la Méditerranée, a tiré la matière d’une fresque magistrale, Benny Ziffer, auteur israélien, nous livre les carnets de ses voyages en quête d’une identité levantine, par une démarche comparable à celle de la romancière libanaise Georgia Makhlouf. Dans La Traversée, Elisabeth Leuvrey propose un sublime documen- taire sur l’exil, l’immigration, l’identité, la vie et les émotions de ces passagers qui flottent entre deux mondes, France et Algérie, et Yahia Belaskri écrivain algérien vivant en France depuis les émeutes de 1988, prix Ouest-France pour Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut, conduira les débats.

Entre orient et occident

Saint-Malo 2014

Avec Georgia Makhlouf, Benny Ziffer et François Taillandier.
Animé par Yahia Belaskri.