DEPARDON Raymond

France

Le désert, allers et retours (La Fabrique, 2014)

La photographie est pour Raymond Depardon un « métier de la solitude » ; c’est ce sentiment singulier et universel qu’il capture dans ses clichés où prédominent les espaces déserts, urbains ou ruraux, des quatre coins du monde. S’en dégage une impression d’errance, magnifiée par le photographe. Photographe et cinéaste à la renommée mondiale il multiplie les projets les plus variés (expositions, ouvrages, films, publicités…).

Raymond Depardon est né en 1942 à Villefranche-sur-Saône. Fils d’agriculteur, il débarque à Paris dans les années 50. Apprenti, assistant, pigiste, il rentre comme photographe à l’agence Dalmas (1960-67). Il fonde ensuite avec Gilles Caron l’agence Gamma (1967-78) et se voit confier des reportages dans les endroits du monde où la guerre fait rage, l’Afrique, le Liban, le Vietnam et le Cambodge.

Photographe à Magnum depuis 1978, Raymond Depardon réalise par ailleurs des films documentaires. Il doit son premier grand succès à un long-métrage La Captive du désert (1989), qui retrace l’histoire de Françoise Claustre, prise en otage dans le Tibesti dans les années 1970 avec Sandrine Bonnaire dans le rôle titre, prisonnière d’un univers de silence et de lumière, celui qui passionne R. Depardon. Le film Un homme sans l’Occident (2002) évoque l’histoire de la lutte d’un nomade saharien contre la présence française, au début du vingtième siècle.

Raymond Depardon poursuit sa carrière de réalisateur et se penche sur le système judiciaire français (Délits flagrants, 10e chambre) (courronné par un César en 1995) et débute un triptyque sur le monde rural (Profil Paysans), un travail de longue haleine, qui aboutira à La Vie moderne, présenté au Festival de Cannes en 2008. Un film bouleversant qui parle, avec une grande sérénité, une intimité et une délicatesse rare, de nos racines et du devenir des gens de la terre.

Durant tout ce temps, il ne délaisse pas la photographie pour autant, reçoit en 1991 le Grand Prix National de la Photographie, et publie régulièrement des livres de photographies depuis plus de 30 ans : Correspondance new-yorkaise, San Clemente, La Colline des Anges, J.O… et dernièrement Villes/Cities/Städte.
Avec des projets de films à l’initiative de la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, il reprend le chemin du monde et nous livre deux ouvrages : (Donner la parole, 2008) sur les parlers des cultures amenées à disparaître de part le monde, et Tour du monde en 14 jours, cent vingt photographies sublimes qui disent l’étrange banalité de cet ailleurs, le souvenir et l’avenir qui se mêlent, et l’incroyable talent de ce "passeur" pas comme les autres.
En 2012, R. Depardon repart sur les routes de France, pour nous livrer un documentaire précieux, voyage dans le temps et l’espace, Journal de France.

Fin 2013, le Grand Palais consacre une exposition à la photographie en couleur dans l’œuvre de Raymond Depardon, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui et réalisée en étroite collaboration avec l’artiste. Pour cette exposition, l’artiste a voyagé en Afrique, aux USA, et en Amérique du Sud : photographiant des sujets qui lui sont chers : les grands espaces et la solitude des villes. L’exposition qui réunit plus de 150 photographies dont la plus grande partie est inédite, est la plus importante jamais consacrée à la couleur chez Depardon.

En 2014, vingt ans après le génocide rwandais, ses photographies illustrent les écrits poignants de Jean Hatzfeld sur les atrocités qui ont eu lieu au pays des mille collines. Cette même année, il revient avec un nouvel ouvrage, Le désert, allers et retours, qui nous livre, entre images et récits, le parcours du photographe et du cinéaste parmi les dunes du Sahara.

Il expose à Saint-Malo, les photographies de son livre La solitude heureuse du voyageur (Points, 2006). Rétrospective de trente ans de voyages, de New-York à Shanghai, en passant par le désert du Ténéré, on retrouve les grands thèmes chers à Raymond Depardon : désert, pudeur, audace, instinct, solitude et humanité.


En savoir plus :


Bibliographie :

  • Le désert, allers et retours (La Fabrique, 2014)
  • Récits des marais rwandais : Dans le nu de la vie ; Une saison de machettes ; La stratégie des antilopes, récits de Jean Hatzeld, (Le Seuil, 2014)
  • La France de Raymond Depardon (Le Seuil/BNF, 2010)
  • J.O. (1964-1980), avec un entretien mené par Philippe Séclier, (Le Seuil Points, 2012)
  • Beyrouth, centre-ville (Le Seuil Points, 2010)
  • Un aller pour Alger (Le Seuil Points, 2010)
  • La terre des paysans (Le Seuil, 2008)
  • 1968, une année autour du monde (Le Seuil Points, 2008)
  • L’être photographe, entretiens avec Christian Caujolle (Éditions de l’Aube/France Culture, 2007)
  • Villes/Cities/Städte (Actes Sud, 2007)
  • La solitude heureuse du voyageur, précédé de Notes (Seuil, 2006)
  • Eloge de la nature : Paysages de France (Flammarion, 2006 – collectif)
  • Raymond Depardon (Actes Sud, 2006 – avec Michel Guerrin)
  • New York (Cahiers du Cinema, 2006 – avec Alain Bergala)
  • Photographies de personnalités politiques (Le Seuil, 2006)
  • Tibesti : Sahara interdit (Alain Sebe, 2005 – collectif)
  • Images politiques (La Fabrique éditions, 2004)
  • Paris journal (Hazan, 2004)
  • J.O. (Le Seuil, 2004)
  • Paroles prisonnières (Le Seuil, 2004)
  • Désert, un homme sans l’occident (Le Seuil, 2003)
  • Rêve de déserts (Gallimard, 2000 – avec Titouan Lamazou)
  • À tombeau ouvert (Autrement, 2000 – avec Josée Landrieu)
  • Errance (Le Seuil, 2000)
  • La pointe du raz (Marval, 2000)
  • Corse (Seuil, 2000 – avec Jean-Noël Pancrazi)
  • En Afrique (Seuil, 1996)
  • Silence rompu (La Joie de Lire, 1998)
  • Depardon Voyages (Editions Hazan, 1997)
  • La Porte des larmes : Retour vers l’Abyssinie (Le Seuil, 1996 – avec Jean-Claude Guillebaud)
  • Cent Photos pour défendre la liberté de la presse (Eéditions Reporters sans frontières, 1996)
  • Hivers (Arfuyen – Magnum, 1996)
  • La ferme du garet (Éditions Carre, 1995)
  • La Colline des Anges : Retour au Vietnam (Le Seuil, 1993, 2006 – avec Jean-Claude Guillebaud, Prix de l’Astolabe 1993)
  • Depardon / Cinéma (Cahiers du cinéma, 1992 – avec Frédéric Sabouraud)
  • Vues (Le Monde, 1988)
  • Les Fiancés de Saigon (Les Cahiers du cinéma, 1986)
  • San Clemente (Centre national de la photographie, 1983)
  • Correspondance new-yorkaise (Édition de l’Étoile, 1983)
  • Le désert américain (Editions d el’Etoile, 1983)
  • Notes (Arfuyen, 1979)
  • Tchad (Gamma, 1978)
  • Chili (Gamma, 1974)

Filmographie :

  • Journal de France, avec Claudine Nougaret (2012)
  • Au Bonheur des Maths, avec Claudine Nougaret (2011)
  • La France de Raymond Depardon, avec Claudine Nougaret (2010)
  • Donner la parole, avec Claudine Nougaret (2008)
  • Profils Paysans. La Vie moderne (2008)
  • Chacun son cinéma, avec Claudine Nougaret (2007)
  • Profil Paysans : le quotidien (2005)
  • 10è chambre, instants d’audience (2004)
  • 10è chambre (2003)
  • Un homme sans l’Occident (2002)
  • Profil Paysans : le quotidien (2001)
  • Profil Paysans : l’Approche (2000)
  • Paris (1998)
  • Dans Afriques, comment ça va avec la douleur ? (1996)
  • Paroles d’appelés (1995)
  • Délits flagrants (1994)
  • Contacts (1990)
  • La Captive du désert (1990)
  • Urgence (1988)
  • Une femme en Afrique (Empty Quarter, 1985)
  • Les Années-Déclic (1984)
  • Faits divers (1983)
  • Reporters (1980)
  • San Clemente (1980)
  • Numéro zéro (1977)
  • 1974, une partie de campagne (1974)
Le desert, allers et retours

Le desert, allers et retours

La Fabrique - 2014

Un petit livre pour cinquante ans de désert – ou comment le jeune photoreporter pigiste parti un jour de 1962 « couvrir » un fait divers de la guerre d’Algérie est devenu le photographe célèbre exposé au Grand Palais.
Les étapes de la carrière de Raymond Depardon sont comme rythmées par le grand désert saharien. En 1972, dans le Tibesti, son désert de prédilection, il suit pendant des mois l’affaire Claustre, cette ethnologue prise en otage par les combattants du Frolinat (Front de libération du Tchad). Ces combattants, il va les accompagner dans l’attaque de Faya Largeau et il va les suivre, appareil à la main, dans leur lutte.
C’est encore dans le désert, sur une dune de Mauritanie que Depardon a l’intuition de ce qu’il faut faire pour sortir du photojournalisme : faire des films, et tout seul. Et il raconte comment il a tourné dans le sable aussi bien des documentaires (Tibesti Too) que des fictions (La Prisonnière du désert, avec Sandrine Bonnaire).
Dans ce livre, Depardon parle aussi de technique, de la difficulté de photographier et de filmer le désert.
Quelque 60 photos, pour une bonne part inédites, illustrent ces propos de Raymond Depardon, modestes et drôles, qui sautent de sa fermenatale aux sables et aux palmeraies où vivent des éleveurs « qui ont beaucoup de traits communs avec mon père ».

La vie moderne

La vie moderne

Raymond Depardon (Palmeraie et désert/2008/90’) -

Alors qu’il sillonnait le monde, appareil photo ou caméra au point, c’est à la fin des années 1990 que vint l’idée à Raymond Depardon, un idée un peu folle en termes de production, mais passionnante sur le plan du cinéma : filmer durant dix ans ces paysans de moyenne montagne dont tout porte à croire qu’ils vont disparaître sous l’effet des mutations économiques. Enfant d’agriculteur, il nous fait entrer dans leurs fermes avec un naturel extraordinaire. Après Profils paysans : l’approche (2001), Profils paysans : le quotidien (2005), La vie moderne clôt… du moins provisoirement, la trilogie. Ce film bouleversant parle, avec une grande sérénité, une intimité et une délicatesse rare, de nos racines et du devenir des gens de la terre. Il y a enfin la présence de R. Depardon, la permanence de sa voix hors champ qui tantôt relance avec beaucoup de douceur, tantôt communie dans le silence de ses interlocuteurs. Cette position est sans doute ce qui rend le film si beau, parce qu’elle suggère une histoire intime qui prend la forme, propre à la paysannerie, d’un mouvement cyclique. Celle d’un homme qui a quitté son milieu, et qui revient tardivement à cette question de l’héritage par la voie qui l’en a détourné : la production des images.


Afriques : Comment ça va avec la douleur ?

Afriques : Comment ça va avec la douleur ?

(Raymond Depardon, Studio Canal + / Palmeraie et Désert, France, 1996, 165’) -
© Raymond Depardon

Dans le cadre de la matinée Depardon

Présentation du film par Raymond Depardon

Seul, un micro sur sa camera, Raymond Depardon a arpente le continent africain de juillet 1993 a fevrier 1996. Il raconte et montre le cap de Bonne-Esperance, Soweto, le Karoo, Johannesburg, l’Angola des hauts plateaux, les camps de refugies du Rwanda et du Burundi, l’Ethiopie, la Somalie, le Soudan... Refusant le silence de la misere, il s’interroge sur sa responsabilite d’homme d’image a parler de la douleur.


Un homme sans l'Occident

Un homme sans l’Occident

(Raymond Depardon, Les films du Losange, France, 2003, 90’) -
© Raymond Depardon

Une évocation de la vie de l’un des derniers hommes libres du Sahara au début du XXe siècle. Adopté par des chasseurs, cet homme du désert devient un guide réputé et tente d’échapper à la colonisation.

Avec Ali Hamit, Brahim Jiddi, Wodji Ouardougou.


Samedi 26 mai : Projection suivie d’un débat à 16h15 avec Alain Mingan et Raymond Depardon.
Lundi 28 mai : Projection suivie d’un débat :
12h00 : Recherche de nouvelles formes pour restituer le rel

Villes/Cities/Städte

Villes/Cities/Städte

Actes Sud - 2007

Dans le cadre de sa programmation internationale, la Fondation Cartier pour l’art contemporain s’associe au Museum für Fotografie de Berlin et présente Villes/Cities/Städte. Cette exposition est pour Raymond Depardon une façon d’expérimenter la rencontre entre le cinéma et la situation d’exposition, de développer un dialogue entre l’image en mouvement et la photographie. Réunissant 12 films et plus de 300 photographies réalisés dans 12 villes du monde, cette exposition personnelle de l’un des plus grands cinéastes et photographes d’aujourd’hui est inaugurée à l’occasion de la Berlinale 2007, rendez-vous majeur du cinéma international.


La colline des anges : retour au Vietnam (1972-1992)

Seuil - 2006

Rêve de désert

Gallimard - 2000

Regards sur l’Afrique

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec Raymond DEPARDON, Jean HATZFELD, Ryszard KAPUSCINSKI, Titouan LAMAZOU - Saint-Malo 2001

Raymond DEPARDON, Jean HATZFELD, Ryszard KAPUSCINSKI, Titouan LAMAZOU

France Inter : 3D, le journal par Stéphane Paoli

Saint-Malo 2014

Avec Raymond Depardon, Patrick de Saint-Exupéry, Elisabeth Leuvrey, Michel Le Bris puis Muriel Bloch et Pascal Dibie.


La solitude heureuse du voyageur - Raymond Depardon

Saint-Malo 2014