LE CLEZIO Jean-Marie Gustave

France

En visio. Avers (Gallimard, 2023)

© Francesca Mantovani - Gallimard

Né d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, fils d’un médecin de brousse qu’il rejoint au Nigéria à l’âge de huit ans, J.M.G. Le Clézio, éternel nomade, ne s’est jamais reconnu qu’une patrie : la langue française. Prix Nobel de littérature 2008, signataire en 2005 du manifeste « Pour une littérature-monde en français », membre du jury du prix des Cinq continents de la francophonie depuis sa création en 2001, il incarne sans doute mieux qu’aucun autre la vision généreuse d’une langue ouverte et d’une littérature attentive à tous les bruits du monde. Très engagé dans le soutien aux migrants, il a apporté sa contribution au livre collectif Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants (Philippe Rey). Il publie en 2023 Avers, collection de huit nouvelles suivant huit personnages distincts, enfants marginaux et en précarité dont il raconte le combat quotidien contre l’oubli. Dans un livre rythmé par les pays et époques qu’il traverse, il décrit avec une langue vibrante les destins de ces « fantômes » dans un récit lumineux et profondément humain.

Né en 1940 à Nice, d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, fils d’un médecin de brousse (« L’Africain ») il rejoint au Nigéria à l’âge de huit ans, J.M.G. Le Clézio, éternel nomade, ne s’est jamais reconnu qu’une patrie : la langue française. Signataire en 2005 du manifeste « Pour une littérature-monde en français », membre du jury du prix des Cinq continents de la francophonie depuis sa création en 2001, il incarne sans doute mieux qu’aucun autre la vision généreuse d’une langue ouverte et d’une littérature attentive à tous les bruits du monde.

La vaste cartographie sentimentale et littéraire de Jean-Marie Gustave Le Clézio l’a conduit à investir à l’automne 2011 une salle du Louvre, un « Musée-monde » qu’il a décidé d’ouvrir sur une toile rescapée du séisme de janvier 2010, Le serment des Ancêtres, représentant les généraux Pétion et Dessalines, héros de la révolution haïtienne. Plus loin, les œuvres d’Hector Hyppolite et d’autres peintres haïtiens étalent la générosité de leurs couleurs aux côtés d’une vitrine consacrée au vaudou.
Au-delà de la culture haïtienne, c’est « le peuple révolutionnaire par excellence » qu’a choisi de célébrer Le Clézio dans cette exposition : « À l’ère des grandes déclarations (des droits de l’homme et du citoyen entre autres) le peuple haïtien commit un acte inouï, inconcevable, irrecevable par les nations esclavagistes de l’Europe occidentale ». Ce défi lancé à l’Occident par la fondation de la première république noire des Antilles fascine à l’évidence celui que les jurés du prix Nobel ont salué en 2008 comme « l’explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante ».

Il publie en 2011 Histoire du pied et autres fantaisies, un recueil de nouvelles où il rassemble des portraits de femmes, d’aujourd’hui et du XIXe siècle, confrontées à la pauvreté, l’esclavage, la prison, la guerre, la solitude, et ce dans les quatre coins du monde, de Paris à l’Afrique ou encore Lanzarote, en passant par Maurice.

Dans Tempête en 2014, le roman prend la forme de deux novellas, c’est-à-dire deux longes nouvelles, qui se complètent l’une l’autre : Tempête puis Une femme sans identité, sont les récits de deux jeunes filles et de la difficulté du passage à l’âge adulte. L’une, sur l’île d’Udo, s’éprend d’un homme en proie au remords ; l’autre cherche sa place, entre le Ghana et Paris. Fin de l’innocence et quête d’un sentiment d’appartenance sont les moteurs de ces textes où la poésie tient une place fondamentale.

Avec Alma (Gallimard, 2017), il s’agit une nouvelle fois de dépaysement et d’histoires croisées : celle de Jérémie, en quête du Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions.

Avec Bitna, sous le ciel de Séoul, embarquement pour la Corée du Sud en compagnie de la jeune Bitna, qui vient d’enménager à Séoul, ville personnage que le lecteur découvre avec elle. Pour gagner de l’argent, elle accepte de jouer les Shéhérazade auprès de Salomé, une femme malade, piégée dans un fauteuil roulant. Plusieurs histoires se déroulent sous nos yeux et s’entremêlent : « Par ces histoires, Salomé apprend à mourir, Bitna à grandir — tandis que Le Clézio, lui, en ausculte la source et la mystérieuse éloquence. » (Nathalie Crom, Télérama)

Il développe dans Quinze causeries en Chine, recueil de conférences, son point de vue tout à fait singulier sur la littérature, son universalité et la nécessité de préserver la pensée imprimée. L’année suivante, il publie Chanson bretonne, texte rapportant ses souvenirs de séjours réguliers qu’il a passés dans le Finistère, lors de son enfance. Bercé par une douceur pastorale, il y fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.


Bibliographie

Romans, nouvelles, récits, poésie

  • Avers (Gallimard, 2023)
  • Le flot de la poésie continuera de couler avec Dong Qiang (Philippe Rey, 2020)
  • Bitna, sous le soleil de Séoul (Gallimard, 2018)
  • Alma (Gallimard, 2017)
  • Tempête (Gallimard, 2014)
  • Histoire du pied et autres fantaisies (Gallimard, 2011)
  • Ritournelle de la faim (Gallimard, 2008)
  • Ourania (Gallimard, 2006)
  • L’Africain, portrait de son père (Mercure de France, 2004)
  • Révolutions (Gallimard, 2003)
  • Cœur brûle et autres romances (Gallimard, 2000)
  • Hasard, suivi de Angoli Mala (Gallimard, 1999)
  • Poisson d’or (Gallimard, 1997)
  • La Quarantaine (Gallimard, 1995)
  • Pawana (Gallimard, 1992)
  • Étoile errante (Gallimard, 1992)
  • Onitsha (Gallimard, 1991)
  • Printemps et autres saisons (Gallimard, 1989)
  • Voyage à Rodrigues (Gallimard, 1986)
  • Le Chercheur d’or (Gallimard, 1985)
  • La Ronde et autres faits divers (Gallimard, 1982)
  • Désert (Gallimard, 1980) Grand prix de littérature Paul-Morand de l’Académie française
  • Mondo et autres histoires (Gallimard, 1978)
  • Voyages de l’autre côté (Gallimard, 1975)
  • Les Géants (Gallimard, 1973)
  • La Guerre (Gallimard, 1970)
  • Le Livre des fuites (Gallimard, 1969)
  • Terra Amata (Gallimard, 1967)
  • Le Déluge (Gallimard, 1966)
  • La Fièvre (Gallimard, 1965)
  • Le Jour où Beaumont fit connaissance avec sa douleur (Mercure de France, 1964)
  • Le Procès-verbal (Gallimard, 1963) Prix Renaudot

Essais et idées

  • Chanson bretonne (Gallimard, 2020)
  • Ballaciner (Gallimard, 2007)
  • Raga. Approche du continent invisible (Le Seuil, 2006)
  • Gens des nuages avec Jémia Le Clézio, photographies de Bruno Barbey (Stock, 1997)
  • La Fête chantée (Gallimard, 1997)
  • Ailleurs, entretiens avec Jean-Louis Ezine (Arléa, 1995)
  • Diego et Frida (Stock, 1993) (biographie de Diego Rivera et Frida Kahlo)
  • Le Rêve mexicain ou la pensée interrompue (Gallimard, 1988)
  • Trois villes saintes (Gallimard, 1980)
  • L’Inconnu sur la terre (Gallimard, 1978)
  • Vers les icebergs (Fata Morgana, 1978) contient le texte d’Iniji, par Henri Michaux
  • Mydriase, illustrations de Vladimir Velickovic (Fata Morgana, 1973)
  • Haï (Skira, 1971)
  • L’Extase matérielle (Gallimard, 1967)

Éditions de textes

  • Sirandanes avec Jémia Le Clézio (Seghers, 1990)
  • Relation de Michoacan, version et présentation de J. M. G. Le Clézio (Gallimard, 1984)
  • Les Prophéties du Chilam Balam, version et présentation de Le Clézio (Gallimard, 1976)

Livres pour la jeunesse

  • La Grande Vie, suivi de Peuple du ciel (Gallimard, 1990)
  • Balaabilou (Gallimard, 1985)
  • Villa Aurore, suivi de Orlamonde (Gallimard, 1985)
  • Celui qui n’avait jamais vu la mer, suivi de La Montagne ou le dieu vivant (Gallimard, 1982)
  • Voyage au pays des arbres, dessiné par Henri Galeron (Gallimard, 1978)
  • Lullaby (Gallimard, 1970)

Discours et conférences

  • Quinze causeries en Chine (Gallimard, 2019)
  • [Dans la forêt des paradoxes (discours de réception du Prix Nobel de littérature, 2008)
Chanson bretonne

Chanson bretonne

Gallimard - 2020

Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l’embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l’auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l’ordre de la mémoire, allant de l’enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l’auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n’avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre… À travers ces « chansons », l’auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s’enrichit également d’une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l’auteur « la nostalgie n’est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d’une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.

Jean-Marie Gustave Le Clézio - Entre les mondes

Jean-Marie Gustave Le Clézio - Entre les mondes

François Caillat et Antoine de Gaudemar (The Factory productions, INA/2008/52’) -

Jean-Marie Gustave Le Clézio passe sa vie à sillonner le monde. Ses livres sont comme des traces qu’il laisse de lui-même, de la littérature et de la planète.

Composé de voyages, d’entretiens et d’évocations, ce film, tourné en Corée du Sud, au Mexique et en Bretagne, entremêle paysages, villes, nature et mots - ceux d’un grand écrivain qui, parcourant le monde depuis un demi-siècle, « voyage en littérature », dénonçant une planète blessée, des peuples déshumanisés et bientôt disparus. Cette oeuvre, marquée par la rupture et l’aventure poétique, a valu à Le Clézio le prix Nobel de littérature 2008.

Avers. Des nouvelles des indésirables

Avers. Des nouvelles des indésirables

Gallimard - 2023

Huit nouvelles écrites au fil des ans, huit personnages en quête d’identité (y compris une caméra de vidéosurveillance à Paris).Dans la nouvelle qui donne le titre à l’ensemble, Maureen Samson, jeune rodriguaise affronte le deuil, lorsque son père disparaît en mer, la violence, lorsque son beau-père tente de la violer, et la réalité dans le couvent où elle trouve refuge. Le don de la musique qu’elle a reçu à sa naissance lui permet de survivre et de trouver une raison de vivre. Dans Chemin lumineux, deux enfants, une jeune adolescente enceinte et un garçon handicapé fuient le camp d’enfants esclaves institué par les « révolutionnaires » marxistes au Pérou. Dans La Pichancha (en français « la crépine »), les gosses de la frontière entre le Mexique et les USA passent par les égouts pour visiter le paradis interdit. Dans L’Amour en France, un jeune immigré ne vit que pour l’amour de sa famille restée de l’autre côté, au village de Tata. La Rivière Taniers est inspirée par la berceuse mélancolique que les nénénes noires chantent aux bébés après leur avoir donné leur lait. Fantômes dans la rue, paru en supplément du magazine Elle, donne la parole à une caméra qui filme les passants à un carrefour ordinaire de la ville de Paris.Hanné, la plus ancienne de ces nouvelles, est un chapitre inédit de mon roman Étoile errante, qui raconte la fuite d’un groupe d’enfants palestiniens au moment de la guerre entre les Arabes et les Israéliens en 1948. La dernière nouvelle, récemment écrite, parle d’un jeune couple amérindien, Yoni et Nepono, survivants du massacre dont sont victimes des Emberá et Waunana du Darién panaméen, lorsque les narcos s’emparent de leur forêt ancestrale. Le point commun à tous ces récits est la survie des indésirables dans une société moderne qui ne veut pas d’eux et les condamne à l’oubli ou à la disparition physique. Les modestes héros de ces histoires ont pour eux la jeunesse, le goût de l’aventure, le rire, la poésie. Survivront-ils à notre monde de dures lois, de profits et d’anguleuse modernité ?


Quinze causeries en Chine

Quinze causeries en Chine

Gallimard - 2019

Les conférences qui figurent dans ce volume ont été prononcées en Chine entre 2011 et 2017. Le recueil comporte une présentation du traducteur de J. M. G. Le Clézio en langue chinoise, Xu Jun, que l’auteur considère comme son mentor en matière d’initiation à la culture chinoise.A travers ces conférences le prix Nobel de littérature évoque des sujets ayant un rôle important au sein de son œuvre. Notamment la place de la littérature dans la cité, au sens philosophique du terme, et la responsabilité morale de l’écrivain. Dans une autre conférence, Le Clézio se demande à quoi aurait ressemblé notre monde sans le livre imprimé. Il s’interroge également sur l’universalité de la littérature : si, parfois, elle touche à l’universel, ce n’est pas par sa vocation. Dans une autre conférence, il affirme que les livres sont nos biens les plus précieux car « ils ne sont pas seulement des témoignages du passé, ils sont aussi des vaisseaux d’exploration, qui nous permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. En lisant Au bord de l’eau ou Quatre générations sous le même toit je m’aventure dans une autre culture et j’y découvre des vérités différentes de la mienne. Mais cette aventure est aussi une aventure intérieure, qui me permet de découvrir la part chinoise qui est en moi-même. La connaissance de l’autre est une richesse indispensable, et c’est en approchant l’autre qu’on se connaît soi-même. Sans le livre une telle aventure est difficile, ou impossible. »Avec cette série de conférences, J. M. G. Le Clézio développe un point de vue tout à fait singulier sur la littérature, sur son universalité et la nécessité de préserver la pensée imprimée. Dans notre monde où le numérique est en train « d’arraisonner » la pensée et de la soumettre, il se pose en fervent défenseur du livre, l’antidote le plus puissant contre cette domination.Avant-propos et recueil des textes par Xu Jun.

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Revue de presse :

  • Sincère et dépourvu de toute prétention, le propos jamais hautain développe en revanche une haute ambition : transmettre ce rapport vital à la litté­rature et donc au monde, ce qui implique en l’occurrence de dépasser les frontières culturelles et linguistiques pour nouer les fils des échanges et participer, à la modeste échelle d’un écrivain écouté par des jeunes gens bienveillants, à la trame de l’avenir, qui sera interculturel ou ne sera pas. ( Bertrand Leclair, 29/05/2019, Le Monde)

Bitna, Sous le ciel de Séoul

Bitna, Sous le ciel de Séoul

Stock - 2018

Parce que le conte peut faire reculer la mort, Bitna, étudiante coréenne sans un sou, invente des histoires pour Salomé, immobilisée par une maladie incurable.
La première lutte contre la pauvreté, la seconde contre la douleur. Ensemble, elles se sauvent dans des récits quotidiens ou fabuleux, et bientôt la frontière entre réalité et imaginaire disparaît.
Un roman qui souffle ses légendes urbaines sur la rivière Han, les boulevards saturés et les ruelles louches.
Sous le ciel de Séoul se lève « le vent de l’envie des fleurs »...


Revue de presse

  • Le pouls de Séoul vibre ici admirablement (Marianne Payot, l’Express)
  • Simplicité et délicatesse (Claire Devarrieux, Libération)
  • Bitna est une œuvre protéiforme. Tantôt conte de fées, tantôt roman d’apprentissage ou promenade dans une cité du bout du monde (Christine Ferniot, LIRE)
  • Les mots libérent d’un carcan quotidien, aidant à prolonger espérance et vitalité. Le lecteur est emporté par cette magie opérante, bienheureux d’avoir côtoyé ces personnages, oublieux de la distinction entre fiction et réalité (Betty Duval-Hubert, Pages des Libraires)

Tempête

Tempête

Gallimard - 2014

Ce volume rassemble deux longues nouvelles, deux « novellas » comme le précise l’auteur dans le titre et l’incipit. Au cœur de ces deux courts romans dont les correspondances sont évidentes, il y a la force de deux destins de femmes frappées par le malheur et l’adversité.
Dans « Tempête », Philipp Kyo revient sur l’île d’Udo trente ans après la mort tragique de son amante. Il avait vécu là une histoire d’amour avec Mary Song avant qu’elle ne se suicide, et ne s’en est jamais remis. Aujourd’hui, il tente de faire la paix avec ses fantômes. Il rencontre June, une très jeune fille elle-même aux prises avec une histoire familiale compliquée. June tombe amoureuse de cet homme tourmenté qui semble si bien la comprendre. Or Kyo entretient une relation secrète avec la pharmacienne de l’île. Quand June le découvre, elle tente de se noyer comme Mary Song. Cette tentative de suicide a un effet cathartique : June assume désormais son statut de « bâtarde » et Kyo se libère de ses hantises.
« Une femme sans identité » commence au Ghana : Monsieur et Madame Badou ont deux filles : Rachel, adoptée très jeune, et Abigaïl, « Bibi », leur fille biologique. Bientôt, les Badou quittent le Ghana pour la banlieue parisienne. Mais le couple ne tarde pas à divorcer. Les deux fillettes sont confiées à leur mère, et l’hostilité de Madame Badou, qui préfère ostensiblement Bibi, devient insupportable pour Rachel. Madame Badou se met en couple avec un dentiste, les deux jeunes filles sont livrées à elles-mêmes. Rachel devient SDF et zone dans Paris, hantée par la question de ses origines. Un jour, à Évry, une petite femme se présente à elle, qui prétend être sa mère. Elle lui raconte qu’elle a été violée et a du l’abandonner pour étouffer le scandale. Après cette révélation, Rachel reprend gout à la vie et s’engage dans une mission humanitaire.

Ces deux novellas forment un ensemble remarquable et cohérent. Le Clézio conjugue la force d’un imaginaire, la capacité à faire exister des décors singuliers, un regard pertinent sur le monde contemporain et un authentique talent de conteur. 


Revue de presse

  • Interview de J.M.G. Le Clézio dans Libération :
    "Si la littérature a une responsabilité, c’est bien celle-là, c’est d’être un témoignage. Si l’on est témoin et qu’on ne le dit pas, qu’on ne l’écrit pas, si on est témoin et qu’on ne proteste pas, je pense qu’on manque, peut-être pas à un devoir mais on manque à une nécessité. Il me semble que l’humain est fait de cela." (J.M.G. Le Clézio)
  • "Minuscules gestes et paroles tissent l’étoffe romanesque de Tempête. Le livre raconte en proposant des images, des évocations, espérant des magies et des rêveries, et s’il « fait voir » c’est à travers un filtre, derrière le voile d’un regard qui poétise." Le Figaro
  • "(…) l’être humain selon Le Clézio aurait dû être un ange. Il y a dans ses livres la nostalgie d’un paradis perdu et la littérature, dès lors, est cette chanson des jours enfuis." Le Monde
  • "J.M.G. Le Clézio n’a mis que des teintes sombres sur sa palette d’écrivain – sombres, mais étincelantes. Comme des gouttes qui forment un océan, les mots nuit, vent, tempête se répètent sans cesse, et drainent avec eux d’autres mots venus d’ailleurs, corps étrangers jetés à la mer, qui s’y agrègent et s’y décomposent pour lui donner sa force et sa couleur." Télérama
  • "(…) plus encore que des hymnes à la tolérance ou des récits de rédemption, les deux textes de Tempête font triompher la créativité. Le rêve, la poésie et l’imagination qui seuls permettent de renaître ou de s’inventer une vie nouvelle." Elle

Histoires du pied et autres fantaisies

Gallimard - 2011

Voici quelques portraits de femmes qui ont refusé le cynisme et la brutalité du monde. Telle Ujine, cette étudiante en première année de droit, qui choisit de garder l’enfant qu’elle porte contre l’avis de son amant Samuel, lâche et si peu responsable. Ou encore Fatou, dont le courage et la détermination lui permettront de sauver son amoureux Watson, et de le ramener sain et sauf à Gorée après sa tentative échouée d’émigrer en Espagne. Ou telle Yama, cette grand-mère à l’amour débordant qui sauve sa petite-fille, Mari, en la nourrissant de son propre lait, après l’avoir cachée dans l’arbre creux en pleine guerre libérienne. Une fois adulte, Mari, dotée à son tour de cette force surnaturelle arrivera à sauver son amie Esmée de la sauvagerie des rebelles. Ou encore, Letitia Elisabeth Landon, une poétesse britannique, qui, découvrant les mensonges et l’indifférence de son mari, préfèrera mourir.

Ces quelques portraits d’une finesse remarquable illustrent parfaitement le ton général de ce recueil composé de dix nouvelles. Véritables courts romans, elles sont toutes habitées par des êtres puissants et par une montée dramatique remarquable. On reconnaît là le talent de conteur de l’auteur et sa capacité à créer des personnages édifiants, emblématiques d’une humanité féminine courageuse et volontaire. L’exotisme des décors et les intrigues empreintes de coutumes et rites africains réaffirment très fort le cosmopolitisme de l’œuvre de J. M. G. Le Clézio et l’universalité de sa vision littéraire.


Ritournelle de la faim

Ritournelle de la faim

Gallimard - 2008

« Ma mère, quand elle m’a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu’elle n’a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie.
Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis.
J’ai écrit cette histoire en mémoire d’une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans. »


Gens des nuages

Gens des nuages

Gallimard - 1999

« De ce voyage vers la Saguia el Hamra, nous avions parlé depuis la première fois que nous nous étions rencontrés. Les circonstances, nos occupations, nos préoccupations familiales, ainsi que la situation troublée dans laquelle se trouvait une grande partie du territoire des nomades Aroussiyine avaient rendu ce retour improbable, voire impossible.
Et voici que tout d’un coup, alors que nous n’y songions plus, le voyage devint possible. Il était venu à nous quand nous ne l’espérions plus. Nous pouvions en parler d’une façon très simple, comme s’il s’agissait de visiter une province lointaine.
Entendre parler les Aroussiyine, les approcher, les toucher.
De quoi vivaient-ils ?
Avaient-ils toujours des troupeaux de chameaux et de chèvres, élevaient-ils toujours des autruches ?
Combien étaient-ils ?
Avaient-ils changé au cours des siècles, depuis que Sidi Ahmed el Aroussi avait fondé la tribu ?
Nous voulions entendre résonner les noms que la mère de Jemia lui avait appris, comme une légende ancienne, et qui prenaient maintenant un sens différent, un sens vivant : les femmes bleues ; l’assemblée du vendredi ; les Chorfa, descendants du Prophète ; les Aït Jmal, le Peuple du chameau ; les Ahel Mouzna, les Gens des nuages, à la poursuite de la pluie. Nous sommes partis sans réfléchir, sans savoir où nous allions, sans être même sûrs que nous y arriverions. »


Gens des nuages

Gallimard - 1998

Gens des nuages

Revivre le festival : Cafés littéraires
avec J.M.G. LE CLEZIO et Gérard DE CORTANZE - Saint-Malo 1998

Des nouvelles des indésirables

Saint-Malo 2023

(Avec Michel Agier, Florence Aubenas, Laurent Gaudé et J.M.G. Le Clézio)
Animé par Éric Fottorino

La peur des autres n’est-elle pas instrumentalisée pour nous diviser ? Affirmons notre responsabilité collective face à des discours d’exclusion et de repli sur soi, avec quatre invités réunis pour notre rencontre inaugurale exceptionnelle. De leurs plumes empathiques, les auteurs dressent le portrait de ceux que l’on croise, que l’on préfère ignorer, par crainte ou méconnaissance, nous invitant à la curiosité. Un univers littéraire où sont battues en brèche les fantasmagories racistes, les constructions de l’exclusion, les hiérarchies politiques produisant des «  indésirables  ». J. M. G. Le Clézio (en visio), prix Nobel de littérature, avec son nouveau recueil, Avers, rend une nouvelle fois un hommage vibrant à la valeur de chaque être ; la journaliste Florence Aubenas (Ici et ailleurs) privilégie les marges pour raconter les soubresauts du monde ; Laurent Gaudé (Chien 51) alerte dans ses fictions sur l’inhumanité qui nous guette ; tandis que l’anthropologue Michel Agier (La peur des autres) met en garde contre les constructions politiques de «  l’indésirabilité  ».


Les mots du poète

Saint-Malo 2023

«  L’écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs. Cela ne veut pas dire qu’ils inventent le langage, cela veut dire qu’ils l’utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l’image   » disait J.M.G. Le Clézio, dans le discours du prix Nobel 2008. Présent en visio à la rencontre, il sera rejoint par des auteurs, autrices et poètes et poétesses venu·es de quatre océans, de mondes et de cultures diverses, qui se retrouvent autour de leur amour de la langue et des mots. Matière première qu’elles et ils façonnent pour dire le monde en français.

Avec Ananda Devi, figure majeure de l’espace littéraire francophone élevée au contact de plusieurs langues. Ethnologue de formation, traductrice de métier, elle est sensible à l’imbrication des identités, aux contradictions de l’espace insulaire et à la question toujours brûlante de l’altérité ; Natasha Kanapé Fontaine, slameuse, poétesse et écrivaine innue du nord du Canada ; et Abdourahman Waberi, magicien des mots dijboutien auteur du Tout-monde questionnant les rapports entre Nord et Sud.

La rencontre, animée par Yann Nicol, était précédée d’une lecture d’un extrait d’Avers, recueil de J. M. G. Le Clézio, lu par Élie Guillou.


Y a-t-il des valeurs universelles ?

Avec Patrick Chamoiseau, Mireille Delmas-Marty, Souleymane Bachir Diagne, Jean-Marie Gustave Le Clézio et Mohamed Mbougar Sarr - Saint-Malo 2018

Avec Patrick Chamoiseau, Mireille Delmas-Marty, Souleymane Bachir Diagne, Jean-Marie Gustave Le Clézio et Mohamed Mbougar Sarr
Animé par Yann Nicol.


Habiter la frontière

avec Pascal Blanchard, Felwine Sarr, Jean Viard, Cédric Herrou et J.-M G Le Clézio - Saint-Malo 2018

Animé par Yann Nicol
Avec Pascal Blanchard, Felwine Sarr, Jean Viard, Cédric Herrou et J.-M G Le Clézio.


Rencontre avec J.M.G. Le Clézio

Saint-Malo 2014

Animé par Marie-Madeleine Rigopoulos.


Une Bretagne ouverte sur le monde

Saint-Malo 2014

Avec : Mona Ozouf, J-M-G Le Clézio, Michel Le Bris, Yann Queffélec, Jean-Michel Le Boulanger.


Oser penser une France multiculturelle

Saint-Malo 2014

Avec Jean-Marie Gustave Le Clézio, Pascal Blanchard, Didier Daeninckx, Michel Le Bris, Elisabeth Leuvrey, Michel Agier.