LARSEN Reif

États-Unis

Je m’appelle Radar (Nil Éditions, 2016)

©Elliott Holt

C’est avec beaucoup de plaisir que les amoureux de la géographie découvrent en 2010 Reif Larsen et son premier roman, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Le jeune et prometteur écrivain américain revient aux sources de la géographie, lorsque Paul Vidal de la Blache inventait la discipline au XIXe siècle, et déclarait que la géographie ne se faisait non pas dans les livres, mais avec un sac et des chaussures de marche. Sans que personne ne l’attende, ce roman bouscule le monde de la littérature jeunesse américain et est aussitôt encensé par toutes les critiques.

Du plaisir, Reif Larsen semble en prendre énormément lorsqu’il écrit. En effet, L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet n’a rien du carnet de voyage classique. Avec beaucoup d’humour, il parsème chaque page de nombreux schémas, notes ou collages, sortes de digressions analytiques, qui enchantent le lecteur. Il prouve avec beaucoup de brio que chaque petit détail de notre environnement, des fleurs des champs aux cartes des implantations des Mac Donald’s du Dakota sont riches d’enseignements. Professeur d’université aux États Unis, ancien élève brillant de l’université Columbia à New York, il ne manque pas de partager son savoir sans être professoral, et s’amuse à expérimenter de nouvelles manières de raconter de histoires à chaque page.

Avec beaucoup d’habileté, Reif Larsen ressuscite le mythe des hobos, ces vagabonds américains qui voyageaient en wagons marchandises, dormaient dans les granges des fermes qu’ils traversaient, et dont les codes gravés sur les porches des maisons servaient à mesurer l’hospitalité des fermiers. Avec un humour et une candeur irrésistibles, son héros rappelle inexorablement ces temps de crise où de jeunes aventuriers se jetaient sur les routes des États Unis. Il rappelle aussi qu’il suffit de franchir le pas de nos portes pour partir à l’aventure, à condition de garder le regard émerveillé d’un jeune garçon, ou d’un géographe en herbe.

L’auteur publie en 2016 Je m’appelle Radar, roman-kaléidoscope foisonnant, jubilatoire, culotté et mordant, qui joue de tous les genres et de toutes les traditions. Narrant l’histoire d’un enfant noir né de parents blancs, le livre promet de bousculer le lecteur, le conquérir et l’enchanter.


Bibliographie :

  • Je m’appelle Radar (Nil Éditions, 2016)
  • L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (Nil Éditions, 2010) - traduit par Hannah Pascal
Je m'appelle radar

Je m’appelle radar

Nil Editions - 2016

L’histoire est un kaléidoscope, et la vie un spectacle de marionnettes qui sont recyclées ou qui disparaissent quand leur rôle est terminé. Au début du cercle : Radar. Il naît dans le New Jersey en 1975 alors qu’une panne d’électricité plonge l’hôpital dans le noir. Lui-même vient au monde avec une peau d’un " noir d’aubergine " alors que ses parents sont blancs et que Charlene, sa mère, est une femme fidèle. Déboussolée par la couleur de peau de son petit garçon, Charlene le soumet à une batterie de tests. Après des années de vaine quête auprès de différents médecins, Charlene et son mari Kermin, un génie des ondes radioélectriques serbe, tentent un ultime essai : ils acceptent la bizarre invitation de Kirkenesferda, un groupe d’artistes-scientifiques du grand Nord norvégien. La roue du roman tourne. Arrêt sur la Serbie, 1992, en pleine guerre civile. Miroslav crée des spectacles bouleversants où, dans des boîtes noires, de minuscules marionnettes plus vraies que nature rejouent ou réinventent des événements du réel. La roue tourne à nouveau. Cambodge, peu avant 1975 : un jeune garçon adopté par un aristocrate français apprend les lois de la physique quantique. Puis le Cambodge est mis à feu et à sang par les Khmers rouges. Dans un camp de prisonniers, Kirkenesferda s’apprête à offrir à Pol Pot l’une de ses plus belles performances. La roue ralentit. New Jersey, 2010 : après avoir provoqué une panne d’électricité générale, Kermin disparaît. En le cherchant, Radar reçoit un mystérieux rendez-vous en morse. Dans le sous-sol d’un centre commercial abandonné, il découvre les derniers membres de Kirkenesferda. Ils sont entourés de centaines d’oiseaux-robots qui savent se coordonner les uns aux autres de façon autonome. Enfin la roue s’arrête (où repart ?) : Radar reçoit par texto un message de Kermin annonçant la naissance de son fils, Radar... Fantaisie, humour, imagination, péripéties et réflexion... le nouveau roman de Reif Larsen est construit en poupées russes, à travers différents lieux et diverses époques. Génial et jubilatoire.


Revue de presse :

  • « Captivant, magistral. Un roman multiforme passionnant. »
    Publishers Weekly

L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

Nil Editions - 2013

T. S. Spivet est un enfant prodige de douze ans, passionné par la cartographie et les illustrations scientifiques. Il dessine tout ce qu’il observe : la carte de ses rêves, les expressions de sa famille, le volume des voix, les distances qui séparent l’Ici de l’Ailleurs, les sauterelles mormones, et même les variations rageuses des ellipses de petits pois lors des repas... Mais T. S. se sent très seul. Il vit dans un ranch du Montana, entouré d’un père mutique, un cow-boy qui déteste les sciences, une mère entomologiste qui cherche depuis vingt ans une espèce fantôme de coléoptère, une soeur qui pense être (à juste titre) le seul individu normal de la famille, et leur chien, Merveilleux, dépressif depuis la mort accidentelle du fils aîné. Un jour, T. S. reçoit un appel inattendu du musée Smithsonian lui annonçant qu’il a reçu le très prestigieux prix Baird (un proche de la famille a envoyé ses dessins), et qu’il est invité à venir faire un discours. Il décide alors de traverser les États-Unis, à l’insu de tous, pour rejoindre Washington D.C., et tant pis si là-bas personne ne se doute qu’il n’est qu’un enfant. Au cours de ce périple, caché dans un train, T. S. continue de dessiner tout ce qu’il voit : à ses croquis et cartes, il ajoute des notes lumineuses sur la résilience de la mémoire, la relativité du temps, la manière de tenir un mug, les trous de ver du Middle West, le son du silence, la définition de la médiocrité, les signes distinctifs de l’âge adulte... Il se lance ainsi dans la lecture d’un carnet qu’il a dérobé à sa mère. Roman dans le roman, ce carnet dévoile l’incroyable histoire de son arrière-arrière-grand-mère, la première femme géologue du pays qui, comme sa mère, renonça à une brillante carrière scientifique pour épouser un homme des bois. Au terme de ce voyage, T. S. aura quitté le monde de l’enfance et se sera révélé à lui-même. Il aura compris que l’observation seule ne suffit pas à cerner le mystère de nos émotions. Et que la frontière entre la réalité et la fiction est parfois bien difficile à saisir, même pour le plus éminent des cartographes.

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