BEY Maïssa

Algérie

Nulle autre voix (éditions de l’Aube, 2018)

De son père, instituteur, mort sous la torture de l’armée française pendant la guerre d’Algérie, Maïssa Bey dit avoir reçu en héritage la langue française, qu’il lui a enseigné avant même qu’elle aille à l’école : « Il m’a transmis cela comme quelque chose de très précieux, car, pour lui, la langue permettait d’aller vers l’autre, de le comprendre ». Elle est l’autrice d’une dizaine de romans, de recueils de poésie et de nouvelles, ainsi que de trois pièces de théâtre, avec toujours en toile de fond cette Algérie natale et plus particulièrement la condition des femmes. 
Dans la lignée, Nulle autre voix, roman percutant, se fait le témoignage bouleversant d’une femme qui soigne les maux avec les mots, après avoir commis l’irréparable aux yeux de la société.

« Mon rapport à la langue française est un rapport d’amour. Je n’ai aucun complexe à écrire et à m’exprimer en français. L’essentiel est de pouvoir dire ce que j’ai à dire, ce que je ressens, mes colères et mes révoltes. Il n’y a pas de différence entre l’intime et l’écrit. » (Jeune Afrique)

Née en 1950 à Ksar-el-Boukhari, village de la région de Médéa, Maïssa Bey a suivi des études de Lettres à Alger avant de devenir conseillère pédagogique dans l’ouest algérien.

L’écho positif rencontré par ses premiers écrits sur l’Algérie la pousse à écrire un premier roman, Au commencement était la mer (Marsa Éditions), puis un recueil de nouvelles décrivant son pays déchiré par la violence : Nouvelles d’Algérie (Grasset, 1998), récompensé par le Grand Prix de la Nouvelle de la Société des Gens de Lettres. Son roman Cette fille-là, publié en 2001 aux éditions de l’Aube, consacre cette voix majeure de la littérature méditerranéenne et reçoit le Prix Marguerite Audoux.

Maïssa Bey réside aujourd’hui à Sidi-Bel-Abbès où elle anime une association culturelle : Paroles et écritures. Elle publie en 2008 Pierre Sang Papier et Cendre aux éditions de l’Aube, une fresque poétique sur 132 ans de colonisation française en Algérie qui a été adaptée au théâtre sous le titre Madame Lafrance par Jean-Marie Lejude.

Par une écriture superbe et retenue, Maïssa Bey dénonce la violence de la société algérienne aujourd’hui. Dans son recueil de nouvelles Sous le jasmin la nuit, paru en 2012, elle livre le portrait de onze femmes, onze Algériennes qui se heurtent à l’oppression masculine et voient leurs envies de liberté étouffées.

L’auteur aborde le sujet de l’immigration en 2013 dans une pièce de théâtre, Tu vois c’que j’veux dire ?. Inspirée d’un fait divers, l’histoire met en scène deux jeunes Algériens qui attendent sur le port le passeur qui doit les amener de l’autre côté de la Méditerranée. Cette attente est l’occasion pour ces personnages de livrer les douloureuses raisons de leur exil, entre désespoir et rêve d’un ailleurs.

S’ouvrant sur une citation de Marguerite Duras sur le processus de résilience que procure l’écriture, son dernier roman Nulle autre voix met en scène une femme qui sort de prison après quinze ans de détention, pour avoir tué son mari. Confronté au regard de la société, elle livre son histoire, ses raisons, son ressenti, face à l’opprobe et la violence d’un monde.


Bibliographie :

  • Nulle autre voix (éditions de l’Aube, 2018)
  • Hizya (éditions de l’Aube, 2015)
  • Tu vois c’que j’veux dire ? (Chèvre-Feuille Etoilée, 2013)
  • Sous le jasmin la nuit (L’Aube, 2012)
  • Algérie : Voyage de la méditerranée au Sahara, ouvrage collectif (La Martinière, 2010)
  • Puisque mon coeur est mort (L’aube, 2010)
  • Bleu Blanc Vert (L’aube, 2009)
  • Une et l’autre (L’aube, 2009)
  • Pierre Sang Papier ou Cendre (L’Aube, 2008)
  • Mon père, ouvrage collectif (Chèvre-feuille étoilé, 2007)
  • Bleu blanc vert (L’Aube, 2006)
  • Départements et territoires d’outre-ciel : Hommage à Léopold Sédar Senghor poète et francophone, ouvrage collectif (La passe du vent, 2006)
  • Alger 1951 : Un pays dans l’attente, ouvrage collectif (Le bec en l’air, 2005)
  • Sahara, mon amour : Précédé de Terre inachevée jusqu’à la perfection (L’Aube, 2005)
  • Surtout ne te retourne pas (L’Aube, 2005)
  • Cette fille-là (L’Aube, 2005)
  • L’ombre d’un homme qui marchait au soleil : Réflexions sur Albert Camus (Chèvre-feuille étoilé, 2004)
  • Sous le jasmin la nuit (L’Aube, 2004)
  • Journal intime et politique : Algérie, 40 ans après, ouvrage collectif, (L’Aube, 2003)
  • Au commencement était la mer (L’Aube, 2003)
  • Entendez-vous dans les montagnes... (L’Aube, 2002)
  • Cette fille-là (Editions de l’Aube, 2001)
  • Nouvelles d’Algérie (Grasset, 1998)
Nulle autre voix

Nulle autre voix

L’Aube - 2018

«  Je suis ou je serai bientôt un personnage de roman. Un roman qui aurait pour mots clés : Femme. Meurtre. Prison. Violence. Silence.  »
Elle a tué. Elle a purgé sa peine. Elle se tait. Tout est dit. Jusqu’au jour où une femme vient frapper à sa porte. Pourquoi lui ouvre-t-elle ? Peut-être parce que celle qui se présente comme l’écrivaine a prononcé le mot «  criminelle  ». Elle ne sait pas. D’abord rétive, elle se (dé-)livrera peu à peu. Paroles nues, paroles crues, qui démaillent, point par point, une histoire ancestrale, qui ne se raconte pas.

Nouvelles d’Algérie

L’Aube - 2021

Voici des nouvelles d’Algérie écrites dans l’urgence de dire, dans la volonté de témoigner, dans le désir de faire comprendre ce que sont les douleurs mais aussi les espoirs des Algériennes et des Algériens qui continuent à vivre dans leur pays, croyant encore une paix civile possible. Alors, bien sûr, il est question de la peur, omniprésente, une peur qu’il faut savoir affronter pour continuer à respirer. La mort rôde en permanence, imprévisible. Qui tue qui ? Au nom de qui ou de quoi ?
Chaque chapitre de ce livre dévoile l’absurde des situations, la fêlure à l’intérieur du pays, les déchirures dans les familles. Le livre ne dénonce pas : il raconte


Tu vois c'que j'veux dire ?

Tu vois c’que j’veux dire ?

Chèvre Feuille Etoilée - 2013

Deux jeunes gens courent vers le port où les attend le passeur à minuit pile... Mais dans cette nuit, au cours de ce chemin qui les mène vers le bateau dans lequel ils vont embarquer clandestinement, que va-t-il se passer ? Que vont-ils se dire ? Réussiront-ils à...? À partir d’un fait divers, Maïssa Bey interroge le pourquoi de l’immigration, le refus et l’espoir des jeunes, et là encore, avec subtilité, avec justesse, elle pointe du doigt – et de sa plume – ce qui lui semble inacceptable dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. "Elle donne, dans un entretien inédit, une explication de ce phénomène : « En Algérie, les passagers clandestins qui cherchent­ à gagner au péril de leur vie les rives nord de la Méditerranée sont appelés « Harraga­ » ou brûleurs de frontières. Ces aventuriers des temps modernes n’ont d’autres ressources que leurs rêves, d’autre bien que leur vie qu’ils n’hésitent pas à mettre en jeu. Au paradigme de la peur qui s’installe sur ces rives nord, peur des lendemains, peur de l’autre, peur de la perte de l’intégrité identitaire, peur d’être envahis, répond, sur les rives sud, le paradigme de la désespérance qui permet justement de s’affranchir de la peur, de la dépasser. » En ces heures de repli sur soi et de peur de l’autre, où l’Europe se transforme en forteresse, pour aller au-delà des idées reçues et déconstruire le discours qui fausse la réflexion sur l’émigration, le texte de Maïssa Bey nous propose une formidable occasion de réfléchir sur la désespérance de ces jeunes, sur leur capacité à donner corps à leurs rêves, au mépris du danger. Nous ne pouvons rester sourds à l’appel de ces jeunes qui rêvent d’une vie qu’ils espèrent plus digne. Si l’action se situe en Algérie pour ces « harraga », nous pensons qu’à travers les faits et les situations connues dans le monde entier, chaque tentative d’exil devient un drame universel." Jocelyne Carmichael, directrice de la Compagnie Théâtr’elles


Sous le jasmin la nuit

Sous le jasmin la nuit

L’Aube - 2012

"Écrire pour se libérer. Écrire pour dire la déraison de cette société qui étouffe les femmes. Écrire pour survivre, tout simplement." Thierry Leclère, Télérama "Onze nouvelles, onze voix de l’Algérie, autant de cris pour la liberté des femmes de ce pays. Ce livre est écrit tout en douceur et sobriété... Une immense compassion et un talent qui s’affirme de livre en livre." Thierry Bogaty, Le Figaro "Le verbe est beau, la prose haletante d’émotions, le ton percute. Il y a des nouvelles de sang et d’amour qui vous troublent jusqu’aux tréfonds de l’humanité, de l’essentiel. Remarquable." La Savoie


Puisque mon coeur est mort

Puisque mon coeur est mort

L’Aube - 2011

Il y a quelques années à peine, l’Algérie se teinte de rouge sang sous les couteaux (les klash) du terrorisme. Qui a pu oublier le visage ravagé de cette femme devenue pietà devant les cadavres de ses enfants égorgés ? Aujourd’hui, le gouvernement a choisi l’amnistie : est-elle même imaginable ? Maïssa Bey, dans ce roman qui nous prend aux tripes, au cœur, qui bouscule toutes nos convictions, parle du destin d’une de ces mères devenues orphelines de leurs enfants dans une guerre monstrueuse qui n’a même pas de nom. Le jour où elle découvre, sur une photo, le visage de l’assassin de son fils, Aïda part à sa recherche. Une quête dont elle retrace chaque soir le parcours dans des lettres qu’elle adresse à son enfant. Comment accorder dès lors son corps et sa raison au rythme du temps ? Comment, alors que bat en elle l’obsession de la vengeance, va-t-elle retrouver le goût des jours, le goût de la lumière, le goût des autres ? Plaie vive de l’absence mais aussi désir d’aller au-delà de la douleur pour tenter de comprendre, d’affronter la conjuration du silence et de l’oubli, et surtout de redonner sens aux mots « justice » et « vérité ». Une fois de plus, le talent de Maïssa Bey lui permet de créer chez ses lecteurs une mystérieuse – et fascinante – empathie, qui les imprégnera à jamais.


Surtout ne te retourne pas

Surtout ne te retourne pas

L’Aube - 2011

Profondément ébranlée par le tremblement de terre survenu dans son pays, Amina, une jeune fille jusqu’alors sans histoire, décide brusquement de rejoindre la cohorte des victimes du séisme...


Pierre Sang Papier ou Cendre

Pierre Sang Papier ou Cendre

2008

Ce torrent de feu qui creuse le gouffre de l’irrémédiable s’appelle napalm.
L’enfant court sur les chemins de poussière. Il trébuche sur les gravats.
Il pleut des pointes de feu.
Il pleut des éclats de lumière.
Cours mon fils, cours !
Ne t’arrête pas !

Algérie 1830-1962 : pendant 132 ans, madame Lafrance s’est installée sur "ses" terres pour y dispenser ses lumières et y répandre la civilisation, au nom du droit et du devoir des "races supérieures". Face à elle, l’enfant, sentinelle de la mémoire, va traverser le siècle, témoin à la fois innocent et lucide des exactions, des spoliations et des entreprises délibérées de déculturation, jusqu’à la comédie de la fraternisation.


Cette fille là

Cette fille là

L’Aube - 2001

Zones interdites : écrivains d’Afrique face aux tabous

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : BELHADDAD Souâd, BEY Maïssa, BUGUL Ken, TCHAK Sami - Saint-Malo 2002