EL ASWANY Alaa

Égypte

J’ai couru vers le Nil (Actes Sud, 2018)

Dentiste de formation, il est l’une des figures phares de la littérature égyptienne révélée en 2002 avec L’Immeuble Yacoubian, une fresque sociale sur la vie cairote, best-seller dans tout le monde arabe adaptée depuis au cinéma. Héraut de la démocratie, il devient en 2011 un personnage public clé de la Révolution égyptienne qu’il relate dans Chroniques de la Révolution égyptienne. Après Automobile club Égypte, peinture acerbe de la société égyptienne d’avant Nasser menée par une élite liée à la monarchie, le « pharaon des lettres » comme la presse le surnomme, revient avec un roman polyphonique où les mondes s’entrechoquent dans une Égypte en proie à la rupture. Interdit de diffusion dans l’ensemble du monde arabe, à l’exception du Liban, du Maroc et de la Tunisie, J’ai couru vers le Nil relate la tragédie, les travers et les complexités d’une révolution avortée.

Alors qu’il exerce encore son premier métier de dentiste au centre du Caire, en janvier 2011, le Printemps Arabe tire Alaa El Aswany de son cabinet. Héraut de la démocratie, il s’illustre lors de la révolution égyptienne, aussi bien dans les médias qu’aux côtés des Égyptiens sur les estrades de la place Tahir. "Hier, j’ai parlé devant 5 000 personnes, la télé a dit qu’il y en avait 100. On ne peut plus faire ça aujourd’hui. La dictature la plus fermée au monde serait moins bête", confie-t il aux envoyés spéciaux de Télérama le mercredi 1er février 2011. Les médias égyptiens lui accordent une place de choix dans les mois qui suivent : le 2 mars 2011, il affronte le premier ministre par intérim nommé par Moubarak, Ahmed Chafik, lors d’un débat télévisé. Ce dernier donnera sa démission du gouvernement le lendemain. Très marqué par Gabriel García Márquez et son Automne du Patriarche, il prédit en janvier 2011 aux médias étrangers que Moubarak suivra la même trajectoire que le héros du roman, passant du déni de la contestation à la fuite précipitée en avion.

Avec Chroniques de la Révolution égyptienne, Alaa El Aswany revient sur les mois de révolte et le vent de liberté qui a soufflé sur l’Égypte en 2011. Au travers d’une série de textes publiés dans des journaux égyptiens, ce recueil offre au lecteur français un recul appréciable sur les événements, analysant en profondeur les impasses de la société égyptienne et les rouages de la dictature, invitant notamment à regarder la condition des femmes comme un symptôme des blocages de la société égyptienne. Le livre se ferme enfin sur l’évocation d’une dernière menace anti-démocratique.

L’auteur revient à la forme romanesque en 2014 avec Automobile Club d’Égypte, replonge dans son pays, à la fin des années 40. Selon lui, replonger dans le passé est une façon détournée de s’exprimer sur le présent : "toutes les questions humaines qui ont conduit à la révolution actuelle sont déjà dans le roman", déclare-t-il. Le club dont il est question ici est un microcosme de la société égyptienne avant la venue au pouvoir de Nasser ; une élite, liée à la monarchie, se vautre dans le luxe tandis que le peuple est asservi. Une façon pour l’auteur de dresser un parallèle entre la révolution de 1952 et le soulèvement du printemps arabe.

Paru en 2014, Extrémisme religieux et dictature. Les deux faces d’un malheur historique réunit une série d’articles qu’il écrit et publie en Égypte. Il explique que la mauvaise interprétation de la religion qui pousse vers le fascisme religieux est très proche de la montée de la dictature : ce sont les deux aspects d’une même idée. Il revient sur le thème de la religion : comment elle est pratiquée, comment l’interprétation plus ouverte de la fin du XIXème siècle a été détournée par des forces politiques, économiques, par le wahhabisme qui, financé et soutenu par l’argent du pétrole depuis les années 70, est très présent dans la pratique de l’Islam en Egypte. Plusieurs de ses chroniques parlent entre autres de la situation des femmes, du rapport aux corps, du rapport aux étrangers, ainsi que du rapport aux autres religions, restant très critique vis-à-vis de la politique en Égypte.

En 2018, il persiste dans sa bataille et signe J’ai couru vers le Nil, mise en scène de la tragédie de la contre-révolution. Véritable fresque de la société égyptienne à l’aube du printemps arabe, ce roman met en scène des personnages, mais également un pays, en proie à la rupture. Cette révolution, Alaa El Aswany la fait brillamment sienne avec ce récit puissant, au milieu des cendres laissées par les espoirs déçus de la place Tahrir.

Par ailleurs, son engagement lui vaut d’être poursuivi par le parquet général militaire égyptien pour insultes contre le pouvoir.


Bibliographie

  • J’ai couru vers le Nil (Acte Sud, 2018)
  • Extrémisme religieux et dictature. Les deux faces d’un malheur historique (Actes Sud, 2014)
  • Automobile Club d’Egypte (Actes Sud, 2014)
  • Chroniques de la Révolution égyptienne (Actes Sud, 2011)
  • J’aurais voulu être Égyptien ( Actes Sud, 2009)
  • Chicago (Actes Sud, 2008)
  • L’immeuble Yacoubian (Actes-Sud, 2006)
J'ai couru vers le Nil

J’ai couru vers le Nil

Actes Sud - 2018

Le Caire, 2011. Alors que la mobilisation populaire est à son comble sur la place Tahrir, Asma et Mazen, qui se sont connus dans une réunion politique, vivent leurs premiers instants en amoureux au sein d’une foule immense. Il y a là Khaled et Dania, étudiants en médecine, occupés à soigner les blessés de la manifestation. Lui est le fi ls d’un simple chauffeur, elle est la fille du général Alouani, chef de la Sécurité d’État, qui a des yeux partout, notamment sur eux. Il y a là Achraf, grand bourgeois copte, acteur cantonné aux seconds rôles, dont l’amertume n’est dissipée que par ses moments de passion avec Akram, sa domestique. Achraf dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir et qui, à la suite d’une rencontre inattendue avec Asma, a été gagné par la ferveur révolutionnaire. Un peu plus loin, il y a Issam, ancien communiste désabusé, victime de l’ambition de sa femme, Nourhane, présentatrice télé, prête à tout pour gravir les échelons et s’ériger en icône musulmane, qu’il s’agisse de mode ou de mœurs sexuelles.
Chacun incarne une facette de cette révolution qui marque un point de rupture, dans leur destinée et dans celle de leur pays. Espoir, désir, hypocrisie, répression, El Aswany assemble ici les pièces de l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui est aussi la sienne. À ce jour, ce roman est interdit de publication en Égypte.


  • « Ce roman, interdit de publication en Égypte, ose dire les travers et les complexités de la société post-Hosni Moubarak. » Moyen-Orient
  • « Roman d’une ambition folle. Conteur extraordinaire, Alaa El Aswany réussit ici le grand roman de la révolution égyptienne. » Télérama
  • « L’un des plus grands écrivains contemporains, mieux, le pharaon des lettres en personne. Un roman formidable. A la fois portrait en mosaïque d’une révolution, hommage à la jeunesse, aussi, qui y a cru, ce roman est aussi un brûlot contre ceux qui, des militaires aux religieux ont cassé les espoirs de cette jeunesse. Mais c’est de surcroît un roman haletant et plein d’une ironie salutaire. J’ai couru vers le Nil est aussi un roman à la drôlerie féroce, contestataire, puisque l’écrivain y pourfend les hypocrisies du pouvoir, politique, religieux, dans tous ses aspects, même dans son rapport à la sexualité. » France Culture, Le temps des écrivains
  • « Alaa El Aswany, le chroniqueur de L’immeuble Yacoubian, est devenu l’un des porte-paroles de la Révolution de Tahrir. » France Inter, La marche de l’Histoire
  • « Un livre courageux et efficace. Le roman vibre de la sombre urgence des illusions meurtries, mais pas tout à fait perdues. » Transfuge
L'automobile club d'Egypte

L’automobile club d’Egypte

Actes Sud - 2014

Dans un club huppé dont l’accès est strictement réservé aux étrangers et à quelques aristocrates locaux, un ancien valet de chambre du roi Farouk assure la fonction de majordome avec une sadique cruauté. À travers l’histoire mouvementée de ce club, l’auteur de L’Immeuble Yacoubian investit tout son talent de conteur pour explorer en profondeur les relations complexes entre dominants et dominés. Dans L’Immeuble Yacoubian, Chicago, J’aurais voulu être égyptien, Alaa El Aswany nous dépeint l’Égypte contemporaine, celle qui va immanquablement déboucher sur la révolution du 25 janvier 2011. Par ses chroniques, il nous montre cette révolution en train de se faire. Avec son nouveau roman, Automobile Club d’Égypte, Alaa El Aswany nous fait remonter une soixantaine d’années en arrière. L’Égypte est alors placée sous le contrôle étroit des troupes britanniques. Elle a un roi d’origine turque qui se consacre à ses plaisirs. Le roi et les Anglais, quels qu’aient pu être les différends qui les ont autrefois opposés, partagent un ennemi commun : le mouvement nationaliste égyptien du parti Wafd, mais aussi les communistes et les syndicalistes qui réclament des droits pour les travailleurs ainsi que pour le pays. Le prisme que choisit l’écrivain pour révéler cette société aux multiples facettes est l’Automobile Club du Caire. Cet endroit prestigieux dont le bâtiment se dresse toujours à deux pas de la place Tahrir accueille alors le roi presque tous les soirs pour de mémorables parties de poker. Il est ouvert aux étrangers ainsi qu’à l’aristocratie d’origine turque ou syro-libanaise. Rares y sont, parmi les adhérents, les authentiques Égyptiens. Ils ne dirigent pas, non plus, l’établissement. Mais ce sont eux qui cuisinent, qui nettoient, qui servent. En haut les étrangers et leurs amis et complices, en bas les serviteurs venus de Haute-Égypte et de Nubie, soumis à la dure férule d’un esclave du palais devenu tout puissant. Parmi ces serviteurs, Abdelaziz Hamam est l’héritier d’une grande famille ruinée de Haute-Égypte. Il est monté au Caire avec son épouse, ses trois garçons et sa fille, poussé par la nécessité et dans le but d’assurer l’éducation de ses enfants. C’est cette famille qui fera le lien entre tous les récits parallèles d’un kaléidoscope à travers lequel Alaa El Aswany donne à voir son pays à la veille du moment où sont réunies toutes les conditions d’une explosion révolutionnaire. La révolte, nous la voyons monter, nous l’entendons gronder, à travers l’enchevêtrement des destinées individuelles. Nous n’en voyons pas, dans ce récit, l’aboutissement. Lorsque nous fermons le livre, l’ordre en place ne semble pas ébranlé. Pourtant nous sentons bien que l’édifice se lézarde. Le Kwo, l’esclave du Palais qui en symbolisait l’oppression, est tué. Nous autres, lecteurs, savons – ce que ne peuvent qu’ignorer les personnages aux côtés desquels nous avons vécu tout au long de ces cinq cents pages – qu’il ne reste que quelques années avant que les officiers libres ne renversent l’ancien régime. À nous, avec tout ce que nous savons de l’histoire de ces soixante dernières années, d’imaginer la suite.

Roman traduit de l’arabe (Égypte) par Gilles Gauthier


Automobile Club d'Égypte

Automobile Club d’Égypte

Actes Sud - 2014

En cette fin des années 1940, sous les pales des ventilateurs de l’Automobile Club du Caire, l’Égypte des pachas et des monarques flirte avec aristocrates et diplomates de tout poil, pour peu qu’ils soient européens. Régulièrement, Sa Majesté le roi honore de son éminente présence la table de poker. Extravagance, magnificence et décadence qui s’arrêtent aux portes des salons lambrissés. Dans les communs, une armada de serveurs et d’employés venus de Haute-Égypte et de Nubie s’escriment à satisfaire les exigences de l’inflexible El-Kwo, le chambellan du roi. L’esclave du monarque est aussi le chef suprême des employés de tous les palais royaux, qui régente dans ses moindres détails leur misérable existence et se délecte à professer l’art de la soumission.

Parmi ses “sujets” : Abdelaziz Hamam, descendant d’une puissante famille ruinée, venu au Caire dans l’espoir d’assurer l’éducation de sa progéniture. À suivre les chemins contrastés qu’empruntent ses enfants, on découvre les derniers soubresauts de l’Égypte pré-nassérienne : morgue des classes dominantes, dénuement extrême des laissés-pour-compte, éveil du sentiment nationaliste. De toute part l’édifice se lézarde, et dans le microcosme de l’Automobile Club, où le visage noir charbon d’un domestique ajoute une touche d’élégance au décorum, frémissent les temps futurs et l’explosion révolutionnaire qui va embraser le pays.

Engagé et humaniste comme jamais, Alaa El Aswany renoue ici avec les récits populaires et hauts en couleur de l’irrésistible Immeuble Yacoubian et désigne inlassablement la seule voie juste pour son pays : une démocratie égyptienne à construire.


Extrémisme religieux et dictature. Les deux faces d'un malheur historique

Extrémisme religieux et dictature. Les deux faces d’un malheur historique

Actes Sud - 2014

EXTRÉMISME RELIGIEUX ET DICTATURE sont les deux faces d’un même malheur historique. Voici plus de trente ans que les Égyptiens – et avec eux tous les peuples arabes – sont acculés face à ce dilemme : impossible sans démocratie d’en finir avec le fascisme religieux, impossible de bâtir la démocratie sans mettre fin au fascisme religieux. Entre ces maux d’égale nocivité il n’y a pas à choisir : il faut les combattre tous deux avec une même ardeur. C’est sur cette difficile ligne de crête que les Arabes doivent se maintenir s’ils souhaitent redevenir pleinement sujets de leur propre histoire. Cette problématique qui sous-tend toute l’œuvre littéraire d’Alaa El Aswany est également le thème central de la chronique hebdomadaire par laquelle, depuis cinq ans, il poursuit au grand jour son double combat pour la liberté.
Tant que les femmes ne seront pas considérées comme des êtres humains à part entière, tant que les coptes et les bahaïs d’Égypte, tant que les chiites de Bahrein et d’Arabie Saoudite ne seront pas totalement égaux en droits avec les autres citoyens, les peuples arabes ne pourront pas secouer les chaînes de leur servitude. Liberté, égalité, justice, démocratie : pendant cinq ans – avant la révolution de 2011, puis tout au long des péripéties qui ont suivi –, l’auteur de L’Immeuble Yacoubian a martelé ces mots pour mieux les faire pénétrer dans la conscience de ses concitoyens.
Ces valeurs sont-elles incompatibles avec l’islam ? Non, nous dit-il, mais elles le sont avec ce que l’islam est devenu, au terme de siècles de décadence et de tyrannie, dans sa version la plus caricaturale, celle d’un salafisme sclérosé aux références médiévales propagé grâce à l’argent du pétrole sur le terrain propice de sociétés en crise. Au cœur de la religion se trouvent des valeurs spirituelles – ou humaines – universelles. Tout le reste – les rites, la charia – est une construction opportuniste au service d’une volonté de pouvoir, un moyen d’asservir les hommes et de les aveugler.

Traduit de l’arabe par Gilles Gauthier


Chroniques de la révolution égyptienne

Chroniques de la révolution égyptienne

Actes Sud (Babel) - 2013

Les cinquante chroniques réunies dans ce livre sont des instantanés de la réalité, elles s’emparent d’une anecdote ou d’un fait divers, développent une argumentation et finissent toujours par conclure : "La démocratie est la solution". Elles constituent un document exceptionnel sur l’état de l’Egypte d’avant la révolution, et sur les tensions, contradictions et difficultés qui subsistent aujourd’hui encore, plusieurs mois après les événements. Rigoureux dans ses analyses, pédagogue dans ses prises de position et opiniâtre dans son combat pour une vraie démocratie à construire, le plus célèbre des écrivains égyptiens contemporains fustige tour à tour un régime corrompu, le délitement de la justice, l’indigence des structures hospitalières, la torture et les exactions de la sécurité d’Etat, les manoeuvres visant à une transmission héréditaire du pouvoir, l’inégalité des droits octroyés aux femmes, la haine des différences religieuses, les fausses interprétations de l’islam et, en ce moment même, la persistante présence des hommes de l’ancien régime dans bien des rouages de l’Etat. Comme le rappelle dans sa préface Gilles Gauthier, son traducteur, si les grands romans d’Alaa El Aswany amenaient à comprendre la nécessité d’une révolution pour l’Egypte, ces chroniques montrent toute l’étendue des risques qu’il a pris et continue de prendre, désignant entre dictature et dérives doctrinales une voie juste et exigeante, à laquelle il se consacre avec une inébranlable détermination. >>> à paraître en 2013 (?) “The automobile Club of Egypt”

Traduit de l’arabe (Égypte) et préfacé par Gilles Gauthier


Revue de presse :

  • « L’écrivain, conscience éclairée de son temps, comme au XIXe siècle, fait donner le bélier furieux de ses mots, fait claquer ses phrases limpides, reprend inlassablement les mêmes arguments et déroule ces démonstrations, pour enfoncer les portes du mensonge et de l’hypocrisie. » David Fontaine, Le Canard enchaîné.
  • « Article après article, Alaa El Aswany s’étonne douloureusement de la déliquescence morale de son pays, à laquelle la religion sert de paravent. » Pierre Prier, Le Figaro.
  • « Ces Chroniques d’un écrivain engagé au service de la cause de son peuple et de tous les peuples privés des libertés fondamentales ont une portée qui transcende l’événement : elles sont l’œuvre d’un véritable humaniste. » Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo.
  • « C’est un humaniste qui s’exprime dans la langue colorée du romancier, un témoin qui dénonce l’aliénation et la soumission du peuple égyptien avec autant de fermeté que de compassion. » Thomas Flamerion, My Boox.

J'aurais voulu être Égyptien

J’aurais voulu être Égyptien

Actes Sud - 2010

“Si je n’étais pas né égyptien, j’aurais voulu être égyptien”, la célèbre citation de Mustapha Kamel donne le ton de ce recueil : voici l’Egypte placée sous le feu d’un écrivain amoureux de son pays et qui, par le détour de la fiction, fait apparaître les turpitudes et les contradictions d’une société à la dérive. Interdit de publication par l’Office du livre, pour cause d’insulte à l’Egypte, le premier de ces récits, “Celui qui s’est approché et qui a vu”, donne précisément à voir un monde où règnent les faux-semblants et l’hypocrisie. Par une cinglante et implacable ironie, pour décrire des êtres prisonniers de l’obscurantisme et de l’arbitraire, l’auteur fait exister sous nos yeux des personnages singuliers qui évoquent l’univers d’un Dostoïevski à l’ombre des pyramides. Tendres et cruels, ces récits foisonnent de fi gures magnifi ques qui nous font pénétrer un monde où l’imaginaire laisse une empreinte vive dans ce que nous croyons être le réel.

Traduit de l’arabe (Égypte) par Gilles GAUTHIER


Chicago

Chicago

Actes Sud - 2008

Même vue de loin, des couloirs d’une université - d’une société - américaine amie-ennemie toute en contrastes, l’Egypte reste au coeur du nouveau roman d’Alaa El Aswany et de ses personnages, pris dans les contradictions de leur sentiment d’appartenance à un pays qui les exalte autant qu’il les déçoit. D’une lucidité implacable, l’auteur de L’Immeuble Yacoubian n’a rien perdu de son humour ni de son incoercible goût de la vie.

Alaa El Aswany nous entraîne vers un nouvel univers romanesque en déplaçant son regard jusqu’à Chicago. C’est en effet dans cette ville mythique et sulfureuse qu’il a choisi de recréer une Little Egypt en exil, s’inspirant d’un département de l’université de Chicago qu’il a lui-même bien connu lors de ses années de formation américaines. Avec son art de camper de multiples personnages et de susciter des intrigues palpitantes, El Aswany compose un magnifique roman polyphonique. D’un chapitre à l’autre, il entrecroise des vies qui se cherchent et se perdent dans les méandres du monde contemporain, des existences meurtries d’avoir été transplantées dans un univers à la fois étrange et étranger, quel que soit le désir parfois de s’identifier à l’american way of life. L’Egypte est là, en plein cœur d’une Amérique traumatisée par les attentats terroristes du 11 Septembre. Alors que la visite officielle du président égyptien à Chicago est annoncée, le système policier de l’ambassade se met en branle, orchestré par le redoutable Safouat Chaker, qui contrôle et surveille tous les Egyptiens vivant en Amérique. Complot, manipulation, protestation de liberté et soumission au pouvoir, bravoure et lâcheté... - le livre prend, avec cette dimension politique, l’ampleur d’un ambitieux roman exprimant le monde dans la douceur de ses rêves comme dans la violence de ses contradictions. Alaa El Aswany confirme ainsi son talent et s’affirme comme un des grands écrivains arabes contemporains.

Traduction de Gilles Gauthier


L'immeuble Yacoubian

L’immeuble Yacoubian

Actes Sud - 2007

Connaissez-vous Alaa El Aswany ? C’est un véritable phénomène, avec cent mille exemplaires de L’Immeuble Yacoubian vendus en quelques mois, un film en cours de tournage avec une grande mobilisation de moyens et d’acteurs célèbres. Très vite, poussé par la rumeur, le livre s’est répandu dans le monde arabe, a été traduit en anglais, et le voici aujourd’hui en français. L’auteur est un vrai Egyptien, enraciné dans la terre noire du Nil, de la même veine que Naguib Mahfouz. Il pose un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège. Il ne juge pas, mais préfère nous montrer les espoirs puis la révolte de Taha, le jeune islamiste qui rêvait de devenir policier ; l’amertume et le mal de vivre de Hatem, homosexuel dans une société qui lui permet de jouir mais lui interdit le respect de l’amour ; il nous fait partager la nostalgie d’un passé révolu du vieil aristocrate Zaki ; l’affairisme louche mêlé de bigoterie et de lubricité d’Azzam ; la dérive de la belle et pauvre Bous-saïna, tout cela à l’ombre inquiétante du Grand Homme, de ses polices et de ses sbires de haut vol comme l’appa-ratchik El-Fawli, et à celle non moins inquiétante d’un islam de combat, qui semble être la seule issue pour une jeunesse à qui l’on n’a laissé aucun autre espoir. Alaa El Aswany ne cherche pas le scandale. Il nous dit simplement que le roi est nu. Il nous montre ce que chacun peut voir autour de lui mais que seule la littérature rend vraiment visible. Nous comprenons un peu mieux comment va l’Egypte, certes, mais aussi comment va le monde et - peut-être également - pourquoi explosent les bombes...

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Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Serge July et Axel Salvatori-Sinz, une rencontre animée par Pierre Haski


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Avec Alaa El Aswany, Elise Fontenaille-N’Diaye, Jean-Christophe Rufin, Manon Loizeau, Mehran Tamadon et Olivier Weber. Débat animé par Pierre Haski


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Avec Phillippe Val, Alaa El Aswany, Taiye Selasi, Daniel Le conte, Russell Banks et Pascal Blanchard - Saint-Malo 2015

Avec Phillippe Val, Alaa El Aswany, Taiye Selasi, Daniel Le Conte, Russell Banks et Pascal Blanchard. Rencontre animée par Pierre Haski.

C’est devenu une affaire internationale : 6 écrivains de langue anglaise (dont Taiye Selasi) bientôt soutenus par 120 autres (dont Russell Banks) ont refusé de participer au Pen World Voice Festival (4-10 mai) qui décernait son prix de la liberté d’expression à Charlie Hebdo. Deux conceptions du monde qui s’opposent, l’une anglo-saxonne, l’autre française ? Ou bien une crispation traduisant que ces deux modèles sont en crise et appellent une pensée nouvelle ? L’occasion d’en débattre sereinement. Et pour cela, un des grands moments du festival... Une rencontre entre Russell Banks, Taiye Selasi, Pascal Blanchard, Alaa El Aswany, Philippe Val et Daniel Leconte.


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Printemps Arabes - Un an plus tard

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L’Égyptien Alaa El Aswany, le Lybien Hisham Matar et les Algériennes Wassyla Tamzali et Sofia Djama reviennent sur leur vécu des Révolutions Arabes et examinent les enjeux de la situation actuelle


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Avec Leïla Kilani, la réalisatrice de "Sur la planche", Alaa El Aswany, Raja Shehadeh, Paolo Rumiz et Hubert Haddad


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