FOFANA Libar

Guinée

L’étrange rêve d’une femme inachevée (Gallimard, 2012) Prix Ouest France-Étonnants Voyageurs 2012

© J. Sassier/Gallimard

Libar M. Fofana fait parti de cette nouvelle génération d’écrivains africains qui expriment avec force la réalité violente d’un continent enlisé dans la mémoire sanglante des indépendances trahies et des promesses démocratiques violées. Sa voix crie la souffrance des peuples, clame un mal qui traverse toute son œuvre et s’incarne dans des personnages malades, mutilés, violentés, traqués. Ainsi, dans son quatrième roman, Le Diable dévot (Gallimard, 2010), l’écrivain guinéen narre la descente aux enfers d’une fillette vendue par son père, un imam prêt à tout pour conserver ses privilèges.

Si Libar Fofana parle de la douleur, c’est que lui-même la connaît bien. Né à Conakry en 1959, il se voit contraint de fuir son pays à l’age de 17 ans alors que son père est enfermé et torturé dans la célèbre prison de Camp Boira. Pour échapper à la haine portée aux Peuls, considérés comme étant des ennemis de la révolution marxiste, Libar Fofana gagne le Mali à pied, puis la Côte d’Ivoire, d’où il s’embarque pour l’Europe. Après trois ans de travaux divers, il va en Suisse et suit une formation en génie électrique à Genève. En 1984, il arrive en France. Diplômé d’informatique à Aix-en-Provence, il travaille pendant dix ans à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille.

La douleur, c’est elle aussi qui conduit Libar Fofana à l’écriture. C’est en effet en 1993, quand il perd une grande partie de son audition lors d’un concert, que commence son aventure littéraire. À l’hôpital, il se met à écrire : incapable de lire sur les lèvres, on lui donne un crayon et papier pour s’exprimer. Après sa convalescence, il continue à écrire, d’abord des textes courts puis des nouvelles. En 2004, paraît son premier roman, Le fils de l’arbre, dans la collection Contients noirs de Gallimard. Il y retrace le parcours de Bakari, un homme qui revient dans son village, en Guinée, quarante ans après l’avoir fui suite à un mariage forcé, à l’âge de 17 ans.

Poursuivant cette plongée au cœur des tourments du contient noir, Libar M. Fofana publie en 2005, N’Körö (Gallimard), une terrible histoire de vengeance, de violence, d’amour et de mort, entre sorcellerie et milice populaire dans la Guinée des années 1970. Ce sont ces mêmes années, en proie au délire mégalomaniaque de Sékou Touré, que l’auteur décrit dans son troisième roman, Le cri des feuilles qui meurent (Gallimard, 2007), brossant le paysage social d’un pays écorché, véritable cour des miracles africaine où pullulent des personnages pittoresques.

Dans L’étrange rêve d’une femme inachevée, roman lauréat du prix Ouest France-Étonnants Voyageurs 2012, Libar Fofana donne naissance à deux soeurs siamoises. L’une est belle et l’autre diaboliquement intelligente. Une fable tragique, drôle et cruelle, qui sonde la force émancipatrice de l’esprit lorsque le corps est enchaîné.


Revue de presse :

« C’est fort. Et totalement magique ! » Hervé Bertho, Ouest-France

« Avec cet Étrange Rêve d’une femme inachevée, Libar M. Fofana poursuit sur la lancée de ses précédents romans dans la mise en scène de personnages physiquement diminués ou contraints, le tout sur fond de liens de parenté. (...)
Au meilleur de ses dons de conteur hors pair, Libar M. Fofana revient nous tendre un miroir enchanteur et dramatique avec une histoire poignante et drôle, cruelle mais d’une grande humanité. », Fabien Mollon, Jeune Afrique


Bibliographie :

  • L’étrange rêve d’une femme inachevée (Gallimard, 2012), Prix Ouest France-Étonnants Voyageurs 2012
  • Le diable dévôt (Gallimard, 2010)
  • Le cri des feuilles qui meurent (Galliamard, 2007)
  • N’körö (Gallimard, 2005)
  • Le fils de l’Arbre (Gallimard , 2004)

Présentation : L’étrange rêve d’une femme inachevée

couverture « Leur quête d’identité était en réalité une quête de place. Quelle place ai-je dans ce monde ? Se sentant rejetées, elles se rapprochèrent l’une de l’autre. Face à ceux qui les excluaient, elles s’unirent à nouveau pour résister. Cette alliance tacite modifia la nature de leur lien. Il devint protecteur. Ce besoin vital qu’elles avaient l’une de l’autre s’avéra à la longue une souffrance. Car, là où elles cherchaient à s’émanciper et à affirmer chacune son identité, elles se retrouvèrent enchaînées à un destin commun. »

Mais la beauté de Hawa, son corps presque normal lui valent très tôt des commentaires flatteurs et une bienveillance dont est privée Toumbou (« Asticot »), sa plus que jumelle, perçue comme un monstre. Ce tourment muet se transforme peu à peu en haine. La première rêve d’amour, la seconde, de devenir ministre. Or, comment avoir chacune une avenir propre tout en étant charnellement attachée à l’autre par une nature tragique et facétieuse ? La douloureuse route commune de deux sœurs siamoises pourra-t-elle s’ouvrir un jour sur deux destins particuliers ?


Présentation : Le diable dévot

spip_logoDans l’incapacité pécuniaire d’effectuer un pèlerinage à La Mecque, l’imam Galouwa craint d’être remplacé par un jeune hadji qui convoite sa place et ses privilèges. Un octogénaire lui propose le prix d’un billet d’avion en échange de sa fille Hèra, âgée de treize ans. Vendre la chair de sa chair au diable pour conserver sa religieuse fonction ? Ce marché horrible ne plonge pas du tout Galouwa dans les affres d’un choix impossible. Un imam doit-il tout accepter pour mériter d’Allah ? Que vaut une fille pour son père quand la passion et l’ambition religieuses s’en mêlent ? Et l’amour ne peut-il être alors qu’un rêve sur de la chair meurtrie ? Peut-il toucher à une diabolique rédemption ?

Le diable dévot est un roman d’une rare et cruelle lucidité, une tranche de vie vraie coupée dans la peau d’une jeune fille pour la plus grande gloire de Dieu, diraient d’autres religieux dans une autre religion. Un déchirant sacrifice, une passion portée par une écriture cristalline à en émouvoir jusqu’à la pierre carrée de La Mecque.

Depuis Le fils de l’arbre, son premier roman, Libar M. Fofana nous tend le miroir des réalités, lointaines et si proches, qui nous fascinent et nous assiègent. Le diable dévot est son quatrième roman.

Le diable dévot figure parmi les 20 romans de la première sélection du Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2010.

Revue de presse :

  • « Récit très maigre et dense, Le diable dévot lève le voile sur des situations humaines bouleversantes. » L’Humanité

L’étrange rêve d’une femme inachevée

Gallimard - 2012

« Leur quête d’identité était en réalité une quête de place. Quelle place ai-je dans ce monde ? Se sentant rejetées, elles se rapprochèrent l’une de l’autre. Face à ceux qui les excluaient, elles s’allièrent pour résister. Cette union nouvelle modifia la nature de leur lien viscéral. Il devint protecteur. Ce besoin vital qu’elles avaient l’une de l’autre s’avéra à la longue une souffrance. Car, là où elles cherchaient à s’émanciper et à affirmer chacune son identité, elles se retrouvèrent enchaînées à un destin commun. » Mais la beauté de Hawa, son corps presque normal lui valent très tôt des commentaires flatteurs et une bienveillance dont souffre Toumbou (nom qui veut dire « Asticot »), sa plus que jumelle, perçue comme un monstre. Ce tourment muet se transforme peu à peu en haine. La première rêve d’amour, la seconde, de devenir ministre. Or, comment avoir chacune un avenir propre tout en étant charnellement attachée à l’autre par une nature tragique et facétieuse ? La douloureuse route commune de deux sœurs siamoises pourra-t-elle s’ouvrir un jour sur deux destins particuliers ? Au meilleur de ses dons de conteur hors pair, Libar M. Fofana revient nous tendre un miroir enchanteur et dramatique avec une histoire poignante et drôle, cruelle mais d’une grande humanité.


Le diable dévôt

Gallimard - 2010

Dans l’incapacité pécuniaire d’effectuer un pèlerinage à La Mecque, l’imam Galouwa craint d’être remplacé par un jeune hadji qui convoite sa place et ses privilèges. Un octogénaire lui propose le prix d’un billet d’avion en échange de sa fille Hèra, âgée de treize ans. Vendre la chair de sa chair au diable pour conserver sa religieuse fonction ? Ce marché horrible ne plonge pas du tout Galouwa dans les affres d’un choix impossible. Un imam doit-il tout accepter pour mériter d’Allah ? Que vaut une fille pour son père quand la passion et l’ambition religieuses s’en mêlent ? Et l’amour ne peut-il être alors qu’un rêve sur de la chair meurtrie ? Peut-il toucher à une diabolique rédemption ? Le diable dévot est un roman d’une rare et cruelle lucidité, une tranche de vie vraie dans la peau d’une jeune fille pour la plus grande gloire de Dieu, diraient d’autres religieux dans une autre religion. Un déchirant sacrifice, une passion portée par une écriture cristalline à en émouvoir jusqu’à la pierre carrée de La Mecque.


Le cri des feuilles qui meurent

Gallimard - 2007

L’histoire se passe en Guinée. Elle commence en novembre 1970. Mais sait-on vraiment quand commence une histoire ? D’abord, il y a Sali. Adolescente de quinze ans, amoureuse de Mounirou, mais qui doit partir loin de lui car elle a attrapé la lèpre. Elle suit un rebouteux qui fait d’elle son esclave en échange de potions inutiles… Et puis, il y a le camarade Émile. Métis cultivé et zélé serviteur de la révolution. Nul nom n’est plus craint ni plus haï que le sien... Ensuite, il y a Fotédi, autre métis, et attardé mental, lui, qui croit avoir tué Allah, et qui ressemble étrangement au camarade Émile, le redoutable séide du régime... Il y a Gassimou, un truand qui veut tirer avantage de cette ressemblance en se servant du débile comme d’un passeport pour des amitiés lucratives... Il y a Ramatoulaye, une homosexuelle que sa mère voudrait marier à un commerçant amateur de pucelles... Il y a l’enfant de Sali la lépreuse ; la nature, qui est parfois bonne, lui a donné un beau bébé... Il y a des voleurs d’enfants, des charlatans et des gendarmes... Il y a un chien famélique, des mercenaires portugais, et tant d’autres personnages qui croisent leurs destins… Il y a cette cour aux mendiants, véritable Cour des Miracles de notre époque, qui cache un terrible secret...


N’Körö

Gallimard - 2005

Une épouse, qui avait eu le double malheur d’être frappée de stérilité et de voir son mari prendre une deuxième femme pour perpétuer le nom glorieux de ses ancêtres, connut les affres de la jalousie et de l’humiliation lorsque la jeune mariée tomba enceinte. Deux mois plus tard, la première épouse annonça à son tour sa grossesse tout à fait inattendue et accoucha d’un prématuré trois jours avant sa jeune rivale, soufflant le droit d’aînesse à celui qui fut conçu le premier. Un homme de science et d’expérience fut consulté : il fit entendre des choses sans les dire clairement. C’était un empirique qui voyait de la sorcellerie dans les guérisons auxquelles il était étranger. L’accusée fut répudiée et tous les droits échurent au puîné. Alors, peu à peu la haine que se vouaient les deux femmes aigrit le lait qu’elles donnaient à leurs enfants... Une étrange énigme pourra-t-elle départager les deux frères ? La vraie vie de Tayoro et de Mamadi est une histoire de vengeance, de violence, d’amour et de mort, un récit aux cruels rebondissements, une quête poignante entre sorcellerie et milice populaire dans la Guinée des années 1970. Abel et Caïn au cœur de l’Afrique noire d’aujourd’hui. Une descente aux enfers traversée par des éclairs paradisiaques.


Le fils de l’Arbre

Gallimard - 2004

« Vous avez peut-être déjà entendu parler de ces mariages qui se trament comme des complots, ces alliances secrètes appelées, dans certaines régions, Alamandi, ces sacrements d’arrière-cour où les futurs époux, informés au dernier moment, n’ont ni le droit de se rejeter ni la consolation de se haïr. » Ainsi marié à son insu, Bakari s’enfuit de son village. Il a dix-sept ans, quelques pétites d’or en poche, des hommes aux trousses. Où se réfugier, à présent ? Comment quitter le pays plongé dans une atmosphère politique angoissante ? Nous sommes en Guinée, ex-colonie française, la révolution émancipatrice n’est plus porteuse d’espérance, elle sème la peur et la mort... Bintou, la jeune épousée enceinte d’un oncle, Siaka, le frère handicapé, Youssoufou, le fils ; Anna, la compagne de Marseille, et tant d’autres personnages vivent ou revivent dans la mémoire de Bakari qui reviendra dans son village au bout de quarante ans, incognito comme un Ulysse africain. Ce qui l’attend, et qui bouleversera sa vie pour toujours, et qui nous tient en haleine de bout en bout, seul un conteur-né pouvait nous le raconter.

Toutes les couleurs du noir

Revivre le festival : Cafés littéraires
Avec : Libar FOFANA, Elwood REID, Annelise ROUX, Tabajara RUAS - Saint-Malo 2005

Rencontre avec Libar Fofana

Une rencontre avec Libar Fofana, lauréat du prix Ouest France 2012 - Saint-Malo 2012

Une rencontre avec Libar Fofana, lauréat du prix Ouest France 2012 pour son livre L’étrange rêve d’une femme inachevée (Gallimard)


La folie des hommes

Saint-Malo 2010
Avec Gary VICTOR, Jean-Yves CENDREY, Libar FOFANA, DOA. Un débat animé par Jean-Claude Lebrun.