LOUSTAL

France

Simenon, l’Ostrogoth (Dargaud, 2023)

© Rita Scaglia

Artiste prolifique, régulièrement exposé en France et en Europe, Jacques de Loustal s’est imposé dans le monde du 9e art et de l’illustration par un style aisément reconnaissable, forgé par le goût de la peinture, du cinéma et nourri de ses multiples voyages. Qu’il s’empare d’un pinceau, d’une plume ou d’un fusain, femmes, oiseaux, poissons, et palmiers dialoguent silencieusement dans ses oeuvres et se volent la vedette avec une élégance non dénuée d’humour, à découvrir par exemple dans Peintures (Cahiers Dessinés, 2022). C’est une « longue histoire avec l’oeuvre de Simenon » qui commence alors qu’il se plonge dans ses romans pour inspirer son travail lors de ses études d’architecture. Il ne cessera de côtoyer l’écrivain, adaptant en bande dessinée plusieurs de ses romans. Sollicité par John Simenon, le fils de ce grand nom de la littérature, il nous livre en 2023 avec Simenon, l’Ostrogoth (Dargaud) un récit savoureux des débuts de l’écrivain à Paris. Un exercice inédit pour l’illustrateur aux mille palettes : le dessin au fusain et la couleur en numérique.

Auteur de bande dessinée et illustrateur, Jacques de Loustal, dit Loustal, s’est imposé en quelques années comme l’un des meilleurs auteurs contemporains. Né en 1956, il étudie l’architecture tout en contribuant au fanzine Cyclone, publié par le lycée de Sèvres. En 1977, ses premières illustrations paraissent dans Rock & Folk. Cette même année, il réalise un premier ouvrage en compagnie de Tito Topin. À partir de 1979, aux côtés du scénariste Philippe Paringaux, il conçoit quelques histoires brèves dans Métal Hurlant. Il est également présent - de manière plus anecdotique - dans Pilote, dans Nitro, dans Chic, dans Zoulou, ou bien encore Libération et dans son supplément « Libé Sandwich ». À partir de 1984, il entame une collaboration avec le mensuel À Suivre qui se concrétise par Cœurs de sable, Barney et la note bleue et Un Jeune homme romantique (scénarisés par Philippe Paringaux) et Les frères Adamov (scénario de Jérôme Charyn), etc. Pour L’Echo des Savanes, il réalise plusieurs courts récits (recueil Arrière-Saison, Albin Michel, 1985) puis Mémoires avec dames (scénario de Jean-Luc Fromental en 1989).

Parallèlement, il mène une prolifique carrière d’illustrateur et participe à de nombreux ouvrages. Ses inspirations ne se situent pas du côté de la bande dessinée mais se réfèrent plus à la peinture (le fauvisme, David Hockney, etc.) et au cinéma (Wim Wenders). Illustrateur de l’émotion, coloriste hors pair, il sait comme personne restituer un silence, une atmosphère. Pour ce faire, il n’utilise que rarement le phylactère préférant agrémenter ses vignettes d’un texte "off " ou récitatif. Il fait partie de ces auteurs de bande dessinée qui recherchent un ton littéraire avec une touche élégante de désabusement ; il adopte ainsi une attitude détachée par rapport à l’histoire, ce qui lui permet de jouer avec les stéréotypes de la construction romanesque. Illustrateur original, coloriste rompu à toutes les disciplines (de l’encre à l’aquarelle, en passant par le lavis), Loustal sait restituer, avec sensibilité, l’atmosphère d’un lieu, l’état d’âme d’un personnage.

C’est une histoire d’amitié avec Guy de la Chevalerie, mais aussi un voyage sur les routes d’Afrique du Sud qui pousse en 2012 Loustal à livrer un nouvel album illustré, South African Road Trip, pour lequel il est alors invité au festival. Au crayon et à l’aquarelle, il y dessine les lieux qu’il visite, des destinations touristiques aux recoins les plus sauvages et inattendus du pays africain.

Éternel amoureux de Georges Simenon, il publie en 2023 Simenon, l’Ostrogoth (Dargaud), un biopic consacré aux débuts de ce grand nom de la littérature et scénarisé par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental.


Bibliographie

  • Simenon, l’Ostrogoth (Dargaud, 2023)
  • Peintures (Cahiers Dessinés, 2022)
  • Loustal et Paringaux : la note bleue et autres récits (Casterman, 2021)
  • Aux Antipodes, (Table ronde, 2020)
  • Cartes postales (Martin de Halleux, 2020)
  • Bijou (Casterman, 2019)
  • Les frères Adamov (Casterman, 2019)
  • Le passager clandestin (Omnibus, 2018)
  • Black Dog (Casterman, 2016)
  • Magnum photo ; Depardon-Loustal ; Carthagène (Dupuis jeunesse, 2015)
  • Six enquêtes de Maigret (Omnibus, 2014)
  • South African Road Trip (Éditions Zanpano, 2012)
  • Dessins d’ailleurs (La Table Ronde, 2010)
  • 100 dessins pour Haïti (Casterman, 2010)
  • Coronado (avec Dennis Lehane, Casterman collection « Rivages/Noir », 2009)
  • Carnets de voyages 2003-2005 (Seuil, 2006)
  • La nuit de l’alligator (Casterman, 2005)
  • Les frères Rico (Omnibus, 2004)
  • L’eau du bain (Esperluète éditions, 2004)
  • Rien de neuf à Fort-Bongo (Casterman, 2004)
  • Carnets de voyages 2000-2003 (Seuil, 2003)
  • Iles et elles (Casterman, 2002)
  • Jolie mer de Chine (Casterman, 2002)
  • Les larmes de la libellule (Mango Jeunesse, 2002)
  • Ce qu’il attendait d’elle (Alain Beaulet, 2001)
  • White Sonya (Casterman, 2001)
  • Lettres d’un chasseur (Seuil / Métailié, 2000)
  • Carnets de voyages 1997-1999 (Seuil, 2000)
  • Ivoire (Christian Desbois Editions, 1999)
  • Insolite (Seuil, 1999)
  • Touriste de bananes (Vertige Graphic, 1998)
  • Soleils de nuit (Casterman, 1998)
  • Contes de la forêt vierge (Seuil / Métailié, 1998)
  • Kid Congo (Casterman, 1997)
  • Coeurs de sable (Casterman, 1997)
  • Carnet de voyages 1991-1996 (Seuil, 1997)
  • Gaby (Seuil, 1996)
  • Dune (Seuil, 1994)
  • Sous la lumière froide (Futuropolis / Gallimard, 1992)
  • Carnets de voyages 1981-1989 (Seuil, 1990)
  • Le Prince et Martin Moka (Syros, 1989)
  • Lumières du jour (Les Humanoïdes Associés, 1988)
  • Grenoble Polar (Folio, 1988)
  • Ciné Romans (Comixland, 1988)
  • V comme Engeance (Autrement, 1988)
  • Pension Maubeuge (éditions Carton, 1986),
  • Escales (Editions l’Atelier, 1986)
  • 80% d’humidité (Alain Beaulet, 1985)
  • Zenata Plage (Magic Strip, 1984)
Simenon, l'Ostrogoth

Simenon, l’Ostrogoth

Dargaud - 2023

Le 24 mars 1923, Régine Renchon et Georges Simenon sont déclarés mari et femme, d’abord par le curé de l’église Sainte-Véronique puis par l’échevin communiste de la bonne ville de Liège. Ces deux fringants jeunes gens ? elle peintre déjà exposée, lui journaliste en herbe et aspirant romancier ? ne vont pas s’attarder dans leur Belgique natale. Les voici à Paris où, dans l’effervescence des très swing Années folles, ils se livrent corps et âme à l’esprit du temps et à la conquête de la gloire. Tandis que Régine se déploie sur tous les fronts, celui de son art comme celui du soutien à la carrière de son époux, Georges devient en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire une véritable "machine à écrire", produisant à la chaîne des petits romans populaires pour financer la grande vie et les fêtes étincelantes qui attirent, dans leur appartement de la place des Vosges, le Tout-Paris bambocheur de l’époque. Prendront-ils le chemin de Zelda et Scott Fitzgerald, celui de la déchéance mentale, morale et artistique, ou, au contraire, parviendront-ils à transcender ces expériences pour bâtir leurs oeuvres respectives ? Et à la fin, lequel des deux artistes sacrifiera ses ambitions à l’autre ?

Avec la bénédiction et la participation de John Simenon, le fils de Georges, José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental évoquent ce couple fabuleux et le chemin semé d’embûches qui amena Simenon à faire naître son fameux Maigret. Jacques Loustal, qui illustre depuis des années les oeuvres du maître, déploie toute sa palette pour ce portrait d’un Paris en fête, terrain de jeu d’un duo amoureux, habité par la joie de vivre et la fureur de créer.


  • « Simenon, l’Ostrogoth (Dargaud) : ni une biographie, ni une fiction, mais une tranche de vie en images de l’écrivain. Et pour illustrer l’excellent scénario de José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et John Simenon, rien moins que Loustal, grand connaisseur de l’écrivain. » Libération