DAI Sijie

Chine

Les caves du Potala (Gallimard, 2020)

Crédit photo : F. Mantovani Editions Gallimard

En visio

Cinéaste avant d’être écrivain, Dai Sijie est pourtant principalement connu en France pour ses romans. Avec son exceptionnel talent de conteur, l’auteur et réalisateur de Balzac et la petite tailleuse chinoise revient en 2020 avec un nouveau livre entraînant, qui nous emmène au palais du Potala, au Tibet, en 1968. À travers la vie du peintre officiel du Dalaï-Lama, emprisonné par des gardes Rouges, ce récit fait s’affronter d’un côté l’art du beau et la spiritualité, de l’autre la colère et la violence. Un texte dépaysant, dépeignant avec force les traditions séculaires tibétaines.

Né en Chine en 1954, il est envoyé, en pleine révolution culturelle, dans un camp de rééducation dans la province de Sichuan. Ses parents, médecins et " bourgeois réactionnaires", ont eux-même été déjà emprisonnés. Censé apprendre les vraies valeurs de la Chine d’alors - la terre et le travail physique - son esprit ne cesse de vagabonder, de penser et réfléchir, malgré les journées pénibles et harassantes. Libéré en 1974, après trois ans d’éducation forcée, il retourne au Lycée et, à la mort de Mao, s’inscrit à l’université de Pékin pour y suivre des cours d’histoire de l’art. En 1984, titulaire d’une bourse pour partir étudier à l’étranger, il choisit la France et, à 29 ans, entre au prestigieux IDHEC concrétisant l’un de ses rêves : devenir réalisateur de cinéma.

Désormais installé à Paris qu’il n’a pas quitté, il se voit refuser le droit de tourner son premier long métrage, Chine ma douleur, dans son pays natal, les autorités locales le jugeant trop subversif. Qu’à cela ne tienne, il sera tourné en France. Récompensé en 1989 par le Prix Jean Vigo, le film sera suivi de plusieurs autres et notamment par l’adaptation de son propre roman, Balzac et la petite tailleuse chinoise, présentée à Cannes dans la catégorie un certain regard en 2002.

Écrite directement en Français, l’histoire de Balzac et la petite tailleuse chinoise - deux jeunes étudiants envoyés en rééducation dans les campagnes - n’est pas sans rappeler celle de Dai Sijie. Véritable best-seller de l’hiver 2000 - vendu à plus de 250 000 exemplaires - il a été traduit en plusieurs langues. En 2017, son œuvre a été rééditée aux éditions Futuropolis sous le format d’une BD, brillamment illustrée par Freddy Nadolny Poustochkine.

Nouveau coup de maître trois ans plus tard avec Le complexe de Di. Récompensé par le prix Fémina 2003, le livre est une fois encore plébiscité par le public et salué par la critique. Menant de front ses deux carrières d’écrivain et de réalisateur, Dai Sijie a aujourd’hui cinq films à son actif et presque autant de livres, le dernier en date étant Trois Vies chinoises paru en 2011 aux édition Flammarion.

L’Évangile selon Yong Sheng nous conte le parcours du jeune Yong Sheng, qui a pour ambition de devenir le premier pasteur chinois de la ville côtière de Putian, en Chine. La vie du jeune homme bat son plein lorsque, en 1949,
l’avènement de la République populaire vient bousculer le destin de millions de Chinois. Dans ce nouveau roman, Dai Sijie renoue avec la veine autobiographique de son premier livre, Balzac et la petite tailleuse chinoise. Avec son exceptionnel talent de conteur, il retrace l’histoire surprenante de son propre grand-père, l’un des premiers pasteurs chrétiens en Chine.


Bibliographie

  • Les Caves du Potala (Gallimard, 2020)
  • L’Évangile selon Yong Sheng (Gallimard, 2019)
  • Trois Vies chinoises (Flammarion, 2011)
  • L’acrobatie aérienne de Confucius (Flammarion, 2009)
  • Par une nuit où la lune ne s’est pas levée (Gallimard, 2007)
  • Le complexe de Di (Gallimard, 2003)
  • Balzac et la petite tailleuse chinoise (Gallimard, 2000)

Filmographie :

  • Les Filles du botaniste (2006)
  • Balzac et la petite tailleuse chinoise (2002)
  • Tang, le onzième (1998)
  • Le Mangeur de lune (1994)
  • Chine, ma douleur (Prix Jean Vigo, 1989)