FLØGSTAD Kjartan

Norvège

Grand Manila (Stock, 2009)

Kjartan Fløgstad
© Hans Jørgen Brun.

La vie de Kjartan Fløgstad a tout de celle d’un héros romantique. Né en 1944 à Sauda dans le Sud de la Norvège, il passe le baccalauréat passe par l’école polytechnique de Trondheim puis suit des études de linguistique à l’Université de Bergen. C’est là que survient l’appel du réel, il abandonne ses études et s’engage comme ouvrier d’usine puis graisseur sur un cargo norvégien grâce auquel il part en voyage. Et ne cesse plus. Sa destination favorite est l’Amérique Latine, le Chili plus particulièrement, il s’y rend sept fois, se lie d’amitié avec entre autres Sergio Badilla Castillo et Omar Perez Santiago et devient le traducteur, vers le Norvégien de grands noms de la littérature Sud-Américaine au premier rang desquels Pablo Neruda et Julio Cortazar.

Il entre en écriture par la poésie, rejoint le mouvement « Profile generation », formé d’étudiants et d’intellectuels décidés à révolutionner la vie littéraire norvégienne en épousant les idées du modernisme international. Il mue, de poète à romancier, essayiste, auteur de nouvelles, son style se nourrit de mythologie, de littérature baroque – anglaise ou espagnole, du modernisme français, de Jose Luis Borges… un mélange d’influences qu’il nomme lui-même « compostmodernisme », maniant ironie et humour à la perfection, jonglant du populaire au sérieux avec aisance.

Son premier roman, Rasmus, paraît en 1974. Un roman kaléidoscope dans lequel huit narrateurs – ouvriers ou marins – racontent 16 histoires de vie reliées entre elles par un lieu, leur ville, Lovra, double romancé de la ville natale de Fløgstad. Sous pseudonyme il publie ensuite deux romans policiers influencés par Chandler, l’occasion pour lui de comprendre combien le livre, outil populaire, peut être un formidable vecteur du commentaire social subversif. Le succès arrive en 1977 avec Dalen Portland (Les chemins de l’Eldorado, publié en France en 1991 par Esprit Ouvert) une fresque du développement de la société norvégienne face à l’industrialisation au long du XXe siècle. Il reçoit pour ce roman le Prix du Conseil Nordique pour la littérature ainsi que le Prix Pégase décerné par les Etats-Unis.

En 2008, il a reçu le Brageprisen d’honneur pour l’ensemble de son œuvre.

Avec Grand Manila, Kjartan Fløgstad livre un grand roman-monde suivant le destin d’ouvriers norvégiens travaillant dans une fonderie ayant appartenu à l’Union Carbide Corporation, entreprise de pesticides responsable de la catastrophe de Bhopal, en Inde, en décembre 1984, qui tua plus de 16000 personnes.


Bilbliographie :

  • Pyramiden, portrait d’une utopie abandonnée (Actes Sud, à paraître)
  • Grand Manila (Stock, 2009)
  • Le chemin de l’Eldorado (Esprit ouvert, 2008, trad. Eva Gravensten et Vincent Fournier)

Présentation de Pyramiden, portrait d’une utopie abandonnée :

In extremis – Borealis ? – Le fjord gelé – Vers l’intérieur – Le musée de l’utopie – Poussière d’étoiles – La montagne du bleu – El Dorado – La montagne grise politique – Frères en le soleil et la liberté – Les tombes – Café Arctica – Carboniferus system – Vorkuta – Nikkel – Seize tonnes – Les âmes mortes - 9179 Pyramide 78,39N – Epilogue 2017

Tels sont les titres des chapitres de cet essai basé sur l’existence quasi surréelle d’une ville – avec ses immeubles, ses usines, son hôpital, sa maison de la culture… -abandonnée sur une côte perdue de l’archipel de Svalbard (dit aussi du Spitzberg), terre norvégienne perdue loin d’ans l’océan arctique, un lieu vide, quasi exclusivement minéral, mais riche en charbon et qui, on le sait depuis peu, est tout près des plus riches gisements futurs de pétrole et de gaz. Un vague traité a laissé la Norvège administrer l’endroit mais l’exploitation par chacun y est théoriquement possible. Le réchauffement de la planète libère l’accès aux lieux. Les îles jusque là perdues sont un des enjeux majeurs de la géopolitique du 21è siècle.

La ville s’appelle Pyramiden, en russe : Pyramide, du nom de la montagne qui la surplombe, et dont la pointe régulière est quasiment tout le temps dans le brouillard...

Présentation de Grand Manila :

Union Carbide est un groupe industriel qui a connu une prospérité mondiale tout au long du XXe siècle, notamment dans le domaine de la chimie et de l’énergie. Kjartan Fløgstad en fait le personnage central de son roman Grand Manila : il décrit en effet les destins d’ouvriers d’une fonderie de Sauda, au sud de la Norvège, qui a longtemps appartenu à cette multinationale. Vivant au rythme des machines comme des réjouissances et des drames familiaux, ces hommes ont vu souvent leurs enfants partir pour de nouveaux horizons, sans que ceux-ci s’affranchissent pourtant du réseau planétaire d’Union Carbide.

Ce groupe est à l’origine de nombreuses catastrophes industrielles, notamment celle de Bhopal en Inde, en 1984. Ces victimes oubliées ont inspiré le romancier, qui refuse pourtant tout manichéisme et établit son récit à hauteur d’hommes, dans toutes leurs contradictions. On découvre ainsi le sublime personnage de Salme, poétesse finlandaise royaliste obligée de fuir son pays au moment de la guerre civile de 1918, qui deviendra une grande représentante du mouvement syndicaliste ouvrier dans l’Amérique des années 1930.

Le roman constitue un hommage bouleversant à la beauté des gestes accomplis par les ouvriers, à leur courage et leur virtuosité. Grâce à ses talents de narration, Fløgstad rend palpitant le phénomène de croissance industrielle à l’origine de l’enrichissement de groupes tels que Union Carbide tout en retranscrivant la brutalité de leur reconversion, dans un monde où la finance et la communication ont définitivement pris le pouvoir.

Pyramiden

Actes Sud - 2009

Grand Manila

Stock - 2009

Union Carbide est un groupe industriel qui a connu une prospérité mondiale tout au long du XXe siècle, notamment dans le domaine de la chimie et de l’énergie. Kjartan Fløgstad en fait le personnage central de son roman Grand Manila : il décrit en effet les destins d’ouvriers d’une fonderie de Sauda, au sud de la Norvège, qui a longtemps appartenu à cette multinationale. Vivant au rythme des machines comme des réjouissances et des drames familiaux, ces hommes ont vu souvent leurs enfants partir pour de nouveaux horizons, sans que ceux-ci s’affranchissent pourtant du réseau planétaire d’Union Carbide. Ce groupe est à l’origine de nombreuses catastrophes industrielles, notamment celle de Bhopal en Inde, en 1984. Ces victimes oubliées ont inspiré le romancier, qui refuse pourtant tout manichéisme et établit son récit à hauteur d’hommes, dans toutes leurs contradictions. On découvre ainsi le sublime personnage de Salme, poétesse finlandaise royaliste obligée de fuir son pays au moment de la guerre civile de 1918, qui deviendra une grande représentante du mouvement syndicaliste ouvrier dans l’Amérique des années 1930. Le roman constitue un hommage bouleversant à la beauté des gestes accomplis par les ouvriers, à leur courage et leur virtuosité. Grâce à ses talents de narration, Fløgstad rend palpitant le phénomène de croissance industrielle à l’origine de l’enrichissement de groupes tels que Union Carbide tout en retranscrivant la brutalité de leur reconversion, dans un monde où la finance et la communication ont définitivement pris le pouvoir.

Le monde qui vient

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Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2009

avec Amin MAALOUF, Aravind ADIGA, Kevin PATTERSON, Kjartan FLOGSTAD

Le monde qui vient

Littérature et engagement

Saint-Malo 2009
Lundi : 11h15 - Littérature et engagement
Alain Dugrand, Duong Thu Huong, Bernard Chambaz, Kjartan Flogstad, Atiq Rahimi. Animé par Jean-Pierre Perrin