CHAPOUTOT Johann

France

La révolution culturelle nazie (Gallimard, 2017)

© C. Hélie

Chercheur en histoire contemporaine à l’Université Paris-Sorbonne, Johann Chapoutot est spécialiste de l’Allemagne nazie et du fascisme.
Né en 1978, il a été lauréat du concours général en histoire en 1995. Normalien (promotion 1998), il obtient l’agrégation d’histoire en 2001 et sort diplômé de l’institut d’études politiques de Paris en 2002. Docteur en histoire en 2006, sa thèse porte sur l’utilisation de l’Antiquité par le régime nazi. Il devient ensuite maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble de 2008 à 2014. En 2014, il obtient un poste à l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, puis à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV). Depuis 2011, il est membre de l’Institut universitaire de France. Professeur invité à l’Université Humboldt de Berlin en 2016 (Bourse de la Fondation Humboldt), il y enseigne l’histoire contemporaine de l’Allemagne depuis 1806, les sociétés européennes au XIXe siècle (1815-1914), ainsi que l’histoire mise en regard avec le cinéma.

Le meurtre de Weimar (PUF, 2010) reçoit le Prix Eugène-Colas 2011 de l’Académie française. L’ouvrage raconte un fait-divers oublié mais qui marque symboliquement la mort de la République de Weimar et l’avènement du IIIe Reich : l’assassinat violent, dans un bourg reculé de Silésie, d’un ouvrier communiste par cinq SA ivres et brutaux. Débordé par une base impatiente et altérée de pouvoir, Hitler fait une entorse à son légalisme proclamé et prend fait et cause pour les assassins. Devant la menace, le gouvernement commue la peine des meurtriers. L’État de droit prend fin : les nazis revendiquent une nouvelle légalité, qui fait des meurtriers des soldats et d’un crime un acte de guerre ou de justice.

En 2014, Johann Chapoutot sort La loi du sang. Penser et agir en nazi chez Gallimard qui obtient le Prix Émile Perreau-Saussine 2015, le Prix Pierre-Simon « éthique et société » 2015 et le Prix Yad Vashem international pour la recherche sur l’Holocauste 2015. Dans cet ouvrage, Johann Chapoutot analyse comment les philosophes, juristes, historiens, médecins ont élaboré les théories qui faisaient de la race le fondement du droit et de la loi du sang la loi de la nature qui justifiait tout : la procréation, l’extermination, la domination.
En 2015, il conteste la pertinence de rééditer Mein Kampf d’Adolf Hitler, estimant qu’une réédition critique de l’ouvrage à destination du grand publique n’aurait qu’un intérêt limité et risquerait d’encourager une lecture « hitléro-centré » du nazisme, théorie que les chercheurs ont depuis longtemps abandonnée.
En 2016 il collabore en tant que spécialiste du nazisme avec Christian Ingrao au documentaire Hitler et les apôtres du mal.

La révolution culturelle nazie, ouvrage sorti en 2017 chez Gallimard, analyse la culture comme l’un des piliers les plus solides de l’idéologie nazie, assurant la continuation durable du système. Cette révolution culturelle, basée sur la sauvegarde de la race germano-nordique, a permis de rendre morale et légale la violence infligée aux victimes du régime.


Bibliographie

  • La révolution culturelle nazie (Gallimard, 2017)
  • Des soldats noirs face au Reich : Les massacres racistes de 1940, avec Jean Vigreux (PUF, 2015)
  • La Loi du sang. Penser et agir en nazi (Gallimard, 2014)
  • Fascisme, nazisme et régimes autoritaires en Europe (1918-1945) (Presses Universitaires de France, 2013)
  • Le nazisme. Une idéologie en actes (La Documentation Française, 2012)
  • Le meurtre de Weimar (PUF, 2010)
  • Le national-socialisme et l’Antiquité (PUF, 2008 ; rééd. Quadrige, 2012)
  • L’âge des dictatures. Régimes autoritaires et totalitarismes en Europe (1919-1945) (PUF, 2008 (Rééd. Fascisme, nazisme et régimes autoritaires en Europe, 1918-1945 (PUF, Quadrige, 2013)
La révolution culturelle nazie

La révolution culturelle nazie

Gallimard - 2017

Pour les nazis, la "culture" était à l’origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d’eau, on s’accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l’évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes (égalité, compassion, abstraction du droit...). Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une "révolution culturelle", retrouver le mode d’être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C’est en refondant ainsi le droit et la morale que l’homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la réécriture du droit et de la morale, il devenait légal et moral de frapper et de tuer. Avec ce recueil d’études, Johann Chapoutot parachève et relie le projet de deux de ses livres précédents, Le National-socialisme et l’Antiquité (2008) et La Loi du sang : penser et agir en nazi (2014). En approfondissant des points particuliers, comme la lecture du stoïcisme et de Platon sous le IIIe Reich, l’usage de Kant et de son impératif catégorique ou la réception en Allemagne du droit romain, il montre comment s’est opérée la réécriture de l’histoire de l’Occident et par quels canaux de telles idées sont parvenues aux acteurs des crimes nazis.


Revue de presse

  • "L’historien Johann Chapoutot publie La révolution culturelle nazie. Livre qui s’inscrit dans une manière de penser le nazisme non pas comme phénomène accidentel ou « fonctionnel » mais comme lieu d’adhésion à son idéologie. Une croyance. Le fil rouge de ce recueil de onze études ?" (Le Causeur)
  • "[…] cet ouvrage est un assemblage d’articles remaniés portant sur l’histoire des idées en Allemagne, offrant une juxtaposition d’analyses de la pensée nazie comme autant de strates archéologiques. Ce travail de composition aborde résolument ce que Mosse nommait « l’oeil du nazisme », en révélant l’importance de la philosophie platonicienne pour des historiens, des philologues et des juristes nazis comme Fritz Schaehermeyr, Hans Bogner, Roland Freisler, ou Hans Günther, maître d’une anthropologie raciale alors réputée, ou de philosophes comme, Erns Krieck ou Kurt Hildebrandt qui tous voient dans l’oeuvre de Platon une démonstration de l’idéal d’un corps social guerrier." (Le Temps)