VIARD Jean

France

Le Sacre de la terre (L’Aube, 2020)

© Virginie Jullion

Disciple d’Edgar Morin, sociologue et directeur de recherche au CNRS, il est l’un des grands spécialistes du temps social en France : l’évolution du temps de travail, du temps libre, la façon dont on utilise et perçoit ces temps dans nos vies. Fondateur des éditions de l’Aube, il est aussi un essayiste prolifique.
Cette année, il prend appui sur ses réflexions sociales pour étayer un traité considérant que « le travail de la terre redevient l’avenir de l’homme [depuis] la révolution écologique et numérique ». D’une vulgarisation à toute épreuve, cet essai optimiste, puissant par ses approches multiples, tente une audacieuse réconciliation entre le monde agricole et notre futur.

Diplomé d’économie, (DES, Aix-en-Provence), docteur en sociologie (EHESS, Paris), Jean Viard est directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po Paris. Spécialiste du temps social en France, il revient en détail sur l’évolution de notre rapport au temps dans Le triomphe d’une utopie. Vacances, loisirs, voyages : la révolution des temps libres (Ed. de l’Aube). Outre le temps social, ses thèmes de prédilection sont l’espace et la politique. Il s’intéresse donc, entre autres et pèle-mêle, à l’agriculture et la paysannerie, à Marseille, au tourisme, aux comportements politiques, à l’opinion, aux identités territoriales, etc.

Prospectiviste et expert de l’aménagement du territoire, il a présidé des groupes de prospective tourisme au Commissariat au Plan et à la Datar, et réalise toujours des missions de conseil auprès des entreprises et des collectivités territoriales. Il est par ailleurs membre du Conseil d’orientation scientifique d’EuropaCity, du Parc naturel régional de la Narbonnaise, membre du Conseil national du tourisme, du Club de Marseille, du Conseil stratégique de l’agriculture (CSAAD) ...

Jean Viard est également fondateur des éditions de l’Aube, qui a notamment édité Stéphane Hessel ou Gao Xingjian, prix nobel de littérature 2000. Même si cet homme mutlti-tâche le reconnaît volontiers : « Mon travail de chercheur et intellectuel est mon temps de travail « normal », ma maison d’édition, c’est comme un loisir. »

En 2017, il publie un texte d’urgence : Quand la Méditerranée nous submerge. Interrogé par José Lenzini, il y appelle à repenser les identités multiples de la France et faire une place légitime à l’Islam, prônant une ouverture vers la Méditerranée, et condamnant toute forme de repli sur soi.

Il sort l’année suivante un nouvel essai : Chronique française (L’Aube), ou le récit politique du dernier quart de siècle. Un recueil d’environ soixante articles de journaux, préfaces et chroniques publiés par Jean Viard entre 1993 et 2017, agrémentés de textes de synthèse écrits en 2018. Véritable fresque contemporaine, Chronique française tente d’expliquer en creux le succès politique d’Emmanuel Macron : remontant à Mitterand et la chute de l’URSS, Jean Viard tente alors de comprendre les causes de l’implosion actuelle de nos champs politiques traditionnels, hérités du 20e siècle : fin du mythe révolutionnaire, transformation d’une société de lutte des classes en une société de groupes identitaires, territoriaux et religieux, fin de la société industrielle, naissance d’une pensée écologique mondialisée...

Il dresse ensuite un Nouveau portrait de la France ; sous-titré La société des modes de vie, analysant nos modes de vie dans une société en pleine mutation. S’interrogeant sur les services publics, les politiques de logement et l’aménagement des villes, il observe que la mobilité croissante des individus tend à créer une nouvelle fracture sociale : les populations défavorisées seraient davantage enfermées dans une logique de sédentarisation banlieusarde, alors que les cadres multiplient les déplacements et les appartenances. Jean Viard ne délaisse pas les campagnes dans le portrait qu’il effectue de la France actuelle : d’après lui, la France rurale serait peu à peu gagnée par l’urbanisation, processus qui prend de la vitesse avec l’hyperconnexion. En effet, internet transforme les notions d’espace et de proximité et est à l’origine de nombreux bouleversements.

Dans L’Implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ?, Jean Viard cherche le dénominateur commun entre la multitude des implosions politiques qui ont eu lieu au fil des dernières années. Il en dégage un schéma général, dans lequel se retrouvent plusieurs constantes, à savoir le rôle éminemment important de la révolution numérique et écologique. Menant une réflexion approfondie sur le pouvoir démocratique, il nous propose un nouveau modèle politique qui accorderait une place centrale aux milieux populaires. Un essai qui jette la lumière sur les événements récents.

En 2020, avec Le Sacre de la terre, il prend appui sur ses réflexions sociales pour étayer un traité considérant que « le travail de la terre redevient l’avenir de l’homme [depuis] la révolution écologique et numérique ». Cet essai optimiste, puissant de ses approches multiples et d’une vulgarisation à toute épreuve, tente une audacieuse réconciliation entre le monde agricole et notre futur.


Bibliographie (non exhaustive)

  • Le Sacre de la terre (L’Aube, 2020)
  • L’Implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ? (L’Aube, 2019)
  • Nouveau portrait de la France : La société des modes de vie (L’Aube, 2019)
  • Le triomphe d’une utopie (L’Aube, 2019)
  • Chronique française (L’Aube, 2018)
  • Quand la Méditerranée nous submerge (L’Aube, 2017)
  • Le moment est venu de penser à l’avenir (L’Aube, 2016)
  • Le triomphe d’une utopie (L’Aube, 2015)
  • La France dans le monde qui vient (L’Aube, 2013)
  • Fragments d’identité française (L’Aube, 2009)
  • Éloge de la mobilité. Essai sur le capital temps-libre et la valeur du travail) (L’Aube, 2006)
  • Dialogues sur nos origines. Des champs, des provinces et d’ailleurs avec Marc Pottier, (l’Aube, 2005)
  • Le Nouvel Âge du politique - Le temps de l’individu-monde (l’Aube, 2004)
  • Main basse sur la Provence, avec Daniel van Eeuwen (l’Aube, 2004)
  • Le sacre du temps-libre. La société des trente-cinq heures (L’Aube, 2002)
  • La France des temps libres et des vacances dir., (l’Aube, 2002)
  • L’Archipel paysan, la fin de la république agricole avec Bertrand Hervieu, (l’Aube, 2001)
  • Court traité sur les vacances, le voyages et l’hospitalité des lieux (L’Aube, 2000)
  • La France qui change : pourquoi les travailleurs votent FN (Seuil, 1997)
  • Marseille, une ville impossible (Payot, 1995)
  • Penser les vacances (Actes Sud, 1984)
Le sacre de la terre

Le sacre de la terre

L’Aube - 2020

Pour se nourrir à dix milliards sur une seule petite Terre, se vêtir, se chauffer, se déplacer, produire de l’énergie renouvelable, capter le carbone, le travail de la terre redevient chaque jour un peu plus l’avenir de l’Homme, avec la science et l’art. Les objets et leur fabrication ne sont plus le tout de l’humain. Avec la révolution écologique et numérique, la mondialisation, il faut retrouver du sens, du local, du faire-pousser, du territoire, des lieux. Le bio et le local, le soleil et le vent, le sol et les forêts sont nos nouveaux futurs.

Re-naturons la ville et ré-humanisons la campagne, dit Edgar Morin.
Et pour entrer dans ce monde-là, il faut à la fois du conservatisme - celui de l’infiniment petit de millions de savoirs locaux - et du progrès des sciences, des arts et des techniques. Un ouvrage essentiel qui mêle monographies et grande Histoire, sociologie rurale et désirs urbains, combat climatique et besoin de sens. Signé de l’un des meilleurs spécialistes français des questions agricoles et territoriales, cette véritable somme est un plaidoyer pour une urgente révolution écologique.

Jean Viard est sociologue, directeur de recherche associé au Cevipof-CNRS. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont, aux éditions de l’Aube, Nouveau portrait de la France (2012) et Le triomphe d’une utopie (2015).

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Revue de presse :

  • « Optimiste patenté, le sociologue Jean Viard, qui chronique le monde paysan depuis plus de quatre décennies, plaide dans son dernier et magnifique ouvrage Le Sacre de la terre (Ed. de l’Aube, janvier 2020, 468 pages) pour un nouveau pacte agricole, établissant un lien entre la métropole, le sol sanctuarisé et l’immense espace à vivre intermédiaire, car « chacun a besoin de structures symboliques et politiques, de mémoire, de beauté. » Il n’est pas interdit de rêver… » (Philippe Escande, Le Monde)
Nouveau portrait de la France : La société des modes de vie

Nouveau portrait de la France : La société des modes de vie

L’Aube - 2019

«  Il est l’un des meilleurs connaisseurs du territoire français. Jean Viard est capable d’articuler, dans la même phrase, observation sociologique, vision historique et tactique politique.  » Michel Feltin-Palas, L’Express

«  Portrait d’un optimiste, qui dément nombre de clichés.  » Béatrice Vallaeys, Libération

«  Et puis on se met à penser aux discours des hommes politiques qui se présentent à nos suffrages : ils devraient visiblement lire Jean Viard ! » Médiapart

«  Le Nouveau portrait de la France de Jean Viard doit-il être remboursé par la Sécu ? Dans le pays le plus dépressif au monde, c’est en tout cas une salutaire bouffée d’oxygène ! » Anne Tomczak, La Voix du Nord

«  Jean Viard, dont chaque ouvrage rend le lecteur plus intelligent.  » Béatrice Houchard, Le Parisien


L'implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ?

L’implosion démocratique - Reconstruire le Peuple ?

L’Aube - 2019

« Il nous faut penser par grands ensembles géographiques et culturels, souvent continentaux. Et il nous faut accepter que les liens entre ces ensembles ne seront jamais démocratiques. »

Jean Viard pose comme point de départ que la démocratie telle que nous l’avons connue n’existera plus. En e et, elle était structurée par l’exis- tence de groupes humains liés aux conditions de production et aux terri- toires des nations. Or, si classes et nations s’entremêlaient, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Écart de richesse, révolution numérique, communau- tarisme, tourisme... Tous ces éléments (et bien d’autres) ont contribué à faire disparaître l’objectif d’une révolution mondiale. L’humanité, physi- quement réuni ée au xxe siècle, se trouve liée désormais pour sa survie face au dérèglement climatique, liée par le numérique. Dans ce nouvel essai, le sociologue dresse le constat d’un monde dont les codes ont dé nitivement changé, et nous exhorte à le comprendre pour éviter le drame.


Chronique française

Chronique française

L’Aube - 2018

Cet essai peut se lire comme le récit politique du dernier quart de siècle, une fresque contemporaine au trait enlevé. Mais aussi comme une tentative d’explication du succès d’Emmanuel Macron.
L’auteur va chercher vingt-cinq ans en arrière – à la chute de l’URSS en 1989 – les racines de l’implosion de nos champs politiques. On y voit le mythe révolutionnaire et les sociétés de lutte de classe être peu à peu remplacés par des groupes identitaires, territoriaux et religieux, et l’on assiste à la naissance d’une pensée écologique et mondialisée.
En parallèle, la société industrielle mue en société numérique et collaborative. Le François Mitterrand de 1981 qui nationalisa une part de l’économie paraît très loin de l’Emmanuel Macron de 2017 qui veut mettre l’entreprise au cœur de la société. L’Europe pacifique et anticommuniste du premier est fort loin de l’Europe de combat du nouveau Président.
Et pourtant, dans les deux cas, leurs personnalités font la différence et permettent d’écrire l’histoire. Mais dans notre société totalement connectée, va-t-on savoir refaire de la politique qui rassemble, y compris dans le débat, ou sommes-nous réduits à une démocratie de tweets et de followers ? Une interrogation lourde pour notre avenir.


Quand la Méditerranée nous submerge

Quand la Méditerranée nous submerge

L’Aube - 2017

Des femmes, des enfants, des familles entières se noient tous les jours en Méditerranée… le plus grand cimetière marin de la planète. Des jeunes élevés dans nos quartiers nous tirent dessus, ou partent faire la guerre en Syrie et en Irak, en ­Libye avec Daech. Ici, les peurs montent – ­l’extrême droite progresse – et poussent au populisme jusqu’à Londres, Moscou et Washington. En même temps, pour voir une grande mosquée, il faut ­aller jusqu’à Paris alors qu’il y a plusieurs millions de Français musulmans. Et on ne parle des quartiers que lorsque des voyous s’entretuent ou attaquent une voiture de police.
Terrorisme, Brexit, Donald Trump… et après ? Quand va-t-on enfin regarder la situation en face, cesser les grandes incantations républicaines pour remettre à plat un vivre-ensemble en crise ? Quand va-t-on valoriser une France multiple comme une chance au cœur de la mondialisation, saisir les enjeux de l’Afrique au xxie siècle ? Quand va-t-on comprendre que l’Europe sans la ­Méditerranée est orpheline et que la libre circulation avec ­l’Algérie pensée en 1962 était une idée pacifique ? 
Ce livre n’est pas doux. Écrit dans l’urgence certes, mais nourri de réflexions longuement mûries. 

Au juste, c’est quoi la démocratie ?

Avec Jean Viard, Alaa El Aswany, Mona Ozouf, Romain Goupil - Saint-Malo 2019

Avec Jean Viard, Alaa El Aswany, Mona Ozouf, Romain Goupil

Animé par Yann NICOL


La bataille des mots

Avec Marc WEITZMANN, Bernard CERQUIGLINI, Jean VIARD - Saint-Malo 2019

Avec Marc WEITZMANN, Bernard CERQUIGLINI, Jean VIARD
Animé par Christine FERNIOT


SOS Méditerranée

Avec Jean VIARD, Michel AGIER, Jean-Paul MARI, Yahia BELASKRI, Maud VEITH - Saint-Malo 2019

Avec Jean VIARD, Michel AGIER, Jean-Paul MARI, Yahia BELASKRI, Maud VEITH
Animé par Yahia BELASKRI


Le sociologue et le romancier

avec Jean Rouaud, Jean Viard et Hubert Haddad - Saint-Malo 2018

Animé par Marie-Madeleine Rigopoulos.
avec Jean Rouaud, Jean Viard et Hubert Haddad


La beauté est dans la rue

Avec Frédéric Joignot, Romain Goupil, Pascal Ory, Yves Pagès, Jean Viard et Pierre Haski - Saint-Malo 2018

Avec Frédéric Joignot, Romain Goupil, Pascal Ory, Yves Pagès et Jean Viard, animé par Pierre Haski.


Habiter la frontière

avec Pascal Blanchard, Felwine Sarr, Jean Viard, Cédric Herrou et J.-M G Le Clézio - Saint-Malo 2018

Animé par Yann Nicol
Avec Pascal Blanchard, Felwine Sarr, Jean Viard, Cédric Herrou et J.-M G Le Clézio.


Quand la Méditerranée nous submerge : Enjeux des temps présents

Avec Hakan Günday, Tahar Ben Jelloun, Michel Agier, Jean Viard - Saint-Malo 2017

Avec Hakan Günday, Tahar Ben Jelloun, Michel Agier, Jean Viard
Animé par Yann Nicol

L’essai que publie Jean Viard sous ce titre (Actes Sud) nous interpelle : là-bas se joue une partie qui nous concerne tous. Et le débat n’est pas entre réalisme et sentimentalisme. Car c’est une idée de nous-même, de nos valeurs, de ce qui nous fait être ensemble, qui meurt chaque jour en Méditerranée.


Quand nous multiplionsles frontières

Avec Patrick Chamoiseau, Michel Agier, Fabienne Brugère, Raphaël Krafft et Jean Viard - Saint-Malo 2017

Avec Patrick Chamoiseau, Michel Agier, Fabienne Brugère, Raphaël Krafft et Jean Viard

À l’universalité théorique du droit à l’asile, à l’obligation de l’hospitalité, répondent aujourd’hui la prolifération des définitions, autrement dit des barrières, jusqu’à « l’entre-deux monde » des camps : réfugiés, exilés, migrants, clandestins… la liste est longue. Conflits, replis, ouverture – la question des frontières devient centrale pour la définition d’un espace politique possible.Retour ligne automatique
Avec : Patrick Chamoiseau qui publie Frères Migrants, Michel Agier, auteur de Définir les Réfugiés (Puf) et Les migrants et nous (CNRS) qui souligne comme le défi que représente la mobilité des humains multiplie les situations de frontières, nationales, ethniques, religieuses, linguistiques, sociales, culturelles, Fabienne Brugère, qui s’interroge sur La Fin de l’hospitalité (Flammarion) ; Jean Viard, qui dans son essai Quand la Méditerranée nous submerge (L’Aube) veut repenser la France et ses identités multiples, prône une ouverture vers l’Afrique.