VAL Philippe

Malaise dans l’inculture (Grasset, 2015)

Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo et de France Inter, n’épargne ni les uns, ni les autres. Ses prises de position, souvent étonnantes, ont fait de lui une personnalité controversée, à la fois admirée, contestée et centrale. Homme de gauche, ses publications questionnent souvent le thème de la liberté d’expression et du savoir-vivre ensemble.

Après l’arrêt de ses études à 17 ans, il se lance dans la chanson. Inspiré par des artistes comme Georges Brassens ou Léo Férré, il se produit alors dans des cafés théâtre. En 1970, il forme un duo de chansonniers avec Patrick Font : "Font et Val", avec lequel il connaît un certain succès sur scène jusqu’en 1996, année où il rompt son amitié avec son camarade, qui est accusé d’attouchements sexuels sur mineurs.

Il devient chroniqueur en 1992 sur France Inter dans les émissions "Synergie", "La partie continue" puis "Charivari". Engagé à gauche, il collabore avec le journal Libération et rencontre alors le dessinateur Cabu. Avec ce dernier il fonde Charlie Hebdo dont il devient rédacteur en chef puis directeur de la rédaction en 2004 ; en parallèle, il poursuit sa carrière dans la musique en sortant plusieurs albums tels que "Paris-Vincennes" en 1996 ou encore "Hôtel de l’univers" en 1999. Entre 2006 et 2007, il participe régulièrement à l’émission "Inoxydable" sur France Inter puis dans "Le Sept dix".

Après la publication, en février 2005, des fameuses caricatures danoises de Mahomet dans Charlie-Hebdo, il signe et publie Le manifeste des douze : Ensemble contre le nouveau totalitarisme" : un appel à la lutte contre l’islamisme intégriste, défini comme un totalitarisme religieux mettant en danger la démocratie.
À la suite de cette affaire, cet intellectuel incisif publie deux essais Traité de savoir survivre par temps obscurs en 2007, et Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous en 2008 dans le but de lutter pour la liberté d’expression, mais surtout pour dénoncer le danger de la radicalisation des groupes religieux extrémistes. Loin de stigmatiser les croyants, il dénonce l’émergence d’un système totalitaire qui, sous couvert de la foi, commet des actes qui vont à l’encontre de la liberté, de la démocratie et de la laïcité.

Cette année, il propose un nouvel essai Malaise dans l’inculture qui entame une discussion sur l’origine et l’imposture de l’idéologie du ressentiment, avatar du rousseauisme, qui a réussi, au fil des siècles à faire croire que le bonheur du peuple passait par le sacrifice du droit à la richesse intellectuelle des individus.


Bibliographie

Essais

  • Malaise dans l’inculture (Grasset, 2015)
  • Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous (Grasset, 2008)
  • Traité de savoir survivre par Temps Obscurs (Grasset, 2007)
Malaise dans l'inculture

Malaise dans l’inculture

Grasset - 2015

« Quand on ne trouve pas d’intellectuel pour organiser un débat, on invite un sociologue, qui nous explique qu’il faut être contre l’injustice, contre la misère, contre le racisme, contre la guerre, contre les patrons, contre l’Amérique, contre Israël, contre le sida et contre tous les méchants qui sont pour ce qui est mal. La culture servait à multiplier nos expériences du monde. A quoi bon, puisque le monde tient désormais en deux catégories : like et unlike ?

C’est ainsi qu’on subit jusqu’à la nausée les dénonciations d’Edwy Plenel, les sentences d’Edgar Morin, les transgressions marketing de Bedos père et fils, et si les tables tournantes fonctionnaient, on entendrait encore Stéphane Hessel nous réciter, les yeux mi-clos, un poème de Verlaine à la gloire des combattant du Hamas, car dans l’au-delà, tout est possible.

Voir un écrivain à la télévision se faire massacrer par un chroniqueur inculte, sous les applaudissements du public, voilà un spectacle désormais habituel.
Le prêt-à-s’indigner médiatique, c’est la trop mince couche de glace sur laquelle titubent nos démocraties modernes. Il alerte sur la disparition des ours blancs, mais reste indifférent à celle des librairies, des journaux et des cinémas. L’existence des choses précieuses et subtiles qui rendent possible une bonne vie pour tous dépendent autant, sinon plus, d’un niveau culturel que d’un niveau économique. C’est la culture ou son absence qui décident de l’économie, et non l’inverse, contrairement à ce que martèle le sociologisme en vogue.

Ce livre est une discussion sur l’origine et l’imposture de cette idéologie du ressentiment, avatar du rousseauisme, qui a réussi, au fil des siècles à faire croire que le bonheur du peuple passait par le sacrifice du droit à la richesse intellectuelle des individus. »


Revue de presse

Dans ce pamphlet bien écrit, ce qui ne fait pas de mal, l’ancien patron de Charlie Hebdo découpe la gauche en quartiers et enfonce sa plume dans les plaies de ses divisions. Il s’en prend aux radicaux de l’écologie, aux prophètes de la décroissance, aux pourfendeurs de l’Amérique et de l’Europe libérale, aux fans de Poutine, aux analystes bienveillants du communautarisme, à ceux qui font passer les laïques résolus pour racistes.
En savoir plus sur https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/04/17/paradoxal-philippe-val_4618058_3232.html#yYfVrHeKSTHDypTm.99
https://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/04/17/paradoxal-philippe-val_4618058_3232.html

Traité de savoir survivre par temps obscurs

Grasset - 2007

Philippe Val est apparu au premier plan de la scène politique quand il a publié, en février 2005, dans Charlie-Hebdo, les fameuses caricatures danoises de Mahomet. Mais depuis plus de dix ans, cet éditorialiste affûté, brillant, moqueur, engagé à gauche mais en homme libre, n’épargne ni les uns, ni les autres. Il a affiché son « Oui » à la constitution européenne, et son « Non » aux islamistes en cravate. Il combat les multinationales inhumaines, mais aussi les arracheurs de cultures transgéniques ? Ses prises de position, souvent étonnantes, toujours étayées, ont fait de lui une personnalité iconoclaste, admirée, contestée, centrale. Après des années de travail et de lecture, aiguillonné par un monde aux plaques tectoniques en perpétuelle friction, mais qu’il estime passionnant, riche, plein de beautés, Philippe Val nous confie son premier grand essai : un « traité de savoir-survivre par temps obscurs ». En vingt-trois chapitres parfaitement emboîtés, tressés de citations, de lectures, de films, de faits historiques, il tente de définir ce que pourrait être un « nouvel homme des lumières ». Comment ne pas se laisser « dominer par l’espèce » ; comment sublimer notre part sombre, faite de violence et de ressentiment ; comment agir en homme libre. Bref, comment ne pas donner prise à la culture du « malaise dans la civilisation », pente si courante dans un temps qui a connu les totalitarismes, la terreur, l’abjection ? Philippe Val nous propose aujourd’hui sa « méthode ». Dans ces pages, nulle froide réthorique, mais une approche spinoziste : « Si dieu le veut. Le but des Lumières a été de rendre absurdes et imprononçables ces mots qui scellent le mariage de l’individu avec son propre malheur. C’est par le travail de la pensée que commence le divorce. S’il est vain de penser que l’on éliminera un jour la souffrance, on peut en revanche conjurer la tristesse, qui n’est pas seulement la conséquence, mais aussi la cause de nos malheurs. Lecteur, si mon livre te donne l’intuition que la joie est moins inaccessible qu’il n’y paraît, j’aurai atteint mon but. Il est difficile de tenir une certitude dans ce monde changeant mais il en est une que Verlaine énonce dans « Ecoutez la chanson » : « Allez ! rien n’est meilleur à l âme / Que de faire une âme moins triste. »

La place du religieux

Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Phillippe Val, Boualem Sansal, Parker Bilal. - Saint-Malo 2015

Avec Alaa El Aswany, Kamel Daoud, Phillippe Val, Boualem Sansal, Parker Bilal. Débat animé par Yann Nicol


Et si on essayait de se comprendre ?

Avec Phillippe Val, Alaa El Aswany, Taiye Selasi, Daniel Le conte, Russell Banks et Pascal Blanchard - Saint-Malo 2015

Avec Phillippe Val, Alaa El Aswany, Taiye Selasi, Daniel Le Conte, Russell Banks et Pascal Blanchard. Rencontre animée par Pierre Haski.

C’est devenu une affaire internationale : 6 écrivains de langue anglaise (dont Taiye Selasi) bientôt soutenus par 120 autres (dont Russell Banks) ont refusé de participer au Pen World Voice Festival (4-10 mai) qui décernait son prix de la liberté d’expression à Charlie Hebdo. Deux conceptions du monde qui s’opposent, l’une anglo-saxonne, l’autre française ? Ou bien une crispation traduisant que ces deux modèles sont en crise et appellent une pensée nouvelle ? L’occasion d’en débattre sereinement. Et pour cela, un des grands moments du festival... Une rencontre entre Russell Banks, Taiye Selasi, Pascal Blanchard, Alaa El Aswany, Philippe Val et Daniel Leconte.