En signant un quintet de Brasília - cinq romans autour de la capitale brésilienne, l’écrivain João Almino dresse le portrait d’une ville "au croisement de plusieurs Brésil" et s’intéresse, à travers sa figure mythique, à l’ensemble de la société brésilienne, autant de destins particuliers dont Almino capte les voix qui affluent dans cette ville mythique et en restitue le souvenir dans un style incomparable et transparant.
Auteur d’essais philosophiques et littéraires, mais aussi spécialiste de philosophie politique, João Almino a été l’élève du philosophe Claude Lefort à Paris, où il a passé son doctorat, avant d’enseigner dans diverses universités, à Mexico, Stanford, Brasília ou encore Chicago. Il est aujourd’hui Consul Général du Brésil à Madrid.
Fasciné par la forte dimension symbolique de la future capitale, l’écrivain a donc fait de la région de Brasília le décor de ses romans. Cidade Livre (littéralement "Ville libre"), paru en 2010 au Brésil et en France en 2012 sous le nom de Hôtel Brasília, le dernier opus du quintet, raconte la création de Brasília entre 1956 et 1960, et l’espoir qu’elle a fait naître chez tous les Brésiliens, venus des quatre coins du pays à la recherche d’une vie meilleure. À cette utopie, l’auteur oppose la réalité contemporaine, la ségrégation sociale et la surpopulation dans les zones périurbaines... Formidable récit d’une (ou de) petite(s) histoire(s) dans la grande, qui fait le fil conducteur de tout le quintet. Et si l’auteur réfute l’appellation de « romancier de Brasília » qu’on tente souvent de lui donner (très peu d’écrivains en ont en effet fait le sujet de leur œuvre), c’est que son travail, dit-il, n’est justement pas celui d’en traduire de manière la plus fidèle les coutumes ou les réalités sociales à la manière des "régionalistes" qui ont cours au Brésil, mais d’explorer les destins particuliers et les sentiments de personnages parfois anodins, de montrer les rêves et les ambitions "d’une population montrée dans sa diversité, – des candangos (ainsi étaient appelés les ouvriers ayant construit la ville, majoritairement venus du Nordeste en quête d’un meilleur salaire) aux ingénieurs et urbanistes, en passant par des entrepreneurs peu scrupuleux, prospérant grâce aux mannes juteuses de cette cité surgie du néant." Or Brasília est une trame inépuisable d’espoirs, d’actions et de drames, et c’est ainsi que João Almino, plutôt que de se contenter d’une seule fiction, a bâti un quintet de romans, creusant ce sillon dès Ideias para passar o fim do mundo (publié en 1987), et clôturant le cycle par Cidade Livre.
En savoir plus :
Le site officiel de João Almino
Bibliographie :
- Hôtel Brasília (Métailié, 2012)
Non-traduits :
- O Livro das Emoções (2008)
- As Cinco Estações do Amor (2001)
- Samba-Enredo (1994)
- Idéias para Onde Passar o Fim do Mundo (1987)