BEYROUK Mbarek

Mauritanie

Je suis seul (Elyzad Éditions, 2018)

Fils d’Atar, ville du nord mauritanien au delà de laquelle le désert règne en maître, l’écrivain et journaliste Mbarek Beyrouk s’est battu toute sa vie pour la liberté de presse et d’opinion. Son dernier roman a déjà reçu le Prix Ahmed Baba de la littérature africaine 2019 et est en lice pour le prix Les Afriques. Soliloque éminemment poétique d’un homme seul au cœur d’une cité saharienne assiégée par les terroristes, cette œuvre captivante nous plonge dans l’esprit d’un homme prisonnier de ses souvenirs, ses regrets, ses angoisses. Une écriture profonde et puissante qui s’insinue avec poésie dans les pensées d’un individu qui, comme chacun d’entre nous, "renferme l’humanité entière".

Né le 10 juillet 1957 d’un père instituteur à l’école coloniale, il grandit dans le paradoxe, entre les écrits de Voltaire et un environnement tribal traditionaliste. Il effectue ses études à Atar avant de se rendre à la capitale, Nouakchott, pour apprendre le droit. Durant ces années, il flirte avec une formation d’extrême-gauche ; cependant cet engagement politique ne survit pas à l’entrée dans la vie active, à savoir le journalisme auprès de la radio-télévision nationale à partir de 1985.

En parallèle de son travail, l’auteur écrit des nouvelles pour le quotidien Chaab (devenu aujourd’hui Horizons), textes qui eurent beaucoup de succès. Il crée en 1988 le premier journal indépendant du pays : Mauritanie-Demain. Malgré les tracasseries administratives, ce mensuel devint la grande référence pour les intellectuels et tous les partisans de la démocratie, avant de cesser de paraître en 1994.

L’année suivante, Mbarek Beyrouk se rend en France et collabore avec l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique, mais l’expérience de l’expatriation le laisse amer. Il revient au pays en 1996, relance Mauritanie Demain puis crée le journal L’indépendant. Il rejoint en 2001 l’Agence Mauritanienne d’Information.

Incapable de garder sa plume dans sa poche à ses postes successifs au sein de l’Agence, Mbarek Beyrouk continue d’écrire. Il publie alors le roman Et le ciel de pleuvoir en 2006, suivi du recueil Nouvelles du désert en 2010.
Le griot de l’émir, roman paru en 2013, raconte les pérégrinations d’un poète dans le Sahara des temps anciens, parti semer parmi les hommes du désert les germes de la révolution...

En 2015, Le tambour des larmes, honoré par le Prix Kourouma et le Prix du Roman Métis des Lycéens, relate la fuite de la belle Rayhana, sa rencontre avec une esclave affranchie, un homosexuel raffiné et un étudiant idéaliste. Une épopée du désert contemporaine où se télescopent modernité et traditions ancestrales.

Au cœur d’une ville saharienne assiégée par les terroristes, un homme s’enferme dans la maison de son amour passé, Nezha. Il observe, de ses yeux captifs, sa cité sombrer dans le chaos et la folie. Prisonnier des fanatiques et de lui-même, le narrateur est seul avec ses souvenirs, ses regrets, ses angoisses. Je suis seul est un roman étonnant et captivant, qui fascine par sa force poétique. Le lecteur est plongé dans le soliloque d’un homme qui, comme chacun d’entre nous, "renferme l’humanité entière".


Bibliographie

  • Je suis seul (Elyzad Éditions, 2018)
  • Le tambour des larmes (Elyzad Éditions, 2015)
  • Le griot de l’émir (Elyzad Éditions, 2013)
  • Nouvelles du désert (Présence africaine, 2010)
  • Et le ciel a oublié de pleuvoir (Dapper, 2006)
Je suis seul

Je suis seul

Elyzad Éditions - 2018

Je suis seul, dit le narrateur caché de tous, alors que sa ville située aux portes du désert est tombée aux mains de djihadistes. Au fil de son soliloque haletant se déroule la mécanique inexorable des évènements qui l’ont mené à se retrancher dans cette chambre étroite. Il se trouve prisonnier, prisonnier de sa peur, des amours qu’il a piétinées, du malheur des siens, des corruptions et des sinistres combattants qui paradent dans la rue. L’histoire de sa vie, de la pauvreté nomade aux succès mondains, porte en son cœur le germe de la perte. Seule Nezha, son ancienne bien-aimée, aurait le pouvoir de le sauver. Mais le veut-elle ? 

Un roman choc au Sahara. Une voix qui porte jusqu’à nous.

Le tambour des larmes

Elyzad Éditions - 2015

Sahara mauritanien. Issue de la tribu des oulad Mahmoud, la belle rayhana, promise à un avenir paisible, voit son horizon s’assombrir. Son amant, un brillant ingénieur au verbe clinquant, a disparu. La jeune fille est enceinte. Pour éviter le déshonneur, sa mère la contraint à abandon- ner son enfant et la marie de force.

Mais rayhana se rebelle. elle s’enfuit, troquant l’univers clos du campement contre le tumulte des villes d’Atar et de Nouakchott. À la recherche éperdue de son fils, elle trouve soutien et réconfort auprès d’une esclave affranchie, d’un homosexuel raffiné et d’un étudiant idéaliste qui tentent de la protéger de la fureur de siens. car pour se venger, dans un geste de défi superbe, rayhana a emporté avec elle le tambour sacré de la tribu, scellant ainsi son destin à la rage des hommes.

Une épopée du désert contemporaine où se télescopent la modernité et les traditions ancestrales, l’État et les codes tribaux, l’oppression et le désir de liberté des jeunes filles, le tam-tam et les téléphones portables. Au-delà des contrastes, s’esquisse le tableau tout en finesse d’une société fascinante, éclairante sur l’actualité du monde.


Le griot de l’émir

Elyzad Editions - 2013

Nouvelles du désert

Présence Africaine - 2010

D’un côté, les dunes du désert mauritanien en ligne d’horizon, les tentes, les chameaux, les razzias… De l’autre, la ville nouvelle, tentaculaire, menaçante…Une vie rude mais noble, où la beauté d’une immensité céleste imperturbable le dispute à l’âpre sécheresse saharienne. À portée, la tentation urbaine, où nombre d’humains sont aux prises avec la misère et la corruption. « Ils ne savent pas aimer, ceux des nouvelles cités. Ils ne savent pas goûter au sel sacré des amours même impossibles. Ils ne savent pas magnifier ni Dieu ni les étoiles, ils ne savent pas rentrer en eux-mêmes et fouiller les trésors de l’esprit. Ils calculent seulement. C’est pourquoi ils ne rêvent pas ». En vingt nouvelles d’un style étincelant, comme autant de roses des sables, Beyrouk nous entraîne dans les dédales fascinants du vécu d’un peuple aux prises avec son nouveau destin.


Et le ciel a oublié de pleuvoir

Dapper Editions - 2006

Leguelb, aux confins du Sahara. Quelques campements perdus où le Moyen Âge côtoie la Modernité. Libre de corps et d’esprit Lolla provoque par ses manières orgueilleuses l’implacable tribu des Oulad Ayatt, dont le chef, Bechir, a juré d’épouser la belle au corps de miel et au visage de houri. Celle-ci, pourtant, n’a de cesse de rechigner : « je suis Lolla et je n’appartiendrai ni aux tentes blanches des seigneurs des sables ni au mobilier cossu des citadins parvenus. » L’illusion est de courte durée. Quand l’apocalypse s’abat sur sa famille et ses amours, tout semble consommé pour la belle marginale. Mais l’Antigone des sables refuse la défaite, et seule, va affronter les ombres épaisses des injustices séculaires. L’écriture poétique de Beyrouk, auteur féru de mysticisme oriental, a la beauté sèche des pistes qui mènent à l’oued....

La vie est un conte

Avec Yamen MANAI, Pierre Kouassi KANGANNOU, Mohammad RABIE, Mbarek BEYROUK - Saint-Malo 2019

Avec Yamen MANAI, Pierre Kouassi KANGANNOU, Mohammad RABIE, Mbarek BEYROUK
Animé par Sophie EKOUE