GALGUT Damon

Afrique du Sud

In a Strange Room (Editions de l’Olivier, 2013)

Oui, l’Afrique du Sud décrite par Galgut fait peur : "Le crime sévissait partout, jusque dans les coins les plus reculés. Le pays allait à vau-l’eau", écrit le romancier, l’un des plus désenchantés de sa génération. Et dont la prose brûle comme un feu de brousse.
André Clevel, L’Express

Biographie

© Nigel Maister

Pour Damon Galgut, écrivain et dramaturge appartenant à la dernière génération ayant grandi sous l’Apartheid, la "nouvelle Afrique du Sud" est une imposture. Les préjugés racistes restent une réalité, la pauvreté est criante et les mentalités tardent à évoluer. Point de bienveillance ni d’angélisme dans les romans de ce sud-africain né à Pretoria en 1963 qui se qualifie sans détour d’écrivain de la "classe-moyenne blanche".

À six ans, on lui diagnostique un cancer. Le jeune Damon passe ainsi de longues années de son enfance enfermé entre les quatre murs blancs de l’hôpital, avec pour seule distraction la voix de ses proches lui lisant des histoires à son chevet. De cette période, que l’écrivain considère comme « une pièce centrale de sa vie », naît son irrépressible goût pour les livres, la lecture et l’écriture. À l’âge de 17 ans, il confie ses premiers écrits à l’œil avisé d’un de ses professeurs de lycée qui porte tout de suite l’œuvre à une maison d’édition de Johannesburg qui publie A Sinless Season (non traduit en français). Suivront d’autres ouvrages, des nouvelles, des pièces de théâtre, et de nombreuses récompenses, dont le Prix du Commonwealth pour l’Afrique. En 2003, le succès d’Un Docteur irréprochable, sélectionné pour le Booker Prize britannique, lui permet de toucher un public beaucoup plus large.

Après la génération des Gordimer ou des Brink - qui explorait surtout les enjeux moraux de l’apartheid et traçait des frontières assez nettes entre le bien et le mal -, Galgut peint la complexité, l’ambiguïté. En 2010, son Imposteur esquisse, à travers l’étrange histoire d’Adam, tombé sous l’emprise du manipulateur Canning, une réflexion sur la manière dont une société reconstitue son histoire, rassemble ses souvenirs et bricole avec son passé.

D’abord paru sous la forme de trois nouvelles dans la revue The Paris Review, Dans une chambre inconnue, son dernier roman publié en français, a été sélectionné en 2010 pour le Man Booker Prize. Dans ce texte intime et poétique, largement autobiographique, l’écrivain réinvente le récit de voyage, sous la forme de trois variations sur l’errance volontaire.


Bibliographie :

Oeuvres traduites en français :

  • In a Strange Room (Editions L’Olivier, 2013)
  • L’Imposteur (Editions L’Olivier, traduction par Hélène Papot, 2010)
  • Un Docteur Irréprochable (Editions L’Olivier, traduction par Hélène Papot, 2005)

Oeuvres non traduites :

  • The Quarry (Viking, 1995)
  • Gewapende Stilte (Nijgh & Van Ditmar, 1995)
  • The beautiful screaming of pigs (Scribners, 1991)
  • Small Circle of Beings (Constable, 1988)
  • A Sinless Season (Penguin, 1984)

Présentation de In a Strange Room

Dans ce dernier roman, aux accents légèrement autobiographiques, Damon, le personnage principal, un jeune solitaire, voyage à travers l’Afrique Orientale, en Europe et en Inde. Il ne sait pas trop ce qu’il cherche et, réticent à l’idée de rentrer chez lui, il suit les traces des voyageurs qu’il rencontre sur sa route. Parfois amant, parfois disciple ou maître, chaque nouvelle rencontre avec un étranger énigmatique, avec un groupe de randonneurs insouciants le pousse à se confronter à sa propre identité. Traversant le calme de la nature sauvage et la frénésie du passage des frontières, chaque nouvelle destination est teintée de deuil à mesure qu’il se propulse vers sa fin tragique.


Présentation de L’Imposteur

Quand Adam perd son emploi, il quitte Johannesburg et se retire dans une maison du bush sud-africain pour écrire. Mais un homme vient perturber sa solitude. Il s’appelle Canning et se présente comme un ancien camarade de classe. Adam n’a aucun souvenir de ce prétendu « ami », pourtant il le laisse entrer dans sa vie. Canning affiche tous les signes extérieurs de la réussite : une maison luxueuse, des projets ambitieux, une femme séduisante. Attiré par l’étrangeté du personnage, Adam décide d’aller au bout de l’imposture en acceptant de jouer le rôle qui lui est proposé.

Ce texte plein de mystère, au climat oppressant, a pour toile de fond l’Afrique du Sud d’après l’apartheid. Dans la lignée de J. M. Coetzee, Damon Galgut mêle le destin d’un homme et de son pays, hanté par le passé.

Revue de presse :

  • "Outre la question de l’affairisme immobilier dans une région vierge, c’est ici toute la question de l’identité qui est convoquée. Le passé, le vrai, le faux, les souvenirs, les mémoires individuelles, collectives et politiques qui fondent notre relation à la politique. Le tout, dans un pays qui est sorti de l’apartheid depuis moins de vingt ans, et où un apartheid social vit encore, nous enseigne le livre." Rue 89

Dans une chambre inconnue

L’Olivier - 2013

Damon aime marcher, partir sans but. Son projet ? Être toujours ailleurs. Loin d’ici (TP) raconte trois instants de sa vie, trois voyages. À 20 ans, Damon est le « suiveur » : lorsqu’il rencontre Reiner, un séduisant voyageur allemand, il se laisse entraîner en Grèce, dans une randonnée qui tournera mal. À 30 ans, il est « l’amant » : au Zimbabwe, il s’éprend de Jérôme et tisse avec lui une relation étrange faite de non-dits. À 50 ans, il joue « le protecteur » en accompagnant son amie Anna en Inde. Elle souhaite faire de ce périple son dernier voyage avant de se donner la mort ; il veut croire que sa présence peut éviter le pire. Dans un style épuré et poétique, Damon Galgut décrit une singulière traversée dans la vie d’un homme. Les détails des lieux s’effacent, seule la terre aride et la chaleur oppressante restent. La quête dépasse celle du voyageur qui arpente le monde sac au dos et devient une aventure intérieure.


L’imposteur

L’Olivier - 2010

Quand Adam perd son emploi, il quitte Johannesburg et se retire dans une maison du bush sud-africain pour écrire. Mais un homme vient perturber sa solitude. Il s’appelle Canning et se présente comme un ancien camarade de classe. Adam n’a aucun souvenir de ce prétendu « ami », pourtant il le laisse entrer dans sa vie. Canning affiche tous les signes extérieurs de la réussite : une maison luxueuse, des projets ambitieux, une femme séduisante. Attiré par l’étrangeté du personnage, Adam décide d’aller au bout de l’imposture en acceptant de jouer le rôle qui lui est proposé. Ce texte plein de mystère, au climat oppressant, a pour toile de fond l’Afrique du Sud d’après l’apartheid. Dans la lignée de J. M. Coetzee, Damon Galgut mêle le destin d’un homme et de son pays, hanté par le passé.


Un docteur irréprochable

L’Olivier - 2005

Cela fait des années que Frank Eloff travaille dans l’hôpital misérable d’une capitale fantôme, artificiellement créée dans un homeland en Afrique du Sud. Quand il voit arriver Laurence Waters, il se dit qu’il ne tiendra pas longtemps. « J’étais assis dans le bureau, en fin d’après-midi, lorsqu’il est soudain apparu dans l’encadrement de la porte, une valise à la main, en vêtements de ville – un jean et une chemise marron – sous sa blouse blanche. Il avait l’air jeune et perdu, et vaguement décontenancé, mais ce n’est pas cela qui m’a amené à penser ainsi. C’était autre chose, que je lisais sur son visage. » Pétri de bonnes intentions, Laurence Waters croit pouvoir améliorer les conditions misérables dans lesquelles vit la population locale. Mais son ignorance risque de provoquer une catastrophe. Dans ce récit porté par un lyrisme amer plane le spectre de l’apartheid. Tout contribue à rendre l’atmosphère étrange et oppressante : l’univers clos de l’hôpital, le bush qui entoure la ville, la chaleur, les tensions qui se font de plus en plus lourdes au sein de l’équipe médicale. La machine infernale est en marche.


La faille

Editions Verticales - 1998

En Afrique du Sud, sur une route désertique près d’une ville portuaire, un homme titube et se dirige vers la mer. Il se déhabille et avance dans l’eau le visage hagard, indifférent. Il reprend sa fuite en prenant soin d’être le moins visible possible. le hasard d’une crevaison va placer sur son chemin le pasteur Frans Niemand. Ce dernier lui propose de le mener vers le Nord. la police rôde dans toute la région. Le pasteur comprend que l’homme est recherché. il s’arrête auprès d’une carrière abandonnée et tente de monnayer son silence en échange de quelques caresses... L’homme le tue. Il ne lui reste plus qu’à endosser les vêtements de Niemand et de se rendre dans le village où sa victime devait remplacer l’ancien pasteur. Qui est cet homme ? L’énigme reste intacte. Le récit rend compte de cette nouvelle identité, cette supercherie que rien ne semble tout d’abord devoir menacer, et surtout pas l’afflux des fidèles dans le temple délabrée de la petite ville. Mais le faux pasteur ne peut prévoir l’enchaînement d’événements qui une fois mis en mouvement deviendront inévitables, pas seulement pour lui, mais pour chacun des protagonistes de cette histoire. depuis Valentine, le chapardeur qui, par hasard, mènera la police à la découverte du cadavre du pasteur assassiné jusqu’au capitaine Mong qui sans relâche cherche le coupable de ce meurtre. Mais nourri de la folie et des failles de tous, le récit s’accélère et des forces contradictoires vont alors s’affronter.  Cette histoire "policière" faite de symboles, de silence, d’atmosphère ne pouvait qu’intéresser un cinéaste. Un cinéaste s’attachant à comprendre et à exprimer la douleur des êtres, coupables ou innocents, le dérive des hommes qui ont perdu toute raison d’être. Marion Hänsel, cinéaste belge, auteur de six longs métrages : Le Lit en 1982, Dust avec J. Birkin et T. Howard en 1984, Les Noces barbares en 1987, Il Maestro en 1989 avec Charles Aznavour, Sur la terre comme au ciel avec C. Maura et Didier Bezace, Between the devil and the deep blue sea qui fut présenté en Compétition Officielle au Festival de Cannes en 1995, a adapté le roman de Damon Galgut et en a écrit également le scénario et les dialogues. Le film a été réalisé en Afrique du Sud et distribué en mai 98. 

Un autre regard

Les cafés littéraires en vidéo
Hubert HADDAD, Damon GALGUT, Murray BAIL, Sefi ATTA - Saint-Malo 2013

Avec : Hubert HADDAD, Damon GALGUT, Murray BAIL, Sefi ATTA


L’avenir du roman

Les grands débats à voir et à réécouter
Saint-Malo 2013

Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE