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Né à Nantes en 1940, Jean-Marie Dallet est un écrivain qui se qualifie lui même de "révolté", car "on ne peut écrire sans révolte, être artiste, c’est dire non aux idées toutes faites". C’est aussi un auteur passionné par la mer, la navigation et les événements historiques qui leur sont liés. Son premier roman, Les Antipodes, est publié en 1968 et son préfacier n’est autre que Marguerite Duras. Ce roman dans lequel, déjà, l’auteur parle au lecteur d’exotisme, est le premier d’une quinzaine d’autres, parmi lesquels il convient de citer Dieudonné Soleil, grâce auquel Jean-Marie Dallet obtient la bourse Goncourt du récit historique en 1983.
Un écrivain révolté donc, dans un monde qu’il considère assailli, même en ses lieux les plus reculés, par l’uniformisation, la quête du pouvoir, la recherche du profit et la vulgarité. Face à ces menaces, Jean-Marie Dallet donne à ses lecteurs de découvrir, de s’émerveiller et de naviguer au fil des mots, lui qui "navigue" entre Paris, la Méditerranée et le Pacifique sud, qu’il a d’ailleurs sillonné à bord de son voilier en ralliant un jour Tahiti par voie de mer. Et s’il est bien un endroit du monde qui fascine Jean-Marie Dallet, ce sont bien les mers du sud. Au fil de ses romans, depuis les plus anciens tels que Les Antipodes, Tahiti Jim ou encore Dieudonné Soleil jusqu’aux plus récents, le lecteur découvre ainsi des paysages, en apparence idylliques mais trop souvent trompeurs, de mers bleues, de cieux illuminés, de sable blanc et de terres sauvages à la végétation luxuriante. Lieux sauvages, lieux nourriciers, lieux de colonisation... Lieux d’exil et de châtiment aussi, comme c’est le cas dans Au plus loin du Tropique, roman paru en 2006 dans lequel cinq personnages bannis du monde sont prisonniers du paradis, ou de "cet enfer posé sur les flots".
En 2010, Jean-Marie Dallet a publié De Pareils Tigres , récit de l’étrange histoire vraie des frères Rorique, deux marins bretons accusés d’actes de piraterie et de meurtre, ou comment un étonnant fait divers défraye la chronique judiciaire au point d’être comparé par Zola à l’affaire Dreyfus. Une affaire Dreyfus où surgit le fantôme de la piraterie, une affaire Dreyfus sous les tropiques de Polynésie et du bagne de Cayenne. Le dernier roman de Jean-Marie Dallet, 17° Sud 149° Ouest, paru en 2011, met en scène le candide aspirant Lecoeur, un jeune Français Blanc fraîchement débarqué à Tahiti. Il y découvre un peuple qui vit au rythme de la nature et des sentiments humains, un monde qui le fascine bien qu’il garde le point de vue d’un homme Blanc, un monde qui change aussi, au gré des marées qui amènent l’occident sur les rivages de l’île. On y retrouve une nouvelle fois la musique, le verbe imprévisible et le souffle épique du style de Jean-Marie Dallet, son goût de l’aventure et des mers du sud, mais aussi une sourde inquiétude face à un monde ou la pureté des sentiments les plus simples et la beauté de la nature semblent ne plus suffire aux hommes.
- 17°Sud 149° Ouest (Au Vent des Îles, 2011)
- De pareils tigres (Le Sonneur, 2010)
- Encre de guerre (Le Sonneur, 2008)
- Au plus loin du Tropique (Le Sonneur, 2006)
- Pontmaudit ou les Chemins de la Haute Mer (Le Rocher, 2006)
- Tentative de fuite (Plon, 2000)
- Au soleil des vivants (Lattès, 1998)
- Veilleur où en est la Vie (Laffont, 1994)
- Fin de Partie au Sans Souci (Laffont, 1989)
- Paradis, paradis (Laffont, 1985)
- Dieudonné Soleil (Laffont, 1983)
- Je, Gauguin (Laffont, 1981), (Table Ronde, 2003)
- Tahiti Jim (Laffont, 1979)
- Waterman bleu-noir (Laffont, 1978)
- L’Atelier du tropique (Saint-Germain des Prés, 1976)
- Les Antipodes (Seuil, 1968)
Présentation de 17°sud 149° ouest
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L’aventure de l’aspirant Lecoeur ne surprendra pas les historiens car elle se nourrit des récits de voyages des grands capitaines, Bougainville, Cook ou encore Bligh qui ont abordé à Tahiti. Mais Jean-Marie Dallet, par l’écriture fluide et imagée que nous lui connaissons nous captive par ce journal de bord. Car il s’agit bien d’un journal de bord, qui suit la Sainte Sirène et son équipage dans la mission de transplantation de l’arbre à pain de Tahiti aux Antilles. L’auteur est à l’écoute des mouvements de coeur de l’aspirant bien nommé qui tout à la quête de l’amour en arrive à être « oublié » sur l’île. On connaissait le rôle des mutins ou des déserteurs dans le jeu politique des chefferies de Tahiti à la fin du XVIIIe siècle. On découvre celui d’un « oublié » occupé à tracer une carte du Tendre polynésienne.
Au sujet de 17°Sud 149° Ouest... Deux interviews de l’auteur :
Les Nouvelles de Tahiti du 11/07/11
La dépêche de Tahiti 16/09/11
Présentation de De pareils tigres
15 décembre 1891, le navire Niuroahiti disparaît en Polynésie. Quelques mois plus tard, à plusieurs milliers de kilomètres de son port de départ, il accoste sous un faux nom dans une île du Pacifique où il est arraisonné par les autorités locales. Seuls membres de l’équipage d’origine : deux frères, Joseph et Alexandre Rorique, et le maître-queux du bâtiment. Sur accusation de ce dernier, les Rorique sont arrêtés. Soupçonnés de meurtres et d’actes de piraterie, ils ne cesseront, lors de leur procès retentissant, de clamer leur innocence.
Dans ce roman polyphonique, Jean-Marie Dallet revient sur une célèbre affaire qui a défrayé la chronique à la fin du dix-neuvième siècle et a inspiré à Jules Verne la trame de son roman Les Frères Kip. Des lagons de Tahiti au bagne de Cayenne, en compagnie de Paul Gauguin et de Joseph Conrad, l’auteur mêle fiction et réalité pour raconter le mystère qui continue d’entourer le destin des frères Rorique. « Mettez fin à ce scandale judiciaire. Les souffrances de ces deux malheureux n’ont que trop duré... » écrivait Séverine, la co-fondatrice de la Ligue des Droits de l’Homme, à leur sujet.
Revue de presse :
- "Jean-Marie Dallet excelle à rendre compte du caractère supposé de ces personnages de toutes façons hors du commun, habité par une exceptionnelle passion pour la navigation, et par une fraternité non moins forte."
Librairie Le Feu rouge
- "Jean-Marie Dallet nous raconte l’histoire des frères Rorique, des pirates qui nous font naviguer des rivages enchanteurs de Polynésie au nettement moins accueillant bagne de Cayenne. Assassins ou innocents ? L’opinion s’est déchirée il y a plus de cent ans. Zola comme Clémenceau comparent ce procès à celui de l’Affaire Dreyfus."
Patrick Poivre d’Arvor, Entreprendre
- "Même si on l’oublie un peu, lui qui fut adulé et préfacé par Marguerite Duras, Jean-Marie Dallet jette l’ancre là où ça lui chante. Navigateur et écrivain, il écrit ses bouquins à l’aise dans ses docksides, dans l’ombre d’une dodue de Gauguin et d’un mât de beaupré, histoire de rendre hommage à un malheur qui commence par une phrase ou à une phrase qui commence par un malheur. […] Il nous raconte l’histoire des frères Rorique […] dans son style à lui, chaloupé, à la gîte, riche en nœuds, où il est question d’assassinats et de piraterie. Vous l’avez compris, ça se passe au dix-neuvième siècle, dans une mélasse où pataugent Gauguin, Narrhun, Alexandre, Joseph, Dreyfus et le bagne de Cayenne. On a envie de dire : Joyeux, fais ton fourbi ! Avec Dallet, ça papillonne dans les cadènes. C’est du solide. Groâââ ! On rugit de bonheur."
François Cérésa, Service littéraire
- "De pareils tigres est un grand roman d’aventures dans les traces de ceux de Jack London, Robert Stevenson ou Joseph Conrad. De la trempe qui fabrique les mythes. C’est aussi une méditation sur la fiction romanesque, une construction vertigineuse entre enquête et invention (une histoire vraie, que nous voyons avec les yeux de l’imagination), entre vérité et mensonge (nul ne sait si les deux frères furent des marins malchanceux ou de féroces assassins, le lecteur moins que quiconque). Jean-Marie Dallet confie son récit à plusieurs voix […] sans jamais trancher, en faisant chatoyer l’extraordinaire diversité des interprétations. Et puis il y a son merveilleux lexique marin, ces mots de la mer qui nourrissent le rêve de leur exacte poésie, sa langue luxuriante, sa cadence qui ne ressemble à aucune autre, et ce qui hante tous ses romans : Tahiti, Gauguin et son génie solitaire et humilié, Conrad et ses héros, leurs âmes inquiètes et perdues."
Marie Masson, Les lettres françaises