Invités depuis 1990

FIÈRE Stéphane

France

Camarade Wang achète le France (Phébus, 2016)

© Philippe Matsas

Lorsque l’éditrice de Bleu de Chine reçoit le premier manuscrit de Stéphane Fière, elle le croit écrit de la main d’un auteur chinois qui aurait pris un pseudonyme français. C’est que l’écrivain, qui vit depuis plus de vingt ans à Shanghai, a pratiqué une insertion totale dans le mode de vie chinois, au point d’être aujourd’hui en symbiose avec la culture du pays. « Cela fait vingt ans que je parle chinois, j’ai donc acquis inconsciemment une façon de penser chinoise. »

Né à Lyon, en 1960, Stéphane Fière gagne Paris pour faire ses études en science politique, puis préparer le concours de l’Ena. Mais en 1984, un coup de tête l’entraine à Taiwan, où il restera deux ans. C’est un véritable coup de foudre : « je n’aurais pas été plus étranger si j’avais débarqué sur Mars, et pourtant j’étais chez moi », déclare-t’il. Il repart cependant vers les Etats-Unis : à Los Angeles, il fonde avec son épouse chinoise une société d’accessoires de mode, entreprise plutôt lucrative qu’il décide néanmoins de vendre, afin de « faire autre chose que de gagner de l’argent ». Il reprend alors ses études, entreprend une thèse à Harvard sur « l’évolution de la composition du Comité central du parti communiste chinois, de 1978 à 1992 », et apprend le mandarin. Après un bref retour en France, il s’installe définitivement en Chine, où il travaille désormais en tant que guide interprète.

L’entrée de Stéphane Fière dans le monde de l’écriture est pour le moins atypique. Un beau matin, sans l’avoir prémédité, il débarque avec son ordinateur sous le bras dans une bibliothèque, et commence à taper quelques lignes. Un an durant, il répète ce petit manège, s’installant à la même place de 9h à 17h. « Je peux rester 8 ou 10 heures par jours, sans bouger à ma table : parfois j’écris trois lignes, un paragraphe. J’ai besoin de regarder devant moi, d’avoir les yeux qui se promènent, le cerveau qui rêve. » Et c’est ainsi que se construit petit à petit La Promesse de Shanghai, son premier roman paru en 2006 : Stéphane Fière écrit sans plan préétablit, au gré de ses envies et de ses humeurs. L’ouvrage se glisse dans la peau d’un « mingong », l’un de ses travailleurs urbains misérables venus de la campagne et qui n’ont aucun droit ou reconnaissance, au cœur d’une Chine foisonnante et réaliste. Son premier livre, bientôt suivi par un second, Caprice de Chine, est un véritable succès. En 2011, parait aux éditions Métailié Double Bonheur, un roman qui explore une autre réalité de la vie à Shanghai, celle des expatriés français : les aventures d’un jeune interprète au consulat chinois, ses activités frauduleuses et son amour pour la belle An Lili. Stéphane Fière jette un regard sans aucune compassion sur ce monde d’expatriés occidentaux, et dessine une Chine bien différente des clichés exotiques habituels.

Après avoir vécu près de vingt ans à Shanghai, il vit aujourd’hui à Pékin. La capitale chinoise est le cadre de son nouveau roman Une Chinoise ordinaire, paru en 2014, dans lequel l’auteur français revient sur ce pays qu’il place au centre de ses œuvres. C’est à travers la voix d’Ai Guo, jeune prostituée prête à tout pour percer, qu’il nous montre les bouleversements de cette société en mutation et les différents aspects de cette modernité qui attire les Occidentaux autant qu’elle les rebute.

Alors que la Promesse de Shanghai, son premier roman, se glissait dans la peau d’un "mingong", l’un de ses travailleurs urbains misérables sans droits ni reconnaissance, il nous offre cette fois-ci, avec Camarade Wang achète le France (Phébus, 2016), une satire experte. De quoi rire à gorge déployée mais aussi frémir. Et si c’était là notre réalité ?


Bibliographie :

  • Camarade Wang achète le France (Phébus, 2016)
  • Une Chinoise ordinaire (Anne-Marie Métailié, 2014)
  • Double Bonheur (Anne-Marie Métailié, 2011)
  • Caprices de Chine (L’Aube, 2008)
  • La Promesse de Shanghai (Bleu de Chine, 2006)
Camarade Wang achète le France

Camarade Wang achète le France

Phébus - 2016

Wang Desheng, vice-Ministre du Commerce de la République populaire de Chine, est en visite en France. Sa garde rapprochée ? Huit collaborateurs et six très jolies camarades de lit. Son objectif ? Faire ses courses dans le pays, comme dans un vaste discount center. Rien ne l’arrête, et surtout pas les scrupules. Ni le peu de résistance de ses interlocuteurs français. La délégation profite allègrement de leur cupidité pour acheter entreprises, hôtels, terres agricoles...
Jusqu’à ce qu’une belle universitaire croise la joyeuse équipe. Elle rêvait d’être interprète, juste le temps d’une cérémonie. Mais quand les raviolis à la chair de crabe sont délectables, on n’hésite pas à se resservir.
Après vingt ans dans le monde chinois, Stéphane Fière nous offre une satire experte. De quoi rire à gorge déployée mais aussi frémir. Et si c’était là notre réalité ?


Revue de presse :

  • « Une parodie enjouée. »
    L’Express
  • « Satire de l’avidité capitaliste, Camarade Wang achète la France est le roman caustique et lucide d’un expatrié. »
    Transfuge
  • « L’auteur raconte cette épopée burlesque dans un style ludique, débonnaire et rapide, qui joue pour beaucoup dans la réussite du livre. Le texte est truffé de trouvailles, ellipses, raccourcis et procédés humoristiques en tous genres, sans compter les dictons pittoresques proférés à tout bout de champ, tels des running gags. »
    L’Opinion

Une Chinoise ordiniare

Anne-Marie Métailié - 2014

Ailing a pu quitter la foule des ouvrières surexploitées grâce à sa beauté et à l’intelligence de son instinct de survie, elle a trouvé son marché : les hommes d’affaires français venus faire fortune à Shanghai et les expatriés au portefeuille bien garni ! Elle vit dans le luxe, est fascinée par l’argent et la consommation, mais gère sa vie comme une femme d’affaires avisée et fait fortune, jusqu’au jour où, engluée dans une dépression, elle décide de quitter Shanghai et les témoins de son ascension. Elle s’installe à Pékin et reprend ses activités à un niveau social plus élevé, mais dans le même vide intellectuel et affectif. Un jour cependant, un voisin très particulier s’installe en face de sa maison. Sous la forme d’un monologue interrompu par des conversations téléphoniques, des SMS et des mails, Ailing et ses amies nous révèlent une vision d’un cynisme rafraîchissant sur l’eldorado asiatique et sur les mœurs des hommes d’affaires et diplomates occidentaux. Inventif, plein d’ironie, le style de Stéphane Fière rend compte avec brio des alternances du cœur de son héroïne. Son récit tour à tour drôle et féroce nous emmène dans une Chine parfaitement vraisemblable, où se jouent les métamorphoses de nos sociétés mondialisées.


Double bonheur

Anne-Marie Métailié - 2011
spip_logo

« Pendant mes premières années au consulat de France de Shanghai, j’ai toujours été un interprète professionnel irréprochable, rigoureux, implacable, reconstituant tout à l’identique, la lettre comme son esprit, sans laisser jamais planer le moindre doute sur la qualité de mon travail.
Interprète : une position privilégiée, un point de vue irremplaçable ; rien ne peut, rien ne doit m’échapper mais de ma bouche s’évadent des mots qui ne sont jamais les miens et personne ne me voit, je suis partout et nulle part à la fois, invisible et malgré tout indispensable.
J’ai fini par réaliser que je détenais un atout formidable : mes connaissances linguistiques me permettent de comprendre ce qui est inintelligible aux uns comme aux autres. Le vrai pouvoir est là : sans moi rien ne peut se faire, je suis au centre de tout. »
Fort de ce constat et s’appuyant sur les incompréhensions qui jalonnent les rencontres entre Occidentaux et Chinois, le jeune François Lizeaux, ingénu et roublard, va se lancer dans des activités extrêmement lucratives et louches qui vont bientôt le dépasser et le placer au centre d’un tourbillon échevelé et cocasse. Ce faisant il découvre Shanghai, ses délégations diplomatiques et ses milieux d’affaires, et surtout il tombe amoureux de la belle An Lili.

Fondé sur une longue expérience de la Chine, un roman ironique et grinçant écrit dans une langue savoureuse et cocasse.


Revue de presse :

  • "La grande qualité de Double Bonheur tient à son rythme, calqué sur son personnage, comme une filature. (...) Un récit simple et dense." Le Monde des Livres, 21 janvier 2011
  • "Bien écrit, dans un style parfois abrupt, Double Bonheur est un livre à la fois drôle et dérangeant. Et si Stéphane Fière, qui sait de quoi il parle, y décrit une Chine bien loin de faire rêver, il y dévoile aussi avec une cruelle précision les us et coutumes des expatriés français." Dauphiné Libéré, 3 janvier 2011

Je ne suis pas d’ici

Les cafés littéraires en vidéo
Saint-Malo 2011

Avec Meaghan Delahunt, Stéphane Fière et Hugo Hamilton

Une vidéo réalisée par Cap7Média.

L’envers du décor

Saint-Malo 2011

avec : FIÈRE Stéphane, GRAS Cédric, CHIKWAVA Brian
animé par : Hubert Artus, Catherine Pont-Humbert