- Philémon
- D.R.
La série, pourtant, faillit ne jamais voir le jour. Dessinateur humoristique dès 1951 dans Ici Paris, France Dimanche, Paris-Match, directeur artistique de Hara Kiri dès sa création en 1960, il avait proposé une première histoire de Philémon à Spirou en 1965, qui l’avait refusée. C’est au final Pilote, grâce à Goscinny, qui publia en 1966 La clairière des trois hiboux, mais les réactions furent si hostiles de lecteurs jugeant qu’il ne savait pas dessiner, que l’affaire manqua de s’arrêter là — alors que chaque page affirmait la puissance créatrice de la liberté !
Fred rongea donc quelque temps son frein en écrivant pour d’autres des scénarios (dont Alexis) jusqu’à ce que l’idée lui vienne d’envoyer Philémon sur les lettres de l’Océan Atlantique. Succès immédiat. Devaient suivre 14 albums, jusqu’en 1987…
- Philémon
- D.R.
Philémon, jeune garçon distrait, tombe un jour dans un puits, et bascule dans un monde où les lettres OCEAN ATLANTIQUE sont autant d’îles — très exactement sur le second « A » où il trouve le vieux puisatier Barthélémy, qui vit là depuis 40 ans en compagnie du centaure Vendredi. Parviendront-ils, au terme de folles aventures, à s’échapper du monde des Lettres ? Certes, mais quand Barthélemy se rend compte que dans notre monde les bouteilles ne poussent pas sur les arbres et que les gens sont obligés de travailler, il n’aura de cesse que de retrouver son île…
À l’originalité du récit truffé de calembours et de clins d’œil, répond une incroyable inventivité graphique. Fred tord la case dans tous les sens, passe allègrement du crayon au pinceau, introduit collages et détournements : un univers poétique et décalé où le merveilleux le dispute à l’absurde, peuplé d’un bestiaire fantastique de requins-cigares, de pianos sauvages, et de rouleurs de mer, machinomégalos et autres démagoguenards…
Palais du Grand Large, Salle Charcot
(Merci pour leur aide à Bernard Kervarec et René-Claude Girault)