Aujourd’hui présidente depuis 2007 de l’Association des écrivains du Hubei, Fang Fang arrête ses études prématurément à la suite de la mort de son père. Pendant quatre ans, elle travaille dans une usine afin d’aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille. Elle reprend finalement ses études à l’université et obtient un diplôme en littérature chinoise.
Fang Fang se dédie très tôt à l’écriture de poèmes et de nouvelles. Marquée par la révolution culturelle prolétarienne des années 1960, elle dresse dans ses premiers écrits le tableau de la Chine d’en-bas. Dans ses romans, elle s’intéresse tout particulièrement au passé de la Chine et mène une réflexion poussée sur son histoire. Elle a d’autre part écrit plusieurs ouvrages sur les changements survenus à Wuhan, la ville de sa jeunesse.
Publié en 2016 aux Editions Littérature du peuple, la plus grande maison d’édition de Chine, Ruan mai (titre chinois de Funérailles molles) a d’abord bénéficié d’une couverture très positive dans la presse chinoise et a obtenu, en avril 2017, le prix Lu Yao, une récompense littéraire créée trois années auparavant, mais il a été très vite la cible de vives attaques de la part d’éléments ultra conservateurs s’élevant contre le sujet choisi, encore tabou en Chine. Dans Funérailles molles , elle évoque avec force et dans une forme savamment structurée la réforme agraire chinoise du début des années 1950. À travers les épreuves subies par une jeune femme appartenant à une famille de propriétaires terriens, elle rend compte des conséquences bouleversantes de cette réforme. C’est tout en finesse qu’elle fait revivre progressivement à l’héroïne du récit devenue une vieille dame les drames qu’elle avait occultés, jetant ainsi la lumière sur un épisode tragique et peu connu ayant précédé de quelques années la Révolution culturelle.
Bibliographie
- Funérailles molles (traduit par Brigitte Duzan, L’Asiathèque, 2019)
- Début fatal (traduit par Geneviève Imbot-Bichet, Stock, 2001)
- Soleil du crépuscule (traduit par Geneviève Imbot-Bichet, Stock, 1999)
- Une vue splendide (traduit par Dany Fillon, Philippe Picquier, 1998, réédition Picquier Poche, 2003)