- © Lea Lund
Résistant à l’ordre stalinien par la force et par la plume, le très prolifique Nicolas Bokov n’hésite pas à en découdre avec le régime en place. Après des études en sciences sociales et la philosophie dans les années 1960, il s’engage très vite dans le « Samizdat », un réseau clandestin de copie et de distribution d’œuvres violemment censurées par le régime.
Dans les années 60 et début 70, il met en circulation une quarantaine d’œuvres, la plupart écrites dans un style polémique et grinçant. Il y publie ses propres œuvres et acquiert une grande popularité dans les cercles initiés, surtout pour La tête de Lénine (Robert Laffont, 1982 réed. Noir sur Blanc, 2017). Certains de ses ouvrages sont traduits simultanément ou plus tard de façon anonyme en Occident. Dénoncé, il quitte l’URSS en 1975 pour Paris, préférant l’exil à la prison.
Il s’installe donc en France, voyage aux États-Unis et en Europe, fonde une revue littéraire Kovtcheg (l’Arche de Noé). En 1982, il découvre la foi chrétienne et abandonne l’écriture. Après un long « voyage d’étude » à pied et en stop, en Israël et en Grèce (Mont Athos). Puis, il regagne la France et vit dans la rue et dans des carrières abandonnées, adoptant un mode de vie ascétique. Après 15 ans sans écrire, il reprend son travail d’auteur en 1998 et s’installe dans une chambre de bonne parisienne.
Il intègre des éléments autobiographiques dans les nouveaux ouvrages qu’il publie : Déjeuner au bord de la Baltique évoque des éléments de sa vie en URSS, Zone de réponse fait allusion à sa vie sur les routes d’Europe, La conversion parle de sa vie spirituelle. En 2005, il sort Or d’automne et pointe d’argent, un dialogue avec le peintre Viktor Koulbak, qui évoque notamment les richesses de la culture russe. Il reprend ensuite son engagement politique et social avec Opération betterave, dans lequel il s’amuse avec les clichés de la guerre froide et nous sert une fable subversive sur un réseau de hackers de l’ex-KGB.
La tête de Lénine, traduit pour la première fois en 1982 chez Robert Laffont, est réédité chez Noir sur Blanc en 2017. Dans ce roman à l’humour noir, le lecteur suit un pickpocket moscovite qui décide de voler la tête de la statue de Lénine, qui trône au centre de la légendaire Place Rouge. Le pays est alors plongé dans le chaos pour le plus grand plaisir du lecteur.
Bibliographie
- La tête de Lenine (Noir sur Blanc, 2017)
- Opération Betterave (Noir sur Blanc, 2010)
- Or d’automne et pointe d’argent (Noir sur Blanc, 2005)
- La zone de réponse (Noir sur Blanc, 2003)
- La conversion (Noir sur Blanc, 2003)
- Déjeuner au bord de la Baltique (Noir sur Blanc, 1999)
- Dans la rue, à Paris (Noir sur Blanc, 1999)