À la fois drôle et tragique, le roman d’Andreï Ivanov a fait grand bruit en septembre dernier. Véritable coup de poing littéraire, Le voyage d’Hanumân est le roman-fleuve percutant d’un romancier qui raconte la réalité des camps de réfugiés telle qu’il l’a lui-même vécue.
Andreï Ivanov est un auteur russophone apatride, il fuit la Russie dans les années 90 et se voit refuser, suite à la chute de l’URSS, la nationalité estonienne, pays dans lequel il est pourtant né. Pour écrire le premier volet de sa trilogie Le Voyage de Hanumân (qui est aussi le portrait acerbe d’une société occidentale qui n’a d’autre horizon que ses nains de jardin), il s’est inspiré de sa propre expérience : émigré clandestin, il a vécu plusieurs années au Danemark dans des camps de la Croix-Rouge. Il a ensuite fait une thèse sur les romans de jeunesse de Nabokov, et est sorti diplômé en linguistique russe de l’université de Tallinn où il enseigne désormais la littérature. Il est l’auteur d’une dizaine de romans publiés en Russie et non traduits en français.
Son unique roman publié en France remporte un vif succès critique, et pour cause, Le voyage de Hanumân, c’est le récit d’une errance. Celle qui pousse à mentir sur sa propre identité, à s’accrocher au mirage d’une hospitalité illusoire, celle qui mène à la haine de soi et des autres, celle qui pousse à chercher par tous les moyens à s’oublier, à disparaître. Andreï Ivanov ne nous épargne rien, et c’est ce qui fait l’immense force de ce roman qui raconte à travers des personnages fictifs le quotidien bien réel, des milliers de migrants qui font chaque jour la une de l’actualité.
Bibliographie :
- Le voyage de Hanumân (Le Tripode, 2016)