Née en 1979 à Aulnay-sous-Bois, Alice Diop grandit jusqu’à l’âge de dix ans dans la Cité des 3000. Durant ses études d’histoire, elle découvre le travail d’Eliane Latour et réalise alors la force des messages pouvant être véhiculés par le cinéma. Elle passe un DESS Image et société à l’université d’Evry et intègre un atelier d’écriture à la Fémis. Réalisatrice pour L’Oeil et la Main (France 5), elle est lauréate de la Bourse « Auteur de documentaire » de la Fondation Jean-Luc Lagardère.
À travers ses films, Alice Diop raconte la diversité culturelle. Elle signe depuis 2005 des documentaires de création, dont La tour du monde, Clichy pour l’exemple et Les Sénégalaises et la Sénégauloise. En 2011, elle réalise La mort de Danton, un moyen-métrage qui relate le quotidien de Steve, 25 ans originaire d’Aulnay qui entreprend à l’insu de ses proches une formation d’acteur au cours Simon. Documentaire qui obtient le Prix des bibliothèques au festival du Réel à Paris, le Grand Prix du festival du film d’éducation et une étoile de la Scam 2012.
Avec La Permanence en 2016, Alice Diop filme les consultations de médecine générale du Docteur Geeraert, accessibles sans rendez-vous aux migrants dont les maux dépassent largement le cadre de la visite médicale. Loin des débats stériles et de la banalité des discours politiques, le film donne toute sa place à la singularité des parcours, Alice Diop ne filme pas “des migrants“, mais Mamadou, Joginder, Husseyn, Mohammed, Mariama, Surgit, Iqbal, Liaquat et Sivakumar. Un film qui fait échos au discours de Chimamanda Ngozie Adichie lors de la journée mondiale de l’humanitaire en 2016 : « Personne n’est juste un réfugié. (…) Je voudrai suggérer aujourd’hui qu’il est temps pour un nouveau récit, un récit dans lequel on voit vraiment les gens dont on parle ». Ces gens, Alice Diop nous les montre.
Son film Vers la tendresse (2016) adopte la même démarche, et pour sortir des représentations collectives, utilise le même mouvement, partir du singulier pour atteindre l’universel. Il ne s’agit pas seulement d’un film sur le sentiment amoureux dans les quartiers populaires, c’est aussi un film qui parle de la mise en scène de la masculinité, du rôle social, de la marginalité, et du décalage entre ce qui peut se dire en groupe et ce qui ne se dit que dans la confidence. À partir d’entretiens sonores, portés par des images de fiction où les personnages que l’on voit ne sont pas toujours ceux qui parlent, l’auteur pose la question de la représentation de soi dans l’espace public. Pour sa Première Mondiale au festival de films de femmes de Créteil 2016, Vers la Tendresse a remporté le Prix INA réalisatrice créative du meilleur court-métrage francophone, le César du meilleur court-métrage ainsi que le Prix du public du meilleur court-métrage français.
Filmographie :
- Nous (Athénaïse, 2020)
- La permanence (Athénaïse, 2016)
- Vers la tendresse (Les films du Worso, 2016)
- La mort de Danton (Mille et une. Films, 2011)
- Les Sénégalaises et la sénégauloise (Point du jour, 2007)
- Clichy pour l’exemple (France 5, 2006)
- La tour du monde (France 5, 2006)