BANDE DESSINÉE

Du noir haut en couleurs !

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Palais du Grand Large, salle Bouvet

En plus d’un siècle le polar n’en finit plus de gagner ses lettres de noblesse. Livre de poche au papier jaunâtre, voire roman de gare, longtemps catalogué de genre mineur, le roman policier gagne aujourd’hui un lectorat mondial des plus conséquents et se décline en sous-genre : enquêtes à l’anglo-saxonne, suspense, thrillers, ethnique, politique… Réservoir de scénarios pour le cinéma, c’est aussi un genre largement décliné en bande dessinée : la série des Nestor Burma de Léo Malet adaptée par Tardi, Tardi toujours avec Manchette, L’agence Hardy d’Annie Goetzinger et Pierre Christin, Le Choucas de Lax, la collection Rivage/Casterman/Noir…, il faudrait un dictionnaire pour tous les citer.

Au travers d’une centaine de planches originales, l’exposition s’est penchée sur six créations récentes et de haut vol : scénarios en béton, univers graphiques et mises en page comaques jouant avec les codes du genre, un régal de lecture et de découvertes visuelles.


Little Tulip (Le Lombard, 2014)

Quand François Boucq retrouve Jérôme Charyn au scénario, inutile de préciser que Little Tulip est une oeuvre passionnante dont l’intrigue qui nous mène des goulags de Russie aux ruelles de New York, s’avère par le biais du tatouage un véritable hommage au dessin.


Perico (2 tomes, Dargaud, 2014)

Polar cubain d’avant la révolution castriste, Perico est un hommage réussi au roman noir des années cinquante : drogue et mafia, buick et femme fatale, tous les ingrédients sont réunis pour une course poursuite haletante dessinée de main de maître par Philippe Berthet qui inaugure, avec Régis Hautière au scénario, une nouvelle collection policière « Ligne noire » chez Dargaud.


Le perroquet des Batignolles (2 tomes, Dargaud, 2014)

En 1997, Jacques Tardi et Michel Boujut (le producteur de Cinéma Cinémas sur Antenne 2) écrivaient pour France Inter un feuilleton radiophonique en 110 épisodes, Le perroquet des Batignolles. Cette intrigue rocambolesque et pleine de rebondissements est adaptée avec brio en bande dessinée par Stanislas, adepte de la ligne claire. On y visite la Maison de la Radio, on court dans Paris et sa banlieue, on devine Hergé cité en contrepoint, on y croise Woody Allen, Bertrand Tavernier, José Arthur, bref une enquête à la française pleine de saveurs.


Petites coupures à Shioguni (Thierry Picquier, 2014)

Pour sa première bande dessinée, Florent Chavouet réalise un coup de maître. Auteur et dessinateur, très épris du Japon, (Tokyo Sanpo 2009 et Manabé Shima 2010) il réalise avec son humour si particulier et un talent époustouflant un manga trépidant magistralement réalisé à l’aquarelle. Ambiances nocturnes, yakuzas, poursuites, les évènements s’entrechoquent lors de cette nuit à Shioguni !


Les larmes de l’assassin (adapté du texte d’Anne-Laure Bondoux, Futuropolis, 2011)

Adapté du roman culte d’Anne-Laure Bondoux, cette bande dessinée nous entraîne aux confins de la Patagonie. Dans ces terres désolées et vides un face à face extrême réunit un jeune enfant et l’assassin de ses parents. Un récit âpre et dur, admirablement transcrit par Thierry Murat qui mêle avec force et sobriété le noir de l’encre de Chine aux gris et ocres du papier.


Au vent mauvais (scénario par Rascal, Futuropolis, 2013)

Road-movie mélancolique et gris, Thierry Murat et Rascal signent une ballade attachante et pleine d’émotions. Abel Mérian sort de prison, quel avenir se profile ? Au fil des kilomètres les pensées s’égrènent, les êtres se croisent, et les illusions s’envolent comme feuilles mortes au vent mauvais.

Anne-Laure Bondoux, Philippe Berthet, François Boucq, Florent Chavouet, Thierry Murat, Rascal et Stanislas seront présents sur le festival.