Biographie
Professeur de littérature à l’Université de Pennsylvanie, Lydie Moudileno est l’une des voix incontournables des études francophones postcoloniales aux Etats-Unis. Spécialiste à l’origine des littératures caribéennes , auteur en 1997 de L’écrivain antillais au miroir de sa littérature (Karthala), elle focalise aujourd’hui son travail de recherche sur les littératures africaines. Après un riche panorama des Littératures africaines des années 1980-1990 (Codesria, 2003), son dernier livre , Parades postcoloniales, interroge les modalités de réinvention des Lettres africaines dans les deux dernières décennies du XXème siècle, à travers l’oeuvre de cinq romanciers congolais : Sylvain Bemba, Sony Labou Tansi, Henri Lopes, Daniel Biyaoula et Alain Mabanckou. Faisant, à bien des égards, écho au Black France de son compatriote Dominic Thomas, Parades Postcoloniales analyse les artifices multiples que développent ces écrivains pour faire échapper leurs personnages à une identité fixe, en jouant en permanence avec l’origine. Contre la tradition et les critiques qui assignent à leurs écrits le devoir de révéler le "réel" africain, d’inventorier la "vérité" de l’Afrique, ces auteurs mettent à mal le régime de l’authenticité africaine en donnant à voir des personnages en perpétuelle représentation : pseudo-antillais à l’identité frauduleuse, faux migrants, affabulateurs, dandys, tous experts dans la manipulation de la parole et la mise en scène des corps.
- Parades postcoloniales (Karthala, 2007)
- Littératures africaines 1980-1990 (Codesria, 2003)
- L’écrivain antillais au miroir de sa littérature (Karthala, 1997)
Présentation de Parades Postcoloniales
Comment la littérature africaine francophone se réinvente-t-elle au tournant du siècle ? Après le lyrisme de la Négritude et les désillusions des indépendances, la littérature africaine francophone affronte, à nouveau, la toujours troublante question de l’identité. Une question, que le roman congolais reformule, en opposant aux divers régimes de l’authenticité, celui du jeu permanent avec l’origine : la parade postcoloniale. D’un texte à l’autre, Sylvain Bemba, Henri Lopès, Sony Labou Tansi, Daniel Biyaouala et Alain Mabanckou donnent à voir des personnages en perpétuelle représentation : vrais faux dandys, cows-boys tropicaux, pseudo-antillais et parisiens loufoques, qui passent allègrement de l’Afrique aux Antilles via l’Europe. Tous manipulent les signes identitaires sur le mode de l’apparence, de l’ambiguïté. La parade postcoloniale devient à la fois mode de distinction et refus de la tyrannie des certitudes (identitaires, géographiques, littéraires, etc.).