Un assaut, un nouveau départ

Écrit par : COIQUAUD Cameron (2nde, Lycée Merleau-Ponty, Rochefort)

Ils arrivent, a dit Jules. Ses yeux brillaient d’une joie féroce.

"S’il le faut, nous nous défendrons maison après maison". Ça, Jules l’a très bien assimilé mais qu’en sera-t-il de sa détermination lorsque l’ennemi arrivera dans notre appartement, face à nous, face à Jules, face à Chloé, et que nous serons pris dans le feu de l’action ?

Moi, Juliette ma femme, Chloé, Jules mes enfants. Mes moments de joie et de tristesse. Mes amours. Ma raison de vivre. Ma force. Nous ne reviendrons certainement pas indemnes de cette bataille, nous espérons tous en revenir vivants, mais nous en serons à coup sûr changés.

Les regards se croisent et suffisent pour se comprendre. Comme si un dialogue silencieux s’instaurait, le temps de nos dernières secondes de répit, peut-être de nos dernières secondes de vie. Je lis une certaine excitation dans le regard de Jules, il s’en sert sûrement pour se protéger de la peur qui le dévore, cette peur que nous ressentons tous au fond de nos entrailles.
Juliette, malgré la situation reste, toujours aussi magnifique. Elle me lance un clin d’œil, un regard tendre et complice. Elle tient avec fermeté son pistolet, comme pour me dire « Nous pouvons le faire ». Quant à Chloé, nous remarquons la tension qui lui crispe le visage. Après tout, c’est elle qui va lancer notre contre-attaque, grâce à un engin explosif meurtrier, une grenade qu’elle tient à la main. Nous sommes tous derrière elle, prêts à la soutenir, prêts à riposter, prêts à tuer ou à mourir. L’heure de l’assaut est arrivée. Nous sommes tous prêts à en découdre une nouvelle fois, peut-être la dernière fois. Chloé est sur le point d’attaquer, elle s’élance vers la fenêtre armée de sa grenade, le compte à rebours est en marche. Trois, deux, un... Boum !

Et si ce son assourdissant n’était en fait que le bruit de tambours d’un orchestre en train de parader gaiement dans la rue ? Les cris de haine des soldats qui ont lancé l’assaut, ne sont-ils pas plutôt des cris de joie ? La grenade que ma fille vient de lancer de ses mains innocentes n’est peut-être en réalité qu’une colombe ? Je continue de croire et de m’accrocher à ces espoirs illusoires. Et si l’assaut ne signait pas la fin de notre histoire mais amorçait le début d’une autre ? Et si c’était un nouveau départ sous le signe de la paix ?

Vous venez de lire les dernières lignes d’un récit écrit par un ami de longue date.

Nous sommes flattés qu’il se soit inspiré de nos prénoms, de notre famille, de notre expérience pour construire cette intrigue de toutes pièces. Cette histoire a beau ne pas être totalement aboutie à notre goût, elle invite à la réflexion sur ce qu’est réellement la guerre.

Dans les guerres de nos jours, il y a plus de perdants que de vainqueurs. Pourquoi ? Différentes réponses sont possibles : à cause d’elles vous pouvez perdre des êtres chers que vous ne pourrez pas remplacer. Si vous faites partie des combattants qui d’imaginent défendre leur patrie, des soldats, savez-vous à quoi sert cette guerre ? Non, à part à arracher des larmes de fureur à des pères, des mères, des épouses, des frères, des sœurs, des fils, des filles, et à déchirer des millions de cœurs. Les seuls vainqueurs de ces massacres sont ceux qui tirent les ficelles et se servent des conflits pour s’enrichir de façon malhonnête.

La guerre ne devrait pas être sanglante et absurde, mais juste. Elle devrait être ardente, lyrique, poétique. La guerre idéale serait littéraire. Nos armes seraient des crayons ou des stylos. Les balles seraient des mots. Les trêves seraient des gommes ou des effaceurs pour oublier nos terreurs.