Un amour interdit

alors j’ai sorti mon téléphone de ma poche et j’ai enfin osé composer le numéro que je connaissais par cœur, depuis un an exactement.

Les mains gelées par le froid, ne sentant plus le bout de mes doigts, je tapais sur l’écran du téléphone. Le vent glacial griffait mes joues rougies par le froid, il fit aussi virevolter mes cheveux dans tous les sens. Je m’arrêtais de taper le numéro, fermant mes yeux quelques instants, laissant couler mes dernières larmes jusque dans le creux de mon cou. Je posais délicatement mes mains sur la barrière et me penchais au-dessus du grand pont, regardant les vagues du fleuve se heurter les unes contre les autres, elles chuchotaient à mon oreille les mots les plus doux et rassurants.
Je pris une grande inspiration d’air frais pour me redonner du courage. Le téléphone toujours à la main, j’appuyai sur le bouton << appel >>. Je regardais une dernière fois le nom du contact avant d’approcher délicatement l’appareil vers mon oreille, attendant désespérément qu’il décroche. La sonnerie résonnait de plus en plus fort dans ma tête, à en trembler. Je m’efforçais de tenir debout mais mes jambes étaient lourdes. Ma vue devenait floue, je décidai alors de m’assoir sur le trottoir. Je collais mon dos à la barrière en béton gris du pont, rapprochant rapidement mes genoux vers ma poitrine. Je fermais à nouveau les yeux me balançant d’avant en arrière attendant une réponse de sa part. C’est à ce moment précis que j’ai entendu sa voix si grave. Il répéta plusieurs fois << Allô ? Il y a quelqu’un ? Allô ? >>. J’avais beau ouvrir la bouche en essayant par tous les moyens de lui répondre, mais aucuns des mots que je voulais prononcer ne put sortir :
Comme si ma voix avait disparue. A ce moment-là, de véritables larmes de tristesse coulaient abondamment sur mes joues brûlées par le froid. Entendre sa voix me faisait vraiment bizarre. C’est cette même voix qui me faisait sourire chaque jour, c’est aussi celle qui m’avait fait le plus rire de toute ma vie. Cette voix me rappela tellement d’heureux souvenirs passés avec lui… mais ils n’étaient maintenant plus que du chagrin. Les larmes défilaient les unes après les autres encore plus chaudes que les précédentes, me rappelant la douleur que j’avais vécue auparavant. Il finit par raccrocher. Je croisais les bras autour de mes genoux en y posant ma tête et pleurais toutes les larmes de mon corps, laissant tous les souvenirs se mélanger dans mon esprit. Si je n’étais pas capable de lui parler au téléphone, je n’en serais pas non plus en face.
Une main se posa sur mon épaule et me surprit. Je relevai la tête légèrement. Il y avait une personne en face de moi, mais je ne la voyais pas très bien car mes yeux étaient remplis d’eau et ma vision en fut troublée. Je pris le bout de la manche de ma veste et avec je m’essuyais les yeux. Je pus alors, un peu surprise, exactement distinguer la personne qui se trouvait agenouillée devant moi.
Il me regardait inquiet, laissant un sourire s’afficher sur son beau visage. Je ne pus me retenir de regarder chaque détail de son visage que je connaissais déjà, comme si je le redécouvrais une nouvelle fois. Cet homme, il était brun aux yeux bleus, les sourcils plutôt épais et avait la peau légèrement mate. Il portait un pull gris clair qui dépassait de sa veste noir. Il portait aussi un jean bleu-gris, et des chaussures blanches à rayures noirs. Il avait à son poignet droit, ce large bracelet argenté ressemblant à une chaîne. Il était toujours aussi beau, il n’avait pas changé depuis la dernières fois qu’on s’était vu. Mais comment se faisait-il qu’il était ici au même endroit que moi, alors qu’il y avait à peine quelques secondes que je l’appelais.
En réalisant qu’il était en face de moi, je me mis à rougir. Des papillons ont commencé à chatouiller mon ventre.
Au moment où il me ressaisit par la main, sa peau contre la mienne me fit frissonner. Il m’aida ensuite à me relever et me prit dans ses bras sans dire un seul mot. Tandis qu’il posait sa tête sur la mienne et mettait ses mains autour de ma taille, je me glissais dans le creux de son cou en l’enlaçant. Mes pensées étaient vides, il n’y avait plus que lui et moi. Plus rien n’existait autour de nous. Je ne savais plus si tout ceci était réel ou non. Nous sommes restés dans les bras l’un de l’autre un long moment.
Je l’aime tellement, mais pouvons-nous continuer cette relation malgré l’opposions de nos parents ? Être jugé constamment par les autres ou par notre propre famille est insupportable.
Pourquoi deux hommes ne pourraient-ils pas s’aimer, tout simplement ?