Un Corsaire sous la mer

(Jérôme Julienne, Gédéon Programmes, ARTE, France 5, RTBF, 2002, 52’)

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© Osada Frédéric / Gamma

Février 1714 : le Saint-Jean-Baptiste disparaît dans la tempête aux abords de Saint-Malo, en tentant d’échapper aux navires anglais.
En 1995, deux plongeurs amateurs découvrent des canons qui émergent du sable, gisant par moins de dix mètres de fond et à quelques centaines de mètres du port de Saint-Malo. Il s’agit d’un navire plutôt bien conservé, vraisemblablement une frégate corsaire datant du XVIIIème siècle. C’est l’aventure archéologique, des campagnes de fouilles entreprises sur plusieurs années jusqu’à l’identification de l’épave, qui est ici contée.
Des archéologues sous-marins, Elisabeth Veyrat et Michel L’Hour, lancent une campagne d’évaluation, effectuant de nombreuses plongées pour établir la position du bateau, et commencer les travaux d’excavation. En parallèle, des recherches sont effectuées dans les archives, car aucun bateau corsaire n’a jamais été retrouvé jusqu’à présent. André Lespagnol, historien, parle de l’activité corsaire de ces navires qui pratiquaient la "course", activité légale autorisée par le souverain, consistant à rançonner les navires ennemis et à récupérer les cargaisons en temps de guerre, tandis qu’en temps de paix, ils pratiquaient la pêche à la morue.
La deuxième campagne de recherches a consisté en une expertise des objets en place (cordages, poulies, vaisselle...), qui sont répertoriés et cartographiés, puis à une fouille minutieuse et à la remontée des objets pour qu’ils soient étudiés, restaurés et conservés.
Une première datation assez large est proposée (entre 1690 et 1740), ce qui rend l’identification du bateau difficile. Les archéologues pensent avoir reconnu le Saint Jean Baptiste.
Pour étayer cette hypothèse, une fouille systématique est entreprise lors de la campagne suivante. Quelques petits ossements découverts sur le site et une analyse dendrochronologique de différents morceaux de bois du bateau permettent de découvrir qu’il y a deux épaves d’époque différente. Lors de la dernière campagne, des lingots de fer comportant des inscriptions et des dates sont découverts. Une nouvelle recherche dans les registres où sont répertoriés les naufrages permet finalement d’identifier les deux frégates corsaires : il s’agit du Saint Esprit qui a fait naufrage en 1692 et de l’Aimable Grelot qui a sombré en 1750.