Transwonderland

De Noo Saro-Wiwa

Le Nigéria ne fait pas partie des plus grandes destinations touristiques. Noo Saro-Wiwa va pourtant y passer tous ses étés pendant près de 15 ans. Née au Nigéria en 1976, élevée par sa mère en Angleterre, tous les ans elle vivra comme une punition le fait de devoir retourner auprès de son père dans ce pays qu’elle déteste et dont elle ne supporte pas le manque de confort, l’insalubrité, la vie misérable de ces habitants et l’absence de télévision… En 1995, son père, Ken Saro-Wiwa, écrivain respecté, producteur de télévision et militant écologiste engagé, est exécuté par le régime militaire du dictateur Abacha. Pour la jeune fille, c’est la rupture totale avec le pays, elle n’y retournera qu’en 2005, bien décidée à comprendre pourquoi son père aimait tellement ce pays qu’il en est mort. Dans ce livre, mi- récit de voyage, mi- mémoire personnelle et familiale, Noo raconte ses cinq mois de voyage, du chaos exubérant de Lagos aux magnifiques montagnes de l’Est. De l’absurdité d’un parc d’attraction désert et décrépit – Transwonderland, qui se voulait être la réponse africaine à Disneyland –, à Nollywood (le Nigéria est le deuxième producteur de films au monde, juste derrière l’Inde et bien avant Hollywood). On y voit aussi comment la corruption, l’absence total de contrat social, le détournement de fonds publics font de ce pays, (pourtant deuxième puissance du continent africain après l’Afrique du Sud et 1ere puissance en exportation de pétrole) un des pays dont la population est la plus. un des pays dont la population est la plus pauvre : Paradoxes de cette nouvelle Afrique en marche, où l’ancrage dans une modernité mondialisée cohabite violemment avec des traditions qui se vivent au quotidien. Mais Noo Saro-Wiwa rencontre aussi des hommes et des femmes en qui elle reconnaît les forces mêmes de son pays : l’humour, la tolérance, une énergie immense, et l’ingéniosité stupéfiante nécessaire pour faire face à tout, à commencer par les coupures d’électricité et les pénuries d’eau… Noo Saro-Wiwa, qui signe ici son premier livre, se révèle être un formidable écrivain mais aussi une fine observatrice, dont la compassion, l’œil aiguisé et l’honnêteté illuminent les pages de ce livre, tout à la fois drôle, tragique, chaleureux, et merveilleusement écrit.