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TRAORE Sayouba

Burkina Faso

Loin de mon village, c’est la brousse (Vents d’ailleurs, 2005)

Sayouba Traoré est né en 1955 au nord du Burkina Faso, à quelques kilomètres de la frontière malienne. Il est le fils de Sawadogo Fatemata, première épouse d’un père
polygame. Son enfance au sein de cette famille nombreuse ne souffre pas l’échec. Les aléas de la vie scolaire orientent paradoxalement les études du jeune Sayouba vers
des établissements protestants. Ainsi l’Islam régente la vie à la maison et la foi protestante à l’école puis au collège. Chaque brevet, chaque nouveau diplôme l’éloigne encore un peu plus de sa famille restée à Ouahigouya. L’attachement qu’il voue à sa terre natale est comme l’annonce de l’exil forcé qui aujourd’hui le porte à prendre la plume. En 1981, après cinq ans à l’université de Ouagadougou, il se rend à Paris pour intégrer la Sorbonne, ce sera DEA et tri postal, doctorat et veilleur de nuit. Cette décénnie voit une série de coup d’État éclater, la Haute-Volta devient le Burkina Faso. Le nouveau régime réorganise l’administration et supprime les bourses d’étude. La situation administrative de Sayouba Traoré se dégrade, d’étudiant il devient sans papier, puis à son corps défendant, réfugié politique. « Emprisonné dehors », il refuse ce rôle grotesque d’exilé volontaire qu’on souhaite lui voir jouer et qui l’empêche de revenir à Ouahigouya. Cet homme imposant par sa stature et sensible dans son rapport au monde, aime à dire que « par chance il y a toujours un bon Dieu, la radio et l’écriture. » Son combat pour la justice, il le mène désormais à travers son métier de journaliste de presse écrite et de radio (RFI), mais aussi comme poète et nouvelliste. Il a publié aux éditions Vents d’ailleurs « Le Symbole », une nouvelle dans le recueil Dernières nouvelles de la Françafrique paru en 2003 et son premier roman en 2005 : Loin de mon village, c’est la brousse.


Bibliographie :

  • Loin de mon village, c’est la brousse (Vents d’ailleurs, 2005)
  • Un député va mourir (Komedit, 2004)
  • Le Symbole, in Dernières nouvelles de la Françafrique (Vents d’ailleurs, 2003)
  • Burkinabè, humeurs et rumeurs (Corps puce, 1993)
  • Le Passé postérieur (Sépia, 1993)

Résumé de Loin de mon village, c’est la brousse :

En l’an 1902, en pays moaga, un village de la savane, Kougsalla se prépare
pour la longue saison sèche quand une troupe d’infanterie coloniale débarque
chez Sandaogo, le chef du village, et prend possession des lieux. La vie change ; apparaissent les impôts, les réquisitions d’hommes pour les travaux forcés et pour l’armée, les recrutements de jeunes filles pour la mission catholique... L’absurde culmine dans cette frontière qui divise dorénavant le village en deux camps irréconciliables. Au fil du temps, d’autres frontières, invisibles celles-là, troublent les esprits, fracturent l’existence des villageois, brisent les familles. Nobila et Wanda
sont les premiers à être exilés pour satisfaire le nouveau pouvoir. Leur fils,
Ouango, connaîtra un exil plus lointain et plus cuisant qui l’enverra d’abord en
Côte-d’Ivoire où il fonde une famille, avec Marie l’Ivoirienne, puis en France.
Leur fils, Zama, va vivre le quotidien de la deuxième génération, ballotté entre sa famille, l’école de la République, ses copains et son amour pour la blanche Brigitte...
Sayouba Traoré trace sur un siècle les chemins de l’exil d’une famille depuis
la Haute-Volta, devenue Burkina Faso, jusqu’à Paris. À travers la vie de plusieurs
générations de cette famille, il aborde de nombreux thèmes, souvent tus et toujours
douloureux : l’immigration, l’excision, le regard de l’autre. Maniant l’humour
comme une arme, l’auteur pose un regard plein d’humanité sur ces êtres exposés
aux vents contraires de la tradition et des changements culturels.