Vidosav Stevanovic fait partie de cette minorité de Serbes à avoir refusé la folie nationaliste de leurs compatriotes. Irréductible adversaire de Milosevic, auquel il a consacré une biographie bouillonnante de colère, dans laquelle il cerne au plus près l’origine du mal (Milosevic, une épitaphe, Fayard, 2001), et de tous ses homologues nationaux-communistes, il signe dès 1986 le trop prémonitoire Prélude à la guerre, puis La Neige et les chiens et La Même chose qui le firent connaître en Europe. Contraint à l’exil en 1991, il vit en France depuis 1998. Stevanovic livre dans ses romans, d’une rare puissance, une vision hallucinée des carnages de l’ex-Yougoslavie, des villes bombardées, des campagnes dévastées où errent des cochons engraissés par les cadavres et des tueurs exaltés qui se surnomment entre eux " Conan ", " Terminator " ou " Ninja ". Les Loulous de banlieue, La même chose, Les seigneurs de la guerre, Voltaire 222 sont traduits dans une vingtaine de langues.
Bibliographie :
- Voleurs de leur propre liberté (L’Esprit des péninsules, 2003)
- Abel et Lise (L’Esprit des péninsules, 2003)
- Milosevic, une épitaphe (Fayard, 2000)
- Voltaire 222 (Compa’act, 2000)
- La Même chose (Mercure de France, 1999)
- La Neige et les chiens (Belfond, 1996)
- Christos et les chiens (Belfond, 1996)
- Prélude à la guerre (Mercure de France, 1996)
- Les Loulous de banlieue (L’Age d’Homme, 1990)
Résumé de Voleurs de leur propre liberté :
Parallèlement à son œuvre de fiction,Vidosav Stevanovic tient un passionnant journal, au sein duquel le volume intitulé Voleurs de leur propre liberté occupe une place très particulière, ainsi définie par l’auteur lui-même : “ Il ne s’agit pas ici de mon histoire (bien qu’elle soit contée à la première personne). C’est l’histoire de cette ville serbe (Kragujevac) qui souffre : d’une liberté soudaine et de ses nombreux paradoxes ; des tentatives du régime de Slobodan Milosevic et de ses collaborateurs dans l’opposition pour rétablir l’obéissance ; d’une mentalité qui se meurt dans les tourments : des germes d’un monde qui peut-être naîtra et dont personne ne sait ce qu’il sera. Si je connaissais tant soit peu l’avenir, c’est de lui que je parlerais ; ne connaissant que peu le passé, je parle du présent, de l’instant qui disparaît. De cette brève période entre la mi-décembre 1996 et la mi-juillet 1997, des “deux cent jours qui n’ont pas changé le monde, mais qui ont presque changé la Serbie ”.