Quelques mots de Muriel Barbery


Dans la nuit de mardi à mercredi, la valise au pied du lit, je me suis réveillée brusquement sans en comprendre la raison. Et mue par une impulsion incompréhensible, j’ai fait ce que je ne fais jamais. Je me suis levée, j’ai allumé mon ordinateur et j’ai lu les nouvelles du monde.

Existe-t-il une intuition de la tragédie ?

J’ai attendu des nouvelles. En sachant qu’elles seraient terrifiantes. Que des amis, peut-être, avaient péri, et d’autres que je ne connais pas. Mais que j’aurais pu rencontrer aujourd’hui, demain. Qui auraient pu me porter secours si j’étais partie quelques heures plus tôt.

Mes pensées et mon cœur vont vers tous ceux qui, là-bas, souffrent. Vers les morts qui rappellent le prix de la vie. Vers leurs proches qui leur survivent. Vers Haïti et les Haïtiens. Vers tous ceux qui les aident.

Muriel Barbery