Ousmane Diarra : un festival de la jeunesse

L’édition du festival ? Il me manque des mots pour exprimer mes émotions. Ce qui m’a le plus ravi, c’est la mobilisation exceptionnelle des jeunes. Ils étaient en attente. Attente d’aller à la rencontre d’autres idées, d’autres façons de vivre la vie. Attente de s’exprimer dans une société où le monopole tombe dangereusement entre les mains des plus sots, qui étouffent de leurs bêtises éléphantesques toute autre aspiration. Oui, cette édition m’a comblé. Une bouffée d’air frais pour mon esprit, pour la jeunesse lettrée.
Ah Michel Le Bris, cela faisait si longtemps que je n’avais pas croisé sa gueule aérienne de Breton rebelle jusqu’à la moelle des os ! L’insoumis, le Bambara des océans, mon frère marin. Ce fut un réel plaisir de le retrouver, même brièvement. Ah ! Comme j’aurais voulu lui relater ma première sortie en mer, au large de La Rochelle, en août dernier, où notre voilier s’est abîmé à plus de cinquante mètre au fond de la mer. Je lui aurais raconté un bout de tempête, de mer furieuse que pour la première fois, le Sahélien a affronté... Et la venue de l’hélicoptère et de la vedette des gardes côte pour nous sauver in extremis. Tout cela, je l’aurais raconté à mon Michel pour le convaincre que moi aussi, j’ai fait la mer, et que la mer, ce n’est pas seulement breton !
Il m’a manqué quand même. Oui, il m’a manqué la gueule magnifique de Danny Laferrière, mon frère du bout du monde, mon frère ami comme on dit chez nous. Comme j’aurais voulu le revoir au bord du Niger. Heureusement, Alain était là, cet autre frère de Pointe-Noire, avec son humour flambant ! Chaque rencontre avec lui est un vrai bonheur intellectuel, une lévitation intellectuelle. Je fus heureux de le revoir au bord du fleuve Djoliba.
Ah ! Abdourahman Waberi ! Waberi mon Waberi ! Ou était-il passé, celui-là ? Il n’avait pas le temps. Dommage ! Il était tant attendu à Bamako ! Mais Florent était, à la fois aérien et terrestre, sérieux et drôle. Bonjour Florent ! Est-ce que tu m’entends bien ? Non, la communication passe mal entre Cotonou et Bamako. Je vais rappeler plus tard. Ou c’est toi qui va me rappeler !

Cheick Hamidou Kane, ma fierté, ma plus grande fierté ! Le voir à Bamako, que les milliers de Maliens qui l’ont lu, des générations qui l’ont lu, le voient enfin ! En chair et en os, comme on dit ! Ah ! le baobab, je l’avais rencontré une première fois à Lille. Mais je voulais que des milliers de Maliens qui ont étudié son aventure le voient et partagent cette chance avec moi. Ce fut fait. Ils en furent ravis. Seydou Badian devait être à ses côtés. Quelles belles retrouvailles on aurait reçues !
Moussa et moi, nous sommes allés chez lui le voir. Hélas, il était souffrant. Le soir même, il devait prendre l’avion.

Christiane Diop. Présence Africaine. Des générations de Maliens avaient lu, au bas de la couverture des générations d’écrivains africains :"Présence africaine" ! Au point que nombre d’entre nous pensaient que c’était un poème. Oui, un poème ou une devise en deux mots. Présence Africaine ! On a pu entendre l’histoire cette illustre maison, et de la personne qui, au plus chaud des luttes d’indépendance, l’a implantée au cœur de Paris !

Et Véronique Tadjo avec qui j’ai travaillé sur "Néné et la chenille !" Cela faisait si longtemps qu’on ne s’étaient pas vus ! Juste brièvement aperçu à Göteberg, en Suède. Avec elle, j’aurais voulu poursuivre le débat sur les indépendances. Parce que j’étais d’accord avec elle qu’une nation, ce n’est pas une tribu, et qu’une identité étriquée, pour est un fléau plus méchant et destructeur plus que la peste elle-même !

Yves Pinguilly et "Sa soupe au pili-pili" ! Je fus heureux de le retrouver. On ne s’était pas revu depuis 1998 ! On va fignoler des projets ensemble, d’animation autour du livre jeunesse, autour de la lecture !
Mon frère Ibrahima Aya ! Ces idiots qui pensent que nous sommes "ennemis" ! Nous avons des divergences mais on est loin d’être des ennemis. La preuve, on s’est embrassé après nos débats tendres !
Bref ces rencontres doivent se poursuivre pour le bonheur des jeunes, pour leur ouverture d’esprit. Car, par Allah, "la littérature griottique" et la vraie littérature font deux. Car, c’est quand les hommes et les femmes de culture se rencontrent, il y a toujours la lumière pour les générations à venir.

Ousmane Diarra