"Méditerranées", anthologie proposée par Michel Le Bris et Jean-Claude Izzo

Librio, avril 1998, 96 pages

SOMMAIRE

  • Michel Le Bris, Avant-propos
  • Thierry Fabre, Le Noir et le Bleu
  • Jean-Claude Izzo, Marseille, la lumière et la mer
  • Malika Mokeddem, La mer, l’autre désert
  • Dominique Sigaud, Lettre au directeur du Festival
  • Assia Djebar Le retour du père
  • Jacques Lacarrière, A propos de la Méditerranée
  • Erri De Lucca, L’île
  • Orhan Pamuk, La mer Blanche est d’azur
  • Carlo Lucarelli, Chi va piano
  • Garnal Ghitany, L’énigme de Vimpasse Tablâoui
  • Mahmoud Darwich, Pour mémoire pour oublier
  • Mohammed Choukri, Racines et immigration
  • Amin Maalouf, Construire la Méditerranée

HISTORIQUE

Présentée comme une anthologie par Librio en partenariat avec le festival, en avril 1998, ce petit volume avait été conçu comme une sorte de « numéro zéro » d’une nouvelle formule de « Gulliver ».
L’idée d’une revue largement diffusée, à un coût défiant toute concurrence nous avait séduit. C’était aussi une histoire d’amitié entre Jean-Claude Izzo et moi : je n’avais accepté de relancer la revue qu’à la condition de la réaliser avec lui..
Le succès de cette anthologie devait nous inciter à poursuivre.


AVANT-PROPOS

La Méditerranée matrice de notre monde, zone de tous les brassages et de toutes les fractures, sans cesse déchirée, meurtrie, et toujours renaissante, hantée par la tentation du tragique, que l’on se dit, parfois, condamnée au malheur, qu’il ait nom intégrismes, fascisme, nationalismes, « où depuis des millénaires », écrit Jean Giono, « s’échangent les meurtres et l’amour ».

Mais Méditerranée, aussi, mère des cultures, dans un flamboiement créateur sans équivalent peut-être dans l’histoire, quand s’opposent et s’illuminent l’Orient et l’Occident.

Méditerranée millénaire, où le passé, jamais, ne se laisse oublier, mais où nous pressentons pourtant que se joue - pour le meilleur ou pour le pire ? - une des figures possibles de notre avenir. Et cette évidence troublante, dans les déchirements, les heurts, jusqu’au bord du gouffre -en a-t-on jamais pu faire le tour sans être arrêté par une guerre ? -, d’une identité méditerranéenne plus forte que les forces qui tendent à la détruire.

Savants, idéologues, politiques ont là-dessus bien des discours. Mais ne sont-ce pas les artistes, les écrivains, les peintres, les musiciens, par-delà les cris de guerre, les anathèmes et les slogans, qui disent le plus fortement cet avenir possible - en ceci, au moins, par l’évidence de leurs œuvres, qu’ensemble ils tissent, sauvent, recréent cet imaginaire méditerranéen qui est ,comme leur demeure ?

C’est pour cette conviction têtue que nous avons choisi de réunir, à l’occasion du Festival Étonnants Voyageurs 1998, les principaux créateurs des deux rives de la Méditerranée. Et c’est pour cela aussi que Librio a choisi de s’associer à cette entreprise en publiant ce recueil de textes, essais et nouvelles, de quelques-uns des participants à ces journées. Pour dire les visages multiples et pourtant mystérieusement accordés de la Méditerranée aujourd’hui.

Michel LE BRIS