De mère française et de père iranien, Delphine est née à Paris en 1974, où elle étudie le journalisme et les sciences sociales. En 1997, la mort soudaine de son grand-père iranien la pousse à partir explorer le pays de ses origines, cette partie invisible de son identité avec laquelle elle entend renouer. Elle s’envole pour dix jours à Téhéran. Elle y restera dix ans : une décade mouvementée, sur fond d’ouverture politique et d’assassinats d’intellectuels, de manifestations réprimées, de crise nucléaire, et d’immersion au cœur des paradoxes de la société iranienne, durant laquelle la jeune femme fait ses premières armes en tant que reporter tout en enquêtant sur son passé familial.
D’abord pigiste pour Radio France, la Radio Suisse Romande et la RTBF, où elle alterne entre reportages et documentaires, elle glisse progressivement vers l’écrit en signant des articles dans de nombreuses publications (Le Figaro, Télérama, Le Point, L’Express, le quotidien suisse Le Temps et Le Soir – Belgique-). Les bouleversements régionaux de l’après 11 Septembre 2001 la mènent en Afghanistan, puis à Bagdad, où elle couvre sans relâche les événements suivant la chute de Saddam Hussein. En 2006, elle reçoit le Prix Albert Londres pour ses reportages en Iran et en Irak, et finit par intégrer à plein temps Le Figaro en 2009 en tant que correspondante au Moyen-Orient.
De Beyrouth, son nouveau pied à terre libanais, elle n’a de cesse d’explorer cette région riche en paradoxes où les soubresauts du printemps arabe de 2011 la mènent en Tunisie, en Libye, et en Syrie. En 2012, elle finit par déménager au Caire, avant de s’installer en 2015 à Istanbul. A la façon d’un livre qui se déroule sous ses yeux, elle saute d’un chapitre à l’autre, incapable d’abandonner cette partie du monde de plus en plus occultée. De ce monde aussi redoutable qu’attachant qui l’attire comme un aimant, elle entend raconter, au-delà des gros titres de l’actualité, des histoires à hauteur d’homme où la résistance contre l’ignorance et l’endoctrinement est un combat de tous les jours. Ses ouvrages sont peuplés de ces héros anonymes qui font la richesse cachée du Moyen-Orient, à l’instar de « Je vous écris de Téhéran », « Moi, Nojoud, dix ans, divorcée », ou encore des « Passeurs de livres de Daraya », fondateurs clandestins d’une bibliothèque secrète dans une banlieue syrienne assiégée par le régime de Bachar al Assad. Ce récit du réel, publié en 2018, s’est naturellement poursuivi en images dans un documentaire qu’elle a voulu leur consacrer pour immortaliser cette expérience inédite étouffée par la guerre et condamnée à l’oubli.
Résumé du livre : Les passeurs de livres de Daraya, une bibliothèque secrète en Syrie (Seuil, 2017)
De 2012 à 2016, la banlieue rebelle de Daraya a subi un siège implacable imposé par Damas. Quatre années de descente aux enfers, rythmées par les bombardements au baril d’explosifs, les attaques au gaz chimique, la soumission par la faim. Face à la violence du régime de Bachar al-Assad, une quarantaine de jeunes révolutionnaires syriens a fait le pari insolite d’exhumer des milliers d’ouvrages ensevelis sous les ruines pour les rassembler dans une bibliothèque clandestine, calfeutrée dans un sous-sol de la ville.
Leur résistance par les livres est une allégorie : celle du refus absolu de toute forme de domination politique ou religieuse. Elle incarne cette troisième voix, entre Damas et Daech, née des manifestations pacifiques du début du soulèvement anti-Assad de 2011, que la guerre menace aujourd’hui d’étouffer. Ce récit, fruit d’une correspondance menée par Skype entre une journaliste française et ces activistes insoumis, est un hymne à la liberté individuelle, à la tolérance et au pouvoir de la littérature.
Bibliographie
- Les passeurs de livres de Daraya, une bibliothèque secrète en Syrie (Seuil, 2017)
- Je vous écris de Téhéran (Seuil, 2014)
- Tripoliwood (Grasset, 2011)
- Moi, Nojoud, 10 ans, divorcée (Michel Lafon, 2009)
- Les Pintades à Téhéran, chroniques de la vie des Iraniennes (Jacob-Duvernet, 2007)
- Jeunesse d’Iran, les voix du changement (Autrement 2001)