Le hibou et la baleine, Nicolas Bouvier

Patricia PLATTNER (Light Night production/1993/57’)

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Fervent lecteur des moines bouddhiques, passionné de photographie, avide de grands espaces, l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier est décédé le 17 février 1998. Un portrait sobre et lumineux d’un artiste amoureux des mots et de la vie.
Nicolas Bouvier scande les poèmes de Michaux, comme pour mieux en retenir la saveur. Il aime les mots comme on aime une femme. Depuis une lecture de Proust, il a jeté son dévolu sur le mot "fourbu" qu’employait l’auteur pour décrire la poitrine ballottée de Mme de Guermantes dévalant les escaliers. Les mots renvoient à une certaine forme de réalité, donnent de la consistance à ce qu’il y a de plus impalpable, comme la mort.
L’œil bridé par la lecture des moines bouddhiques, il part à la quête des grands espaces asiatiques, sillonne la Laponie, l’Est anatolien. Gorgé d’images et de sensations nouvelles, Nicolas Bouvier confie, peu avant sa mort, ses élans et ses hantises les plus intimes.
Nicolas Bouvier place le film sous les emblèmes totémiques du hibou et de la baleine, deux animaux qui se sont introduits mystérieusement dans ses rêves lors de la naissance de son premier enfant. C’est considérer le film comme un autre enfant et lui donner ainsi le prix d’un engagement personnel.
De fait, cette collaboration avec Patricia Plattner est un travail de complicité où le grand voyageur photographe confie fraternellement ses raisons d’être, raisons qui font de lui un grand écrivain.
Cette simplicité pleine d’humour donne au film le charme d’une conversation à bâtons rompus, avec un inconnu, rencontré par hasard et qui vous devient aussitôt proche et secourable. Heureusement, les livres existent et, le film achevé, il nous reste le plaisir de la lecture ou de la relecture.

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